Le 24 février 1998, le gouvernement rendait public un budget sans déficit pour l'année fiscale 1997-1998, une première en près...
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Le 24 février 1998, le gouvernement rendait public un budget sans déficit pour l'année fiscale 1997-1998,
une première en près de trente ans.
Le revirement était remarquable.
Quatre ans plus tôt, le déficit des
finances publiques fédérales atteignait un niveau sans précédent : 42 milliards de dollars.
Avec un déficit
équivalent à près de 6 % du PIB et une dette dépassant 70 % de celui-ci, le Canada affichait l'une des
pires situations financières parmi les pays du G-7 (Groupe des sept pays les plus industrialisés).
En
quelques années, le Canada est devenu le premier pays du G-7 à afficher un surplus budgétaire.
Au cours
de la même période, les provinces connaissaient une évolution semblable.
De 1992 à 1997, le déficit de
l'ensemble des gouvernements provinciaux et territoriaux a en effet diminué de plus de 70 %.
Cinq
provinces sur dix et un des deux territoires prévoyaient soit un excédent, soit un budget équilibré pour
1997-1998.
Avec l'Ontario et le Québec qui se trouvaient en position d'atteindre cet objectif en 1999,
presque toutes les grandes administrations publiques du pays pourraient avoir des soldes budgétaires
équilibrés ou excédentaires avant la fin du siècle.
Par ailleurs, la croissance a été relativement forte (plus
de 3,5 % en 1997), l'inflation à peu près nulle (moins de 1 %) et le chômage a diminué (8,6 % à la fin de
1997).
L'érosion de la protection sociale
Les différents gouvernements ont atteint l'équilibre budgétaire principalement en comprimant les
dépenses.
Dans le cas du gouvernement fédéral, les dépenses de programmes (l'ensemble des dépenses
à l'exception du service de la dette publique) ont été limitées pour ne plus représenter en 1999-2000 que
11,5 % du PIB, ce qui serait le niveau le plus bas atteint au cours des cinquante dernières années.
Trois
grands secteurs ont fait l'objet de coupes sévères : les transferts aux provinces, les prestations
d'assurance chômage (devenue l'assurance emploi en 1996) et les programmes fédéraux eux-mêmes.
Comme les transferts aux provinces servent principalement à financer les services de santé, l'éducation et
l'assistance sociale, et que les provinces se sont elles-mêmes attaquées à leur déficit en comprimant les
dépenses pour ces programmes, l'impact a été significatif.
Dans le domaine de la santé, notamment, la qualité des services a semblé se détériorer.
Relativement
négligés par le gouvernement libéral de Jean Chrétien, qui jusque-là insistait davantage sur l'élimination
du déficit, la reprise de l'emploi et l'éducation, les services de santé apparaissaient, dans les sondages
menés à l'hiver 1998, comme l'une des priorités des Canadiens.
Un régime d'assurance emploi plus strict
a, pour sa part, réduit les revenus de nombreux travailleurs, notamment ceux ayant des emplois
saisonniers, tout en poussant un grand nombre de chômeurs vers l'assistance sociale, au moment même
où plusieurs provinces rendaient celle-ci moins généreuse.
En conséquence, le taux de pauvreté s'est
révélé plus élevé en 1996 que lors de la dernière récession, en 1991.
Plus généralement, le revenu réel
des ménages a diminué entre 1990 et 1995.
La baisse du revenu - tout en affectant presque toutes les
catégories de la population - a plus spécifiquement touché les jeunes, les familles monoparentales et les
travailleurs les moins qualifiés.
Ainsi la lutte contre le déficit a-t-elle annulé l'effet de la reprise
économique sur les revenus.
La fin des déficits pourrait permettre de dépasser ces évolutions contrastées.
Pour la première fois depuis
de nombreuses années, les gouvernements du pays semblent en effet être en mesure de faire autre
chose que de diminuer leurs dépenses.
En ce sens, le budget fédéral de février 1998 a véritablement
ouvert une nouvelle ère politique.
Une nouvelle marge de manœuvre
Les partis de droite ont insisté en 1997-1998 sur le remboursement de la dette et sur la réduction des
impôts.
Il s'agissait pour eux d'inscrire dans la durée des politiques publiques désormais moins
interventionnistes.
Au niveau fédéral, cependant, la droite était relativement faible et divisée.
Le très
conservateur Reform Party de Preston Manning constitue l'opposition officielle à la Chambre des
communes mais n'est encore qu'un parti régional, qui n'est pas parvenu, jusqu'ici, à faire élire des
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députés à l'est du Manitoba.
Quant au Parti progressiste conservateur, qui a été au pouvoir de 1984 à
1993, sa représentation est demeurée marginale, avec 20 sièges sur un total de 295.
Le départ de son
jeune et populaire leader, Jean Charest, qui est devenu chef du Parti libéral du Québec en avril 1998, a
laissé le parti encore plus fragile.
Les options de la droite, au Canada, se jouaient donc surtout dans les
provinces, où les conservateurs étaient capables de mettre en application des politiques plus agressives
de remise en question de l'État-providence (en Alberta et en Ontario, notamment).
A gauche, la situation était semblable.
Le Nouveau parti démocratique (social-démocrate) dirigé par Alexa
McDonough n'avait pas d'élus dans plusieurs provinces et ne comptait que 21 députés à la Chambre des
communes.
Le Bloc québécois (parti souverainiste et plutôt social-démocrate) de Gilles Duceppe n'était
nécessairement....
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