Le bal à la Vaubyessard Emma Bovary s'ennuie. Par bonheur, le marquis d'Andervilliers, patient de son mari Charles, a invité...
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Le bal à la Vaubyessard
Emma Bovary s'ennuie.
Par bonheur, le marquis d'Andervilliers, patient de
son mari Charles, a invité le couple au bal qu'il donne dans son château.
Quand la contredanse fut finie, le parquet resta libre pour les
groupes d'hommes causant debout et les domestiques en livrée qui
apportaient de grands plateaux.
Sur la ligne des femmes assises, les
éventails peints s'agitaient, les bouquets cachaient à demi le sourire
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des visages, et les flacons à bouchon d'or tournaient dans des
mains entr'ouvertes dont les gants blancs marquaient la forme des
ongles et serraient la chair au poignet.
Les garnitures de dentelles,
les broches de diamants, les bracelets à médaillon frissonnaient
aux corsages, scintillaient aux poitrines, bruissaient sur les bras
10 nus.
Les chevelures, bien collées sur les fronts et tordues à la nuque,
avaient, en couronnes, en grappes ou en rameaux, des myosotis,
du jasmin, des fleurs de grenadier, des épis ou des bleuets.
Pacifiques à leurs places, des mères à figure renfrognée portaient des
turbans rouges.
In Madame Bovary I ,8.
------QUESTIONS-----1 - Le regard porté ici sur la salle de bal est-il masculin ou féminin? Justifiez votre réponse.
Le regard porté sur la salle de bal paraît plutôt féminin que masculin.
En effet, bien que l'attention se dirige essentiellement sur des
femmes, ce sont les "accessoires" de leur parure qui font l'objet de la
description.
Ainsi voyons-nous les "éventails", "les bouquets", les "dentelles", les "broches", les "bracelets".
De la même façon, la description
des coiffures ("bien collées sur les fronts et tordues à la nuque") ainsi
que de leur garnitures florales, ("en couronnes, en grappes ou en
rameaux") n'est pas typique d'un regard masculin.
Manifestement c'est
une femme, passionnée par les toilettes des dames du monde, qui fait
ici le plein de merveilles.
2 - Depuis "Sur la ligne des femmes assises"...
jusqu'à "sur les
bras nus", qu'ont de particulier les sujets_ des verbes? Qu'en
concluez-vous ?
La majorité des sujets des verbes sont des objets.
Si l'on s'avise
que nombre de ces verbes sont des verbes de mouvement, on peut
hasarder que "les éventails" qui "s'agitaient", les "flacons" qui "tournaient", "les garnitures" qui "frissonnaient" sont présentés comme
entraînés par une sorte de force magique, de sortilège.
Peut-être
Flaubert a-t-il voulu traduire ainsi l'émerveillement d'Emma.
- - - - COMMENTAIRE COMPOSÉ - - - Introduction
- Présentation
du texte
-Annonce du
plan
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Mariée à un médiocre officier de santé, Emma n'a
pas trouvé dans la vie conjugale les délices que lui
avaient promis des lectures romanesques et ses rêves
de jeune fille romantique.
Or le marquis d'Andervilliers,
qui a été soigné par Charles Bovary, a invité le couple
au bal qu'il donne dans son château de la Vaubyessard.
C'est une occasion pour Emma de pénétrer dans le
grand monde, celui des rêves et des magazines, où l'on
vit, selon elle, "la vraie vie".
Empruntant le regard de son héroïne, Flaubert nous
présente une description des invitées que la fin de la
contredanse a conduites à rejoindre leurs sièges.
Il sera
intéressant, après avoir reconstitué le trajet du regard
d'Emma, d'en analyser la qualité : c'est en effet une
femme avide de richesses et de grandeur qui contemple
/
le spectacle de la salle de bal; mais c'est aussi une femme émerveillée, transportée dans un monde enchanté.
1- Le trajet
du regard
-rôle du
mouvement et
de la brillance
- les chevelures
et les mères en
dernier lieu
Transition
On peut d'abord remarquer que l'auteur a restitué
le trajet du regard d'Emma en s'appuyant sur une vraisemblance physiologique : on découvre en effet que
les objets en mouvement, colorés ou étincelants, captent naturellement son attention avant que son regard
ne se pose sur des détails.
Ainsi "les éventails peints
(qui) s'agitaient" sont-ils perçus avant "les bouquets" et
"le sourire des visages" ; de la même façon, la valse des
"flacons à bouchon d'or" détourne la spectatrice des
bouquets, et ses yeux se posent alors sur les "gants
blancs marquant la forme des ongles.
Le même processus se renouvelle lorsque sont évoqués les "dentelles",
"les broches de diamant", "les bracelets à médaillon"
qui "frissonnaient", "scintillaient" et "bruissaient"; et
c'est dans un second temps qu'apparaissent "les bras
nus".
On notera enfin que les chevelures et les mères
interviennent dans la description....
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