LE COMPORTEMENT SOCIAL
Publié le 03/02/2019
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Normes et conventions
Les «règlements», les «normes», les «conventions» sont des motifs de répétitions et d’uniformisation des comportements sociaux qui possèdent un caractère « obligatoire ».
Une norme est une «convention», lorsque sa validité est garantie extérieurement par la possibilité que, si l’on s’en écarte à l’intérieur d’un groupe social déterminé, on s’expose à une réprobation générale. La norme devient «règlement» ou « loi » lorsque sa validité est garantie extérieurement par la possibilité d’une contrainte (physique ou psychique), confiée à une instance spécialement instituée à cet effet (les tribunaux, la police, etc.), qui force au respect de l’ordre et châtie les contrevenants.
Une «convention» est une «coutume» garantie par la réprobation de tout écart. Le fait que l’instance spéciale chargée d’exercer la contrainte y fasse défaut n’empêche pas que l’observation de la convention -par exemple s’habiller d’une façon qui passe pour décente-soit « exigée » de façon absolument sérieuse et ne soit nullement laissée à la discrétion des individus. Les membres d’une classe sociale sanctionnent souvent le manquement à une convention avec plus de dureté que ne le ferait une quelconque contrainte juridique, du fait des conséquences extrêmement efficaces et sensibles qu’entraînent le « boycott social ».
Les règlements garantis « extérieurement » peuvent l’être aussi «intérieurement», par la reconnaissance d’une légitimité. Lorsqu’un employé apparaît quotidiennement à heure fixe à son bureau, il ne le fait pas uniquement par habitude, pour ses propres intérêts ou encore parce qu’il redoute une sanction ; il le fait surtout parce qu’il respecte la «validité» des règles de service qui, s’il les violait, non seulement lui causeraient certains préjudices, mais lui inspireraient aussi un «remords» pour ne pas avoir accompli son devoir.
Les normes que l’on respecte uniquement pour des motifs rationnels (parce qu’elles servent nos intérêts) sont en général beaucoup plus instables que celles que l’on suit simplement en vertu de la coutume. Ces dernières, néanmoins, sont incomparablement moins stables que celles qui s’affirment grâce à l’obligation morale, née de la reconnaissance d’une légitimité.
La légitimité d’une norme ou d’une convention peut être garantie :
-de façon «traditionnelle», en vertu de la validité de « ce qui a résisté à l’épreuve du temps » ;
-de façon religieuse ou magico-religieuse, par la crainte du « péché » ou de la « malédiction » attachés à sa transgression ;
-par la foi en sa validité absolue, en tant qu’expression de valeurs ultimes (d’ordre éthique, esthétique, politique);
-de façon contractuelle, par un accord dûment établit entre partenaires liés par des obligations mutuelles;
-de façon rationnelle, par l’anticipation de certaines conséquences spécifiques attachées au respect ou à la transgression de la norme.
De nombreuses régularités dans le déroulement de l’activité sociale ne reposent aucunement sur une norme, une convention ou un simple usage. Ces régularités se produisent lorsque l’activité sociale requiert, de la part des agents, une orientation rationnelle de leur conduite. Il en est ainsi de la régularité dans la formation des prix sur un marché libre: les personnes qui entrent dans un marché orientent leur comportement d’après leurs propres intérêts économiques et les anticipations qu’ils font du comportements des autres agents. Et tant qu’ils agissent ainsi, il se produit des uniformités, des régularités et des continuités.
Salutations entre deux Japonaises. Les habitudes de salut vont de l’échange bref, typique des pays occidentaux, aux rituels longs et élaborés de certaines sociétés asiatiques ou africaines. Leur but est de permettre l'instauration d'un rapport social et de satisfaire le besoin de chaque participant d’étre symboliquement «caressé».
▼ Les normes sociales varient considérablement selon l’époque, la religion et la culture. Dans certaines communautés africaines par exemple, la polygamie est acceptée car il est considéré comme normal pour d’avoir plusieurs épouses.
Les sciences du comportement social
Des sciences sociales aux sciences humaines et jusqu’aux sciences de la vie, six disciplines ont pour objet, sinon spécifique du moins générique, l’étude du comportement de l’homme en société.
La sociologie, l’histoire et l’ethnologie forment le groupe des sciences dites « sociales ». Leur champ d’étude couvre tous les domaines de l’expérience humaine. Les notions de temps et d’espace ne permettent plus aujourd’hui de distinguer ces disciplines; l’histoire poussant ses antennes jusque dans l’époque contemporaine, la sociologie s’affirmant de plus en plus comme une discipline historique et l’ethnologie ne se limitant plus, depuis longtemps, à l’étude des peuples « exotiques ».
La psychologie sociale - sous-secteur des sciences «humaines» - étudie les «dynamiques de groupe», c’est-à-dire l’ensemble des traits comportementaux qui émergent d’un collectif et ne sont pas décelables chez les individus pris isolément. Ses sujets de prédilection sont la formation des opinions collectives et la construction des hiérarchies sociales.
Les sciences de la vie, quant à elles, sont représentées par l’«éthologie humaine» et la «socio-biologie ». La première s’intéresse aux invariants comportementaux chez l’homme - en particulier aux formes de relations sociales universellement répandues; la seconde, partant de l’idée que certains comportements sociaux ont une base génétique, cherche à isoler, chez tel ou tel d’entre eux, le principe d'un avantage sélectif.
«
Le
comportement social
mobilité telle que la combinaison de leur action
permet aux individus de produire toute une
gamme de à vocation expressive.
Chez l'homme, ces possibilités sont à ce point
développées qu'elles permettent d'exprimer les
diverses intensités de la colère, de la peur, de
l'attention et de toutes sortes d'affects.
Le soulève
ment des sourcils, le sourire et le hochement de
tête appartiennent à l'espèce tout entière.
Mais les
significations qui y sont attachées dépendent de
conventions qui peuvent varier selon les peuples
et les cultures.
Ainsi, le spectateur occidental d'un
film japonais perçoit-il rarement le mélange de
colère et de tension qu'exprime, chez un person
nage, la mimique que nous appelons «sourire».
Outre les mimiques et les gestes qui relèvent
directement de la communication non verbale,
chaque culture exploite le registre de ses signaux
non verbaux sous la forme de séquences d'actes
stéréotypés intervenant à l'occasion de ren
contres, d'échanges ou dans le cadre d'activités
rituelles (religieuses, protocolaires, etc.).
Ainsi en
est-il du salut, des congratulations, des marques
de respect, de la signification d'un accord, etc.
Ici
aussi, pour une même fonction, les actes peuvent
recouvrir des formes très différentes d'une culture
à une autre.
En France, par exemple, il est fré
quent de s'embrasser lors de rencontres amicales.
Cette pratique à toutes les chances de déconcer
ter, voire de choquer, par exemple un Texan.
Les déterminants
du comportement social
Un comportement social peut être déterminé
rationnellement sur la base d'anticipations por
tant sur des états de choses ou des comporte
ments; il peut être déterminé par rapport à un
ensemble de valeurs (morales, esthétiques, poli
tiques); il peut se fonder sur des émotions, des
sentiments ou des affects; enfin, il peut relever
d'une coutume ou d'une tradition invétérées.
L'acte traditionnel ou coutumier, du fait qu'il
n'est pas significativement orienté vers autrui, se
situe au pôle inférieur des comportements
sociaux.
Il n'exprime le plus souvent, en effet,
que la plate volonté de se conformer au fait que
«on a toujours agit ainsi» ou que «c'est ce que
recommande la coutume en pareille circonstan- !
Aucun doute
A possible
sur l'émotion exprimée
par ce bébé!
Ses pleurs sont
sûrement des larmes
de colère.
La crispation
du visage, les yeux
clos et le poing
serrésont des gestes
instinctifs de colère.
ce».
S'il ne revenait pas à placer le respect de la
tradition au rang de valeur sociale et si, par
conséquent, il n'aspirait pas à une certaine légiti
mité, ce type de comportement se confondrait
avec nombres d'activités quotidiennes et répéti
tives dépourvues de signification sociale.
Les comportements affectifs se situent égale
ment à la limite des comportements sociaux.
Ils
demeurent en deçà de cette limite lorsqu'ils ne
consistent qu'en réactions incontrôlées et irra
tionnelles à des situations ou des excitations inscr
lites.
Ils se placent au-delà de cette limite lorsque,
pour satisfaire un sentiment ou rechercher une
émotion, l'agent est conduit à effectuer des
actions logiques, ou encore lorsque l'émotion ou
la passion sont mises au service d'une conduite
rationnelle (c'est le cas de la passion déployée
par tout leader charismatique); passion qui ne
peut être feinte sous peine de ne pas être cré
dible, mais qui, en même temps, représente un
puissant moyen d'influencer autrui.
C'est le cas
aussi de cette forme très répandue de comporte
ment social que l'on appelle «chantage affectif».
Les comportements orientées par les valeurs
sont, avec les comportements rationnellement
déterminés, les types de comportement sociaux
les plus purs, puisqu'ils sont délibérément orien
tés vers autrui et qu'ils procèdent de décisions
réfléchies.
Celui qui agit au nom d'une cause,
qu'elle soit d'ordre moral, politique ou esthé
tique, le fait généralement sans tenir compte des
conséquences prévisibles de ses actes, au service
qu'il est de ses seules convictions, ainsi que du
devoir, de la dignité, de la foi ou de la grandeur
qui s'y rattachent.
Celui qui oriente son compor
tement de façon rationnelle le fait d'après les
moyens dont il peut disposer, les fins qu'il pour
suit et les conséquences subsidiaires de son acte, !
Enfants des îles Matawi, en Indonésie.
A Le
besoin de contacts physiques rapprochés
est appelé besoin d'affiliation.
Bien que ressemblant à la pulsion sexuelle,
il en diffère cependant et on l'observe
plus souvent chez les enfants
qui sont moins inhibés que les adultes.
et après avoir confronté ces divers éléments entre
eux, ainsi que leurs alternatives.
Il arrive assez rarement qu'un comportement
social s'oriente uniquement d'après l'une ou
l'autre de ces deux déterminations.
Le plus sou
vent, elles se combinent en lui.
Ainsi, un compor
tement orienté par les valeurs peut admettre une
certaine dose de calcul ou de prise en compte
des conséquences; c'est le cas de l'action poli
tique modérée qui fait la balance entre «morale
de la conviction» et «morale de la responsabili
té».
De même, il arrive que face à deux solutions
également rationnelles le choix d'un compor,
tement se fasse sur la base d'un rapport aux
valeur s; c'est le cas, par exemple, du mathémati
cien qui, entre deux démonstrations d'un même
théorème, préférera la plus élégante.
Régularités et coutumes
Dans la masse des comportements sociaux, on
observe des formes de régularités et d'uniformités
qui se distinguent entre elles par leur caractère
plus ou moins lâche et impératif.
Une première
forme de régularité est représentée par !'«usage»,
qui est l'adoption routinière d'une pratique par un
groupe d'individus.
La.
»
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