Devoir de Philosophie

L'ART (cours de philo - TL)

Publié le 21/03/2015

Extrait du document

Parmi les trois types d'activité distingués par Aristote (Théôria, Praxis, Poi�sis), ce qu'aujourd'hui on appelle «art� rel�ve manifestement de la poi�sis, de la poésie au sens étymologique, c'est-à-dire de la production ou de la création puisqu'il s'agit de donner naissance à un produit indépendant de l'acte de production lui-même.

 

Mais parmi tout ce que l'homme produit et qui est l'objet de savoir-faire ou de ce que les Grecs appelaient téchn�, l'oeuvre d'art se distingue des autres productions «techniques� ou artisanales par le fait qu'elle ne vise pas d'autre fin que la beauté ou qu'elle n'a pour contenu que sa propre forme.

 

Ce concept d'art est contemporain de l'apparition de celui d'esthétique2 qui, lui aussi, comme tout ce qui touche au sens de l'art et à son identification, fait question.

 

2°- Que la sensation a été frappée de discrédit par la philosophie platonicienne : la faculté inférieure de connaissance est vouée aux illusions des phénom�nes (phainom�na) et s'oppose à l'entendement, seul capable de nous faire accéder aux no�ta, à la connaissance mathématique de la vérité.

 

duquel gravite la beauté, peut être soit réceptif (probl�me du plaisir et du jugement esthétique) soit actif ou créateur (probl�me du génie).

 

L'homme de goût doit en effet, disait Kant, éprouver immédiatement du plaisir à la représentation de l'objet ; or ce plaisir ne I.

 

Si «dans tous les beaux-arts l'essentiel consiste dans la forme� (CFJ §52) alors on sera amené à privilégier ce que Kant appelle la beauté libre sur la beauté adhérente : la beauté dans sa pureté se manifeste dans les formes qui ne visent à rien, qui ignorent le sens, l'utilité ou la perfection de l'objet.

 

sans vomissement : l'affirmation de notre goût ne va pas sans une intolérance viscérale pour le goût des autres comme si seul le nôtre était fondé en nature.

 

L'artiste qui s'imaginait démiurge, maître viril et tout-puissant, le sculpteur et l'architecte en particulier qui ne cessent d'ériger des oeuvres, ne finissent-ils pas toujours par découvrir auu plus profond d'eux-mêmes qu'il ne peut y avoir d'art que féminin, qu'il ne peut y avoir d'artiste en dehors d'un devenir-femme où plus d'un risqua la raison?

 

L'art disait Bacon c'est «l'homme ajouté à la nature�.

 

Dans Hippias déjà c'était la cité qui était présentée comme l'oeuvre d'art vivante, comme un exemple de beauté véritable ; la politisation de l'esthétique --- les arts mensongers comme la cosmétique*I sont proscrits de la cité au profit des arts véritables qui donnent la vraie beauté comme la gymnastique (Gorgias, 465 b) --- va de paire avec une esthétisation du politique : la «formation� de la cité et de ses gardiens rel�ve d'un modelage et d'une plastique essentiels2.

 

La vie et le mouvement sont en effet l'âme de cette nature naturante que les Grecs appellent phusis, mot dans lequel vibrent encore le verbe phuein, (croître) et le verbe phainein (apparaître).

 

On conçoit mieux en quel sens l'oeuvre d'art peut avoir rapport à la vérité.

 

La question du musée : l'art et le temps «Le musée gagne comme le désert croît� écrit Jean Clair.

 

C'est parce que les oeuvres des muses I tels «de beaux fruits détachés de l'arbre�, disait Hegel, sont pour nous séparées des mondes éthiques qui les ont produites qu'elles sont mortes et qu'elles peuvent entrer dans ce que l'on appelle, précisément, un «musée� ; celui-ci peut donc être considéré comme le cimeti�re des oeuvres d'art.

 

D'une façon générale, c'est le mot «oeuvre� et la cristallisation qu'il dénote qui est refusé au profit de «propositions�, d «installationns�, d «actions�, de «performances�, de «happening�...

 

par des mouvements qui peuvent pousser la dérision jusqu'à prendre le nom de «anti-art� ou de «non-art2�.

 

Cette volonté de réaliser l'art dans la vie peut sembler pourtant équivoque à plus d'un titre ; Kant critiquait justement3 ceux qui font «preuve de goût dans [leur] conduite�, ceux que nous pourrions appeler les esth�tes pour qui «la vie elle-même est un art� (Wilde) ou pour qui «l'éthique [est] une esthétique de l'existence� (Foucault) ; mais la sagesse ne peut être appelée «art de vivre� que par analogie puisque l'ordre de l'éthique reste celui de la praxis et non de la poi�sis et que ce n'est que par accident que l'art a été lié à une praxis religieuse ou politique.

 

Il s'agit donc moins d'être «les po�tes de notre vie�, de faire de notre vie une oeuvre d'art que de produire en nous-même les qualités de présence de l'oeuvre d'art dans laquelle s'abolit l'idée même d'effort et d'oeuvre.

 

Mais l'art n'est pas la vie et tous les projets de «sculpture de soi� sont condamnés à manquer l'intelligence d'une existence dont nous ne sommes pas les auteurs, d'une existence qui est finie et à jamais inappropriable.

 

Or ce projet démiurgique, cette ambition totalisante d'esthétisation de la vie quotidienne ont connu tr�s précisément leur triomphe et leur accomplissement avec les expériences totalitaires comme si le vieux rêve platonicien de façonnement du corps de la cité s'était enfin réalisé dans une oeuvre d'art objective et totale.

 

Les emballages de Christo ne peuvent être de «l'art� ou les mobiles de Calder des «sculptures� qu'au regard de ce concept ouvert de l'art, fondé sur l'expérience esthétique dont cette philosophie reconnaît ne pas pouvoir énumérer toutes les conditions d'application.

 

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles