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LE CIEL S'il est un terme qui prête à confusion c'est bien celui du Ciel par lequel on traduit l'idéogramme...

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« LE CIEL S'il est un terme qui prête à confusion c'est bien celui du Ciel par lequel on traduit l'idéogramme chi­ nois ;Ji..__ TIAN, dont l'étymologie graphique et séman­ tique serait double. En un premier temps ( ?) : ce qui est au-dessus de l'homme adulte (grand) A homme... homme adulte, grand... ce qui est au-dessus de l'homme adulte. Par dérivation : l'un-grand ou la grande unité un ...

grand... l 'Un-grand Ou bien donc la voûte étoilée, « partie haute» de l'ensemble «Ciel-Terre» où l'Homme émerge levant la tête vers le «haut», ou bien cette grande unité à la fois transcendante et immanente. Il semble bien que même s'il y a eu probablement à l'origine (et par la suite même) quelque flottement quant à la nature même du«Ciel» - à tel point qu'il se potmait bien que Mozi ait frôlé peut-être l'idée du Dieu transcendant et providentiel très vite, trèf tôt et assez constamment les Chinois ont opté pour l',dée du Ciel comme principe d'ordre immanent et univer­ sel, et nullement principe transcendant ou Dieu au sens monothéiste d'Etre personnel, créateur, législa­ teur et sauveur. Il n'empêche que ce Ciel, sans qualités morales donc, .en tant que principe d'ordre immanent et uni­ versel est en quelque sorte pourtant le garant de l'ordre humain qui, lui, ne peut exister et perdurer que s'il établit, à l'image du yin-yang qui est la voie (dao) du Ciel, la voie (dao) de l'Homme qui est le ren-yi (humanité-justice). D'une certaine façon, nature et morale sont «statis­ tiquement», dialectiquement, naturellement en rapport profond, les aberrations n'étant qu'occasionnelles, ponctuelles et de toute façon provisoires.

Cela ne signi­ fie nullement que l'histoire est en progrès, mais qu'il y a toujours lieu d'être actif, optimiste et d'aider le Ciel en s'aidant. En d'autres termes, l� Ciel n'est pas Dieu au sens monothéiste mais la nature même en son immanence, son ordre et son dynamisme yin-yang, et l'homme, comme tout être et toute chose, ressortit à cette imma­ nence, à cet ordre et à ce dynamisme, mais selon le dao qui lui est propre: l'éthique, diront les confucéens, la «spontanéité» à retrouver, diront les taoïstes, qui rejoignent ainsi l'amoralisme d'un Ciel qui ne fait acception de personne.

Car, pour le Ciel, la pluie est aussi nécessaire que le beau temps, d'autant plus que dans la pluie point déjà le beau temps, comme dans le beau temps point déjà la pluie. Il n'empêche que l'homme qui se sait, quoi qu'il fasse,-mortel, et qui se sait engendré dans la continuité des générations, introduit, selon les confucéens, l'ordre moral à l'image de l'ordre cosmique.

Mais nous y reviendrons. Certes, à l'époque de la dynastie Shang (env.

XIe s. av.

J.-C.), il existait une sorte de divinité supérieure, le « Seigneur d'En-Haut» (shangdi), protecteur des villes et des armées, dispensateur, selon les saisons, de ces «biens célestes» que sont la pluie, la chaleur sèche, le vent.« Seigneur d'En-Haut» dont le souverain terrestre était comme le délégué plénipotentiaire, «divinisé» d'ailleurs après sa mort comme Ancêtre protecteur. Quoi qu'il en soit de ces possibles personnalisations du Notions de base / 255 , début, le Ciel impersonnel s'est substitué au Souverain d'En-Haut et l'empereur est devenu Fils du Ciel (tianzi), ayant à accomplir, en tant que mandataire, le mandat.

d'un Ciel impersonnel (tianming).

II convient donc de bien insister sur le fait que le Ciel étant conçu comme impersonnel, comme ordre universel immanent, n'a jamais qualité de mandant personnel, qualité qu'il a obligatoirement dans le cadre des religions monothéistes où les rapports Dieu-hommes sont personnalisés. Il n'est donc pas du tout étonnant que lorsque, au XVIIe s., Jésuites et lettrés confucéens dialoguèrent à la cour de Pékin, il y eut conflit quasi inévitable.

En effet, pour les missionnaires-théologiens il s'agissait de « purifier» la notion de Shangdi (Seigneur d'EnHaut) pour qu'elle devienne la traduction possible en chinois du Dieu personnel de la Révélation chrétienne, tandis qu'il s'agissait pour les lettrés confucéens de repousser avec une sainte horreur cette volonté de personnalisation et de s'en tenir au Tian, ordre universel immanent.

Je ne peux que passer sur tous les détails de cette controverse qui touchait aussi au sens des rites et cérémonies chinoises (pour les uns, et Rome, idolâtrie, pour d'autres - les plus ouverts mais non nécessairement les plus avertis de l'irréductibilité des positions - simples traditions respectables). Signalons au lecteur intéressé que les catholiques chinois pour désigner le Dieu de la Révélation ont forgé l'expression Tianzhu, Maître du Ciel, tandis que les protestants ont préféré recourir à une désignation ancienne Shangdi (Seigneur d'En-Haut) non dépourvue d'ambiguïté du fait de son emploi courant pour désigner une divinité taoïste, le Souverain de Jade. Conclusion On.... »

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