« LE BONHEUR EST UN IDÉAL, NON DE LA RAISON, MAIS DE L'IMAGINAT/ON, FONDÉ UNIQUEMENT SUR DES PRINCIPES EMPIRIQUES. »...
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«
« LE BONHEUR EST UN IDÉAL,
NON DE LA RAISON, MAIS DE
L'IMAGINAT/ON, FONDÉ UNIQUEMENT
SUR DES PRINCIPES EMPIRIQUES.
»
Kant
Le
philosophe allemand Emmanuel Kant (1724-1804) a déjà
rédigé son premier grand livre de métaphysique (ou plus
exactement de critique de la métaphysique), Critique de ln
raison pure (1781), lorsqu'il entreprend une première approche de la morale avec les Fondements de la métaphysique
des mœurs (1785) qui précéderont de trois ans son grand
ouvrage sur la morale : Critique de la raison pratique ( 1788).
On connaît le résultat de cette critique de la métaphysique : sur les questions de l'âme (le sujet profond de
notre expérience interne), du monde (le tout complet de la
réalité, objet de notre expérience externe), et de Dieu
(considéré comme fondement .suprême de la totalité des
êtres), nous ne pouvons que nous livrer à des spéculations
métaphysiques qui dépassent les limites de l'expérience
effective possible.
Un savoir métaphysique transcendant,
portant sur la réalité non sensible (les noumènes), est
impossible.
Voilà ce que révèle la démarche critique, qui
s'interroge sur les conditions a priori de possibilité de la
connaissance.
Une fois ce travail accompli, Kant cherche à
appliquer cette même méthode critique à la morale, en
s'interrogeant cette fois sur les conditions de possibilité de
l'action morale.
408 • La dissertation de philosophie
C'est cette investigation qui fait le contenu des Fondements de la métaphysique des mœurs.
Et, passant en revue
les thèmes traditionnels de la philosophie morale, Kant ne
manque pas de rencontrer la question du bonheur et, dans la
deuxième section de cet ouvrage (« Passage de la philosophie morale populaire à la métaphysique des mœurs » ), de
mettre fortement en question cette notion en la rattachant
non à la raison, mais seulement à l'imagination:
« Il n'y a pas à cet égard d'impératif qui puisse
commande,; au sens strict du mot, de faire ce qui rend
heureux, parce que le bonheur est un idéal, non.
de la
raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des
principes empiriques, dont on attendrait vainement qu'ils
puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte la totalité d'une série de conséquences en réalité
infinie.
»
« Un impératif qui puisse commander...
» Ceci ne prend
pleinement sens qu'à l'intérieur du système de Kant.
On sait
que pour lui, dans la nature, toute chose agit d'après des lois.
Mais notre monde humain n'est pas seulement celui de la
nature, il est bien plus spécifiquement celui de la culture.
Les hommes ne sont pas des choses, mais des êtres
raisonnables, qui n'agissent pas tellement sous la pression
des contraintes de la nature mais bien plutôt selon leur
volonté.
Autrement dit, dans leurs actions, les hommes ont
la capacité d'agir selon des principes, selon la représentation
qu'ils se font de ce qui est raisonnable.
Eux aussi (comme
les choses de la nature) obéissent à des lois, mais en tant
qu 'êtres de culture ils obéissent consciemment à des lois
qu'ils se sont données eux-mêmes et qui sont conformes à la
raison.
Le malheur de l'homme- tient à ce qu'il n'est pas
entièrement un être raisonnable, qu'il n'est pas totalement
J
déterminé dans ses actions par la représentation objective du
bien.
Entre la loi et lui (c'est-à-dire son vouloir) doit
s'interposer le devoir qui s'exprime par des impératifs.
Mais Kant opère la distinction entre des impératifs
hypothétiques et des impératifs catégoriques.
A chaque fois,
il s'agit de l'homme conçu comme un sujet capable d'être
déterminé pratiquement par la raison, et se posant la
question de savoir si l'action qu'il va entreprendre est bonne
ou non.
Ou bien cette action est bonne comme un moyen
obligé pour obtenir quelque chose d'autre, et l'impératif (qui
est la fomiule par laquelle est.déterminée l'action) est un
impératif hypothétique.
Exemple: si tu veux la santé, alors
fais du sport.
Ou bien l'.adion qui doit être accomplie est
bonne « en soi », elle est nécessaire par elle-même, elle est
sans rapport avec un autre but, et l'impératif qui la
comman,de est un impératif catégorique.
Le détour par cette grille conceptuelle, propre à Kant, est
nécessaire pour comprendre ce qu'il en est du bonheur dans
son système philosophique.
Il faut savoir aussi que Kant
distingue, parmi les impératifs hypothétiques, ceux qu'il
appelle problématiques (se rapportant à une fin seulement
possible) et ceux qu'il appelle assertoriques (se rapportantà
une fin réelle).
En effet, dit-il :
« Il y a une fin que l'on peut supposer réelle chez tous les
êtres raisonnables, [:..] un but qui n'est pas pour eux une
simple possibilité, mais dont on peut certainement admettre que tous se le proposent effectivement en vertu
d'une nécessité naturelle, et ce but est le bonheur.
L'impératif hypothétique qui représente la nécessité
pratique de l'action comme moyen d'arriver au bonheur
est ASSERTORIQUE, »
L'impératif qui commande les actions à accomplir pour
atteindre le bonheur n'est pas un impératif catégorique, mais
seulement un impératif hypothétique :
« L'impératif qui se rapporte....
»
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