Le contexte du surréalisme Moins qu'aucun autre mouvement littéraire sans doute, le surréa­ lisme est dissociable de son contexte historique...

« Le contexte du surréalisme Moins qu'aucun autre mouvement littéraire sans doute, le surréa­ lisme est dissociable de son contexte historique et politique.

Les artistes apparaissent meurtris par la Première Guerre mondiale, ébranlés par les secousses révolutionnaires russes et leurs consé­ quences en Europe occidentale.

Leurs conceptions de la société et leurs conditions d'existence se modifient.

Un nouvel art, le cinéma, vient de faire son apparition et les influence.

De plus en plus, les cloi­ sonnements entre les divers domaines artistiques tombent. L'EFFROI DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE Le bilan de la Première Guerre mondiale est lourd pour la France : des villes, des villages sont détruits, la population active d'hommes jeunes est décimée, la France est ruinée.

La guerre a laissé toute une génération de jeunes gens horrifiés, découragés ou révoltés. La boue dans les tranchées, la vermine, le froid, la peur, les ampu­ tations, la mort des proches, la lâcheté à l'arrière chez les embus­ qués ont enlevé tout optimisme juvénile et toute légèreté aux enga­ gés de cette guerre.

Ainsi André Breton, médecin auxiliaire, est chargé en 1916 d'établir des rapports médico-légaux sur les soldats évacués du front pour troubles mentaux afin de détecter les simula­ teurs.

Au bout de quelques mois, il préfère demander son affectation comme brancardier sur le front.

Après cette expérience terrible, la génération de 1920 se sent entraînée vers la révolution politique et la subversion artistique. LES ESPOIRS RÉVOLUTIONNAIRES À la suite de cette guerre traumatique, la révolution russe et la théorie communiste peuvent d'autant plus apparaître comme un espoir que les relais sont nombreux dans l'Europe occidentale et que le communisme semble une barrière efficace contre la montée des fascismes.

Mais, rapidement le régime stalinien donne des signes d'intransigeance, d'intolérance, voire de dictature. 1La révolution d'Octobre La révolution d'Octobre (1917) renverse le tsar de Russie et amène à sa tête un nouveau régime, dirigé par Lénine, fondé sur les doctrines marxistes.

Ce régime met en place des soviets, assemblées intervenant à tous les échelons de décision, et une économie planifiée.

L'idée est d'abolir les classes sociales et les privilèges.

Partout dans le monde, des militants communistes s'organisent et tentent d'imposer le système soviétique. 1La naissance du parti communiste Dans un pays bouleversé par les difficultés économiques, les prémices d'une révolution prolétarienne luisent comme un espoir. Encadrés par les syndicats de gauche, les ouvriers se mobilisent.

Le congrès du parti socialiste (SFIO) en décembre 1920 à Tours signe la naissance du parti communiste.

Une partie des délégués gagnés au bolchevisme quitte la SFIO et fonde le Parti communiste français (PCF) qui adhère à la Ille Internationale.

Des cellules militantes organisent l'encadrement de la jeunesse et celui de la classe ouvrière par un syndicat allié au PCF, la Confédération générale du travail (CG1). 1Méfiance et réticences Les écrivains et notamment les écrivains surréalistes se rallient avec enthousiasme au Parti communiste.

Mais les voyages organisés en URSS font déchanter certains visiteurs qui témoignent que le régime stalinien est totalitaire, que la propagande se fait aux dépens de la création artistique, que toute liberté est supprimée, que les LE SURRÉALISME 89 opposants sont condamnés dans des procès truqués.

LouisFerdinand Céline dans Mea Culpa (1936) et surtout André Gide dans Retour d'URSS (1937) clament leur indignation.

Albert Camus quitte le PCF en 1937 après deux années d'adhésion.

En revanche, Louis Aragon, engagé depuis 1927 au PCF, ne démord pas de ses convictions et préfère s'éloigner du mouvement surréaliste plutôt que de sa famille communiste. LES ARTS La place de l'artiste évolue lentement.

Il paraît plus impliqué dans les rouages économiques de la société.

Pourtant il continue à former une communauté marginale.

La nouveauté est sans doute la très grande solidarité entre les artistes qui accueillent avec enthousiasme le «septième art», le cinéma. 1La situation économique des artistes Vivre de sa plume Au x1xe siècle, les écrivains ont appris que leur œuvre dépendait du marché et était soumise à la loi de l'offre et de la demande comme un bien matériel.

Au xxe siècle, les écrivains semblent perdre leurs complexes face à cette situation.

Ils ont souvent un second métier :.... »