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La tragédie classique DE LA TRAGÉDIE ANTIQUE À LA TRAGÉDIE FRANÇAISE En tant que genre constitué, possédant ses propres règles,...

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« La tragédie classique DE LA TRAGÉDIE ANTIQUE À LA TRAGÉDIE FRANÇAISE En tant que genre constitué, possédant ses propres règles, la tra­ gédie disparaît pendant près de quatorze siècles.

Le Moyen Âge français lui préfère le drame liturgique, qui met en scène les pas­ sages les plus célèbres de la Bible1.

Ce théâtre religieux s'épanouit sous la forme : - de miracles, consacrés à la vie, souvent enjolivée, de saints O'un des plus anciens est celui du Miracle de Théophile, de Rutebeuf, vers la fin du xme siècle) ; - et de mystères, qui retracent la vie de Jésus ou des grandes figures de la Bible.

Leurs proportions sont souvent énormes. Représentés sur le parvis des églises, ils comptent plusieurs dizaines de personnages ; ils nécessitent en outre des décors multiples et une machinerie imposante.

Le texte le plus célèbre est Le Mystère de la Passion, d'Arnoul Gréban2, au xve siècle.

Sous le nom de confréries, de véritables troupes d'acteurs professionnels se constituent3. Parallèlement à ce théâtre religieux se développe un théâtre pro­ fane, qui s'adonne aux moralités.

Ainsi que leu� nom l'indique, ce sont des pièces qui possèdent une intention didactique4 très 1.

Par exemple l'adoration des bergers ou l'arrivée des rois mages lors de la naissance du Christ. 2.

Ce Mystère de la Passion compte près de 35 000 vers et comporte près de 200 per­ sonnages. 3.

La plus célèbre de ces confréries sera la « Confrérie de la Passion » de Paris qui, de 1402 à 1548, bénéficie du monopole des représentations dans la capitale. 4.

Didactique : qui vise à enseigner.. marquée.

Mais ces moralités pratiquent le mélange des genres5. Certaines sont même franchement comiques. LA TRAGÉDIE HUMANISTE DU XVIe SIÈCLE Avec la redécouverte, au XVI6 siècle, des œuvres de !'Antiquité naît la tragédie française.

Cette tragédie humanistes s'étend sur environ un demi-siècle : de /'Abraham sacrifiant, de Théodore de Bèze (1550), et de la Cléopâtre captive, d'Étienne Jodelle (1552), jusqu'à !'Hector, d'Antoine de Montchrestien (1604). ISes principaux auteurs Les représentants les plus importants de la tragédie humaniste sont: - Étienne Jodelle (vers 1532-1573), avec, notamment, Cléopâtre captive et Didon se sacrifiant (1564 ?) ; - Robert Garnier (1544-1590), avec Hippolyte (1574) et Les Juives (1583); -Antoine de Montchrestien (1575-1621), avec Sophoniste (1536), L:Écossaise, David, Hector (1601). 1Ses caractéristiques La tragédie humaniste est avant tout statique.

Elle comporte très peu d'événements.

L'issue funeste en est connue d'avance.

Un personnage protatique (chargé de l'exposition de la pièce) enlève d'emblée tout espoir.

Dès le début, le dénouement est connu : c'est la mort. Privée de toute action, la tragédie humaniste devient une pure lamentation et un cérémonial funèbre.

Le pathétique? en est le principal ressort.

Comme l'écrit un théoricien de l'époque, Jean de La Taille, dans son Art poétique (1572) : 5.

C'est-à-dire qui mélange le comique et le sérieux 6.

L:humanisme est le mouvement de redécouverte des œuvres de !'Antiquité, au XVI• siècle. 7.

Pathétique : qui crée une émotion forte et pénible, pouvant aller jusqu'aux larmes. LA TRAGÉDIE 19 Son sujet ne traite que de piteuses [= pitoyables] ruines de 'grands seigneurs, que des inconstances de la Fortune, que barrissements, guerres, famines, captivités, exécrables cruautés de tyrans;[ ...] que larmes et misères extrêmes. LA TRAGÉDIE EN CRISE (1580-1620) La tragédie humaniste connaît, à la fin du xv1e siècle, une crise qui finit par provoquer sa disparition. D'abord elle subit la concurrence de deux nouveaux genres, qui recueillent les faveurs du public : la tragi-comédie, chargée d'événements très spectaculaires, et qui souvent se termine biens ; et la pastorale qui, dans un décor champêtre, met en scène d'émouvantes histoires d'amour. La tragédie humaniste dépérit ensuite de ses propres excès et dérives.

Rejetant toute règle, elle finit par mêler au pathétique des scènes triviales ou comiques. L'unité de ton est brisée. L'accumulation de crimes et d'horreurs achève de lasser le public et de faire disparaître tout intérêt. Au début du xvue siècle, la tragédie est à repenser et à reconstruire. LE RENOUVEAU DE LA TRAGÉDIE (1620-1636) Le renouveau de la tragédie tient à trois phénomènes. 1De meilleures conditions matérielles et morales Longtemps Paris ne posséda qu'une seule salle de théâtre : celle de !'Hôtel de Bourgogne, propriété des Confrères de la Passion.

Or, à partir de 1630, ce théâtre est rénové, et Louis XIII y installe la troupe, très professionnelle, des Comédiens du Roi. En 1634, l'acteur Mondory fonde, de son côté, le théâtre du Marais.

Durant près de 50 ans, ces deux théâtres se partageront les 8.

La plus célèbre de ces tragi-comédies est, à la fin du xv1• siècle, la Bradamante, de Garnier (1592), et, au 20 xvn• siècle, Le Cid, de Corneille (1637). LA TRAGÉDIE grandes œuvres du répertoire, notamment celles de Corneille et de Racine. Par ailleurs, le théâtre bénéficie d'une nouvelle considération sociale et morale.

Il devient un loisir à la mode. ILa redécouverte d'Aristote Théoriciens et dramaturges redécouvrent parallèlement la Poétique d'Aristote, dont ils méditent les préceptes.

Progressivement s'élabore une tragédie régulière, c'est-à-dire obéissant à des règles précises.

La tragédie que l'on appelle« classique » est en train de naître. 1De nouveaux dramaturges de talent De nouvelles générations de dramaturges apparaissent, avec Jean Mairet (1604-1686), Georges de Scudéry (1601-1667), Jean Rotrou (1609-1650).

Mais ce sont surtout Pierre Corneille (1606-1684) et Jean Racine (1639-1699) qui vont donner à la tragédie du xvne siècle ses plus beaux visages. LES CARACTÉRISTIQUES DE LA TRAGÉDIE CLASSIQUE 1Une application des théories d'Aristote Conformément aux préceptes d'Aristote9 , la tragédie classique ne met en scène que de très hauts personnages, impliqués dans des aventures soulevant « quelque grand intérêt d'État ». Ses sujets et personnages appartiennent à !'Histoire ou aux légendes de !'Antiquité.

C'est la condition de sa« dignité».

Car, ainsi que l'écrit Racine dans sa Seconde Préface de Bajazet : Les personnages tragiques doivent être regardés d'un autre œil que nous ne regardons d'ordinaire [...

].

On peut dire que le respect que l'on a pour les héros augmente à mesure qu'ils s'éloignent de nous. 9.

Voir plus haut p.

15 et 16. LA TRAGÉDIE 21 La théorie aristotélicienne de l'imitation10 confère en outre à la tragédie classique une fonction de représentation : tout doit être montré sur scène, et non raconté.

En d'autres termes, le spectateur doit avoir l'illusion qu'il assiste non pas à la représentation d'une œuvre de fiction, mais au déroulement d'une histoire réelle. 1La règle des trois unités Parmi les nombreuses règles auxquelles doit se plier la tragédie classique figure celle des trois unités : l'unité de temps, l'unité de lieu et l'unité d'action. L'unité de temps Découlant de la doctrine de l'imitation, l'unité de temps exige que la durée de l'action ne dépasse pas vingt-quatre heures.

L'idéal était qu'elle coïncide avec la durée du spectacle (trois heures environ). Comme c'était rarement réalisable, on admettait qu'elle s'étende sur une journée.

Au-delà, pensait-on, se produisait, entre durée de l'action et durée du spectacle, un trop grand décalage, préjudiciable à la vraisemblance. Beaucoup plus que Corneille qui prend souvent des libertés avec cette règle, Racine s'est fait une loi absolue de l'observer.

Dans ses tragédies, le temps devient un élément constitutif du tragique.

Parce qu'il est compté, il finit souvent par manquer.

Dans Andromaque, par exemple, à peine Hermione a-t-elle ordonné l'assassinat de Pyrrhus qu'elle se rend compte de la monstruosité de sa décision.

Elle hésite, elle se reprend : « Ah ! qu'ai-je fait? » (v.

1430).

Comment annuler l'ordre ? Trop tard.

Oreste revient lui.... »

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