Le malheur donne-t-il le droit d'être injuste ? ANALYSE DU SUJET {fil) Ordonner les notions À la lecture du sujet,...
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Le malheur donne-t-il le droit d'être injuste ?
ANALYSE DU SUJET
{fil) Ordonner les notions
À la lecture du sujet, trois notions du programme apparaissent
d'emblée : le bonheur, le droit, la justice.
Il faut déterminer sur
laquelle la question porte véritablement Il ne s'agit pas de déter
miner quelles sont les conséquences du malheur et ses éven
tuelles compensations.
mais plutôt de réfléchir sur les
fluctuations de nos droits selon /es aléas de notre bonheur ou,
mieux encore, de se demander si certaines circonstances peu
vent légitimer certaines formes d'injustice.
· ®' En quoi le malheur peut�il rendre injuste ?
Avant de se demander si le malheur nous donne un droit, il
faut commencer par s'interroger sur la façon dont le malheur
peut, à tort ou à raison, nous rendre injuste.
Il sera pour cela
nécessaire de s'appuyer sur des exemples précis dont on exa
minera la complexité.
a.
Je puis être malheureux parce que d'autres personnes n'ont
pas répondu à mes attentes.
Je puis alors être injuste, par
exemple, en accusant de trahison quelqu'un qui n'avait en fait
aucun engagement envers moi.
b.
Face au malheur ou à la souffrance, une des attitudes les
plus spontanées consiste souvent à chercher un respon
sable.
En cela je peux être injuste, en faisant d'autrui le bouc
émissaire de mon malheur.
c.
Si je suis dans un état de détresse économique,je peux être
tenté de ne pas· rendre à autrui ce que je lui dois, ou de le voler
au nom d'une plus juste répartition des biens.
N.
B.
:En accomplissant un tel acte, non seulement je suis injuste
mais je commets une infraction à fa foi ; on pourra évoquer cet
aspect, à condition de ne pas faire porter tout le développement sur fe rapport entre malheur et respect de la loi : fe
centre de gravité doit rester le rapport entre malheur et justice.
® En quoi cette injustice peut-effe être un droit ?
Les exemples que nous avons dégagés serviront de base à
cette interrogation ; à chaque fois, on essaiera de ne pas
simplement trouver des arguments pour répondre par
«oui» ou par «non», mais aussi de se demander ce qu'on
entend exactement par l'expression «donner le droit».
a.
Dans fe premier cas, fe malheur n'ouvre clairement aucun
droit à l'injustice, qui n'est souvent qu'une manifestation d'une
blessure narcissique mal acceptée.
b.
Dans le second cas, on pourrait dire que fa souffrance
«donne le droit» d'être injuste dans la mesure où l'on reconnaît à celui qui souffre l'impossibilité d'un discernement juste.
On ne peut valider la recherche d'un bouc émissaire mais on
lui répondra plus par la compassion que par la condamnation.
L'expression «donner le droit» indique ici qu'on ne peut exiger
la même chose de tout le monde.
c.
Le troisième cas est celui qui ouvre la discussion la plus complexe puisqu'il met en jeu l'aspect juridique du problème.« Donner le droit» prend alors son sens fort : doit-on acquitter celui
que son malheur rend injuste ?
Plan détaiUé
Introduction
«Tu ne vois donc pas qu'il est malheureux?» Cette phrase souvent entendue appelle à la clémence celui qui, par exemple, jugerait sévèrement l'injustice du malade ingrat envers ceux qui se dévouent jusqu'au sacrifice pour
le soigner.
Doit-on aller jusqu'à affirmer que le malheur donne le droit d'être injuste,
qu'il constitue une raison valable derenoncer à condamner l'injustice? Nous
nous demanderons dans un premier temps ce qui, dans le malheur, est à la
~su~ie~t~o~at~io~o~al_,,.....,...,._ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 207
Philosophie • Série
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source de l'injustice ; nous envisagerons alors les aspects moraux et juridiques d'une revendication du droit à l'injustice, avant de nous interroger
sur l'exigence qui s'adresse en retour à toute société: le malheur n'est-il pas
avant tout ce qui rend difficile le maintien de la justice ?
I.
Le malheur est source d'injustice ...
La solitude du malheureux
Le malheur, qu'il soit matériel ou moral, isole la personne qu'il frappe.
Dans la Bible, le Livre de Job montre comment le juste frappé par le malheur s'écrie spontanément « pourquoi moi ? ».
Alors que la justice se définit
en partie par l'égalité de tous, le malheureux se sent coupé des autres, isolé
dans un statut à part.
La souffrance le rend aveugle à la réalité des autres.
La colère
Le malheur débouche alors sur la recherche d'un responsable, d'un « bouc
émissaire».
Alors que la justice recherche la justification des décisions et les
proportions légitimes, celui qui souffre désigne le bouc émissaire de façon
arbitraire et cherche à infliger un malheur sans proportion avec celui dont
il souffre.
(1)
L'injustice appelle....
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