La transition démographique est-elle un modèle universel ?
Publié le 16/08/2012
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Il y a néanmoins un décalage de l’entrée dans le processus de la transition: la mortalité a commencé à décroître dans les pays en développement au cours du 20e siècle, surtout depuis la seconde guerre mondiale. Ex : un des meilleurs indicateurs : mortalité juvénile avant 5 ans (enquêtes sur la fécondité et la santé). La plupart des PED ont connu des diminutions d’au moins 50%. La baisse de la mortalité s’est même accélérée au cours des années 60-80 : le rythme de la baisse serait passé d’une moyenne annuelle de 3% dans les années 1960 à une moyenne de 6% dans les années 1980. Cependant, la tendance s’est inversée dans quelques pays d’Afrique fortement frappés par le Sida. En outre, pour l’ensemble des PED, la probabilité de décès entre 15 et 60 ans serait passée de 450 ‰ en 1950 à environ 230 ‰ en 1990. 2) En matière de natalité/ fécondité, la diversité demeure importante Le continent africain conserve des niveaux élevés. Mais même sur ce point, les choses ont commencé à évoluer. La moitié de l’humanité vit dans un pays où la fécondité est inférieure à 2,1 par enfants par femme (seuil renouvellement génération).
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XXIe siècle, la croissance se poursuivrait en s'affaiblissant : 7 milliards en 2013, 8 en 2028, 9 en 2054 (selon l'ONU).
La fin du 21e siècle verrait la stabilisation dela population mondiale aux alentours de 9 milliards d'humains.
Cela confirme le schéma de la transition démographique: augmentation impressionnante de lapopulation depuis 2 siècles, accélération du processus, puis son essoufflement.
Ce n'est pas la première fois que l'humanité connaît une telle « explosion démographique » : aux temps préhistoriques, au passage du paléolithique au néolithique, lapopulation avait connu un bond en avant formidable, mais le processus s'était étalé sur une dizaine de siècles et il ne concernait à l'époque que des populationsdispersées.
La population avait alors sans doute décuplé passant de 15 millions d'individus vers la fin du 5 millénaire avant notre ère à 150 millions, 1000 ans plustard.
Avec des flux et reflux (après la grande peste de 1348), la population du monde a atteint un milliard de personnes vers la fin du Siècle des lumières.
Très loind'une évolution linéaire, d'où le modèle de la transition démographique : nulle population ne peut rester indéfiniment figée dans un régime démographique.
Après avoir atteint un paroxysme dans les années 1960, le rythme d'accroissement de la population mondiale est entré dans une phase de décélération.
Depuis 1800,le taux d'accroissement naturel annuel moyen a augmenté, passant de 0,5 à 0,8 ‰ entre 1900 et 1950, puis doublant entre 1950 et 1960 (1,7‰).
Le maximum estatteint entre 1960 et 1970 (2,02‰) ; depuis, le taux décroît régulièrement et retrouve aujourd'hui son niveau d'avant la Seconde guerre mondiale (1,2‰ en 2000-2005)
C.
Une théorie qui résiste aux critiques
Mais au regard des évoluions depuis les dernières décennies du XXe siècle, la pertinence du modèle de la transition démographique pourrait poser problème.
D'unepart, la stabilisation du niveau de la mortalité est contredite par les observations empiriques (statistiques Monnier et Dumont) : les gains d'espérance de vie repoussentsans cesse les limites de la mort, en dépit d'inégalités manifestes entre milieux sociaux ou entre continents.
D'autre part, la baisse de la fécondité a été bien plus rapideet se poursuit pour atteindre des niveaux non anticipés, y compris dans les zones occidentales, niveaux ne permettant plus d'assurer le remplacement des générations(1,3 enfant par femme au Japon, 0,8 à Hong Kong).
Dès lors, la non stabilisation du taux de natalité et du taux de mortalité rend l'affirmation de la réalisation d'unéquilibre post transitionnel plus que problématique.
Certains auteurs (Dirk van de Kaa et Ron Lesthaeghe) parlent de la « seconde transition démographique » pourdésigner ce nouveau régime.
Entamé en centre et au sud de l'Europe depuis plusieurs décennies, il apparaît comme une tendance lourde et irréversible.
Nous pouvons aller à l'encontre de cette critique en posant l'argument suivant : rien dans la théorie de la transition démographique ne prévoit la stabilisation du tauxde natalité et du taux de mortalité.
Rien n'empêche que la phase 2 de la transition démographique ne se poursuive dans le temps.
Bien plus qu'une théorie, une loi, ou un modèle pré-établi, la transition démographique reste un cadre de référence, un schéma explicatif pour observer et comprendrel'évolution démographique.
Ce cadre de référence issu de l'observation statistique de la population, peut être adapté selon les cas de figure.
II.
Des modalités d'application diverses
Chapeau introductif : Par rapport à ce cadre de référence, la transition démographique connaît de multiplies variantes tant dans l'intensité des phénomènes (ou leuramplitude : A) que dans leur durée (B).
Lorsque leur transition est terminée, le cheminement par rapport au schéma peut aboutir à d'importantes différences dans lespopulations, mais le vieillissement démographique est inéluctable (C)
A.
Les différences d'intensité
1) L'évolution à la baisse de la mortalité puis de la natalité au cours de la transition démographique n'est pas forcément linéaire.
Des évènements historiques peuvent éloigner du cadre de référence.
Des guerres peuvent provoquer une interruption temporaire dans la décrue de la mortalité.
Demême, des périodes de récession sanitaire, dues par exemple à une épidémie ou à la désorganisation des services sanitaires en raison de désordres politiques, peuventse traduire par une remontée de la mortalité.
L'évolution du taux d'accroissement naturel ne suit pas toujours fidèlement la courbe logistique puis antilogistique que présente le schéma de la transitiondémographique.
Les rythmes de l'accroissement naturel peuvent même connaître des phases ascendantes et descendantes selon les variations de la mortalité et de lanatalité.
Exemple 1 : le Mexique qui durant la 1ère phase de la transition démographique (vers 1910) a vu son taux de natalité croître au lieu de rester stable.
Le schéma classique suppose que la baisse de la natalité s'observe après celle de la mortalité.
En Europe : ajustement de la natalité aux nouvelles conditions demortalité ? Pourtant, cela n'aurait dû s'effectuer que dans le cadre de la famille où le recul de la mortalité infantile et juvénile pouvait inciter les couples à avoir moinsd'enfants.
Or les faits ne confirment pas cette hypothèse : limitation volontaire des naissances par les couples mariés s'est développée dans situations caractérisés pardes mortalités infantiles différentes : 10‰ en Suède ou en Norvège, à 20‰ en Allemagne ou en Hongrie.
Exemple 2 : La France est le 1er pays européen à avoir connu la transition démographique, car c'est le 1er pays où l'on a exercé le contrôle volontaire de la fécondité,donc la natalité en Europe.
D'où une courbe de natalité qui commence à baisser dès le XVIIIe siècle, bien avant la baisse du taux de mortalité.
La plupart des paysd'Europe n'engageront leur transition démographique que dans le cours du XIXe siècle.
2) Transition démographique endogène des pays du Nord, transition démographique exogène des pays du Sud
La croissance démographique dans le monde des XIXe et XXe siècles est le résultat direct des bouleversements de l'économie et de la santé publique introduits par la1ère révolution industrielle.
L'exportation de ces techniques, d'abord mises en œuvre dans les pays européens où elles sont nées, vers le RDM, a permis l'expansiongénéralisée de la population dans le monde.
Dans les pays du Nord, au XIXe siècle et au début du XXe siècle, la croissance démographique s'inscrit dans l'essor économique, puis dans un second tempsseulement, dans les progrès de la médecine et de l'équipement sanitaire.
Au contraire, dans les pays du sud, avec environ un siècle de retard, la médecine a eu le 1errôle (ex : transition exogène en Afrique subsaharienne)
Jusqu'au XVIIIe siècle, la durée de la vie humaine est largement dépendante, dans chaque région, des conditions climatiques.
Le régime démographique estrythmé par les bonnes ou mauvaises récoltes.
Puis, dans les pays où le cheval est adapté pour la traction, le rendement des travaux agricoles s'améliore.
En outre,l'utilisation de son fumier permet la suppression de l'assolement triennal.
Par ailleurs, l'amélioration de la voirie et le creusement de canaux facilitent les transports etpar conséquent la constitution de stocks et l'atténuation des famines..
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