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Le Héros De Roman Doit Il Nécessairement Être Un Personnage Capable De Réaliser Des Exploits Extraordinaires ?

Publié le 01/03/2014

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Le Héros De Roman Doit Il Nécessairement Être Un Personnage Capable De Réaliser Des Exploits Extraordinaires ? PLAN : I. Le héros fait l'histoire A. Héroïsme et prudence B. La création de valeurs nouvelles C. L'incarnation de l'Esprit Transition Si la marche de l'Esprit est nécessaire, ce n'est pas le héros qui réellement fait l'histoire. mais c'est l'histoire qui le fait. Cela ne remet-il pas en question son utilité ? Il. La mise en question de l'héroïsme A. Le héros comme épiphénomène B. Relativité du héros C. L'antihéros Transition S'il n'y de héros que celui que l'on proclame tel, la figure du héros risque d'être banalisée. Dès lors à quoi bon des héros ? III. Les fonctions de l'image du héros A. L'emblème d'un peuple B. Le héros attise l'imaginaire humain Conclusion Le danger de la banalisation de l'héroïsme. INTRODUCTION Les historiens, tâchant de penser rationnellement le cours de l'histoire et de donner un sens au flux chaotique des faits, isolent un certains nombre d'événements et de personnalités dont ils font la trame de leur récit. Parmi ces personnages, un petit nombre accède au rang de héros de l'histoire. La singularité du héros en fait un élément indispensable du devenir historique, en ce qu'il est présenté comme celui qui fait dévier le cours de l'histoire et l'oriente vers quelque chose de meilleur. Les dictateurs et les tyrans, pour marquants qu'ils aient pu être, ne peuvent ainsi accéder au rang de héros. L'utilité du héros, duquel semble dépendre le progrès du droit et de la morale, semble ainsi établie Cependant, la concentration des regards sur une personnalité privilégiée peut parfois occulter le rôle d'individus « secondaires «, dont l'action silencieuse et sous-jacente peut finir par briser l'ordre des choses établies. Si le nom d'un seul homme reste dans les mémoires, peut-on cependant encore soutenir que lui seul infléchit le cours de l'histoire ? A quoi sert-il d'idolâtrer quelques « grands hommes « si en dernière instance ils ne sont que les acteurs minimes des bouleversements historiques ? Une telle question exige que l'on s'interroge sur les raisons qui font accéder un individu au rang de héros, afin que soit examiné le bien-fondé du culte qui leur est rendu. La question posée, dont le ton désabusé est celui de la déception, semble en effet provenir du constat de l'inutilité des héros. Ne procède-t-elle pas du désenchantement produit par la banalité de l'héroïsme, puisqu'aujourd'hui le héros est aussi bien le personnage médiocre d'un livre qu'un champion de tennis ou qu'un pompier amateur ? C'est ce culte de l'héroïsme qu'il conviendra en dernier ressort d'interroger. Ne résulte-t-il pas d'un véritable besoin, qui permet d'expliquer, sinon de légitimer, notre soif d'héroïsme ? Le héros est au premier chef un homme qui a effectué une grande oeuvre, aux effets bénéfiques ou primordiaux pour le reste de ses concitoyens. Il est l'homme d'action par excellence, son domaine est d'abord celui de la politique, et il est capable d'infléchir le cours de l'histoire. Le héros se distingue en ce sens du génie, dont le domaine de prédilection est la théorie ou l'art, et du saint, qui appartient plus proprement à la sphère morale. Il reste que le héros n'est pas sans posséder certaines des qualités du génie et du saint, puisqu'il doit être inventif et agir dans le sens du bien. Le héros est en effet un être doté de qualités exceptionnelles, qui le soustraient au commun des morte...

« Si dans les épopées et les tragédies anciennes, les héros sont des figures exceptionnelles de bravoure (l'Iliade et l'Odyssée regorgent de ces héros), les héros des oeuvres de l'époquemoderne ont de moins en moins de qualités héroïques.

Madame Bovary, qui est somme toute une femme ordinaire, n'est une héroïne que parce que Flaubert, en en faisant lepersonnage principal du roman, lui donne une épaisseur.

La notion d'antihéros a d 'ailleurs été introduite pour souligner que le héros d'un livre n'a plus rien d'héroïque au sens traditionneldu terme, et peut être un personnage trivial, immoral ou amoral.

C'est pour ces raisons que le sport par exemple a aujourd'hui lui aussi ses héros, et qu'on élève au rang de héros desinconnus qui, pour avoir sauvé une vie où accompli un exploit, se retrouvent déifiés par les médias et la population.

En ce sens, tout le monde est un héros potentiel. Mais une telle universalisation de l'héroïsme tend à désagréger la notion même de héros.

Accomplissent-ils véritablement quelque chose de grand, ces hommes et ces femmes qui unjour battent un record ou se conduisent avec à propos dans une situation difficile ? À quoi bon des héros si ceux-ci ne sont en définitive que des gens ordinaires, qui ne bouleversent pasle cours de l'histoire et qui sont appeléF, à être oubliés le lendemain même de leur acte « héroïque » Ce qu'un tel constat amène à se demander, c'est si l'utilité des héros tient réellement à l'action qu'ils accomplissent ou si la reconnaissance de l'héroïsme ne correspond pas à unvéritable besoin.

La prise de conscience de la relativité du héros ne signe pas nécessairement son inutilité.

Le culte des héros en effet, parce qu'il souligne le côté exceptionnel du grandhomme, est une manière d'en faire un demi-dieu, ce qui éloigne le genre humain de l'animalité et le fait basculer du côté de la divinité.

C'est donc une manière pour l'homme d'affirmerson prestige et d'asseoir la grandeur de sa condition.

Plus encore, le culte du héros permet au peuple de se forger une identité, et de se rassembler autour de la figure du grand homme.Il est donc un instrument de communion et signe l'appartenance des hommes qui l'idolâtrent à une même nation.

C'est ainsi que l'émotion que suscite la mort d'un grand homme ne vientpeut-être pas tant du sentiment de perte d'un être exceptionnel, que de l'accord de tout un peuple et de l'esprit de communion que cette mort fait surgir.

Le héros est ainsi le symbole del'unité d'un peuple.

La mise en avant de l'action des héros a en outre pour résultat de rappeler au peuple qu'il est toujours possible de refuser un état de fait et de travailler à la liberté.

Lafigure du général De Gaulle est à ce titre le symbole du refus de la soumission et de la capitulation.

La figure du héros peut ainsi inciter les individus à revendiquer leur liberté lorsquecelle-ci est mise en péril, et peut peut-être servir de modèle dans l'urgence de l'action.

C'est donc moins le héros comme tel qui se révèle utile que la représentation qu'on s'en fait.La figure exceptionnelle du héros rend problématique l'imitation qu'on peut en faire.

Sa singularité le rend en effet tout à fait extra-ordinaire et interdit souvent qu'on en devienne l'égal.Mais c'est précisément ce côté hors du Commun que les hommes aiment à célébrer.

Le héros fait en effet rêver et attise l'imaginaire humain.

Peu importe en ce sens que le héros soit unpersonnage réel ou fictif.

Son côté exceptionnel nous arrache à la monotonie et au quotidien, ce que montre bien la tendance actuelle à rendre héroïques les êtres les plus ordinaires.

Entransformant une action insignifiante ou une conduite admirable en geste héroïque, nous manifestons notre désir « qu'il se passe quelque chose ». C'est donc l'ennui que le héros vient rompre, mettent ainsi du piquant dans le quotidien. CONCLUSION L'utilité ou l'inutilité des héros semble bien tourner autour de la question de savoir s'ils sont les véritables moteurs de l'histoire et surtout s'ils imposent durablement leur marque.

Sil'histoire n'a pas de sens, n'est pas orientée, si elle est l'indéfinie répétition du même, la question du rôle des héros prend en effet tout son sens.

À quoi bon un Jean Moulin ou un DeGaulle si le fascisme renaît pour un jour triompher ? La question du rôle des « grands hommes » dans l'histoire peut aussi se poser, au regard des déterminations sous-jacentes quiorientent l'histoire et ne font plus du héros qu'un épiphénomène.

À quoi bon se forger des héros si en dernière instance, ce ne sont pas eux qui font l'histoire ? Il apparaît que l'importancedu héros ne réside pas seulement dans son pouvoir de bouleverser le monde mais aussi en ce qu'il permet de fournir aux individus un idéal moral qui leur donne la possibilité des'arracher à la finitude d'une vie trop rangée.

Si le héros n'existe que par ce qu'on en dit, le risque est évidemment grand de voir accéder au rang de « grand homme » les êtres les plusbanals.

Même si cela manifeste le besoin qu'a l'homme d'accéder à une part de rêve, on peut pourtant y voir le symptôme d'une perte des véritables valeurs au profit cette fois de lacélébration de la médiocrité.

Il faut donc veiller à ne pas étendre trop les critères de l'héroïsme, de peur que l'image du héros en pâtisse, et que la notion elle-même n'ait plus aucuneconsistance.

Car devant la vacuité d'un tel héroïsme, la question « à quoi bon des héros » prendrait alors tout son sens.. »

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