La théâtralité Le Procès de Kafka a été fréquemment mis en scène. Cela s'ex plique par sa forte théâtralité, dimension...
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«
La théâtralité
Le Procès de Kafka a été fréquemment mis en scène.
Cela s'ex
plique par sa forte théâtralité, dimension largement exploitée par
Welles, qui mêle au langage cinématographique le langage théâ
tral, enrichissant ainsi le sens du roman.
LA THÉÂTRALITÉ DU ROMAN
Kafka fréquente beaucoup le théâtre dans sa jeunesse.
Il assis
te aux représentations du Deutsches National Theater:.
Dans les
années 1910, il rencontre Isak Lëwy, auteur et acteur d'une troupe
de théâtre populaire.
Cette amitié va nourrir son œuvre.
1 Le cc théâtre du monde », un thème important
Chez Kafka, le théâtre est également un thème, dans la mesure
où les personnages semblent se mouvoir dans le monde comme
sur une scène théatrâle.
K.
attend le retour de Mlle Bürstner du théâtre (p.
46), il repré
sente son arrestation comme un acteur et metteur en scène, pla
çant les comédiens, distribuant les rôles (pp.
54-55), il songe
envoyer à sa cousine des cartes de théâtre (p.
127), sa plaidoirie
est théâtrale (chapitre 3), ses bourreaux sont comparés à de
« vieux acteurs » (p.
274).
Le théâtre sert de référent à un grand
nombre de situations kafkaïennes.
C'est que le théâtre représen
tant aux yeux de Kafka « la vie même », cette forme d'art a pour
fonction de révéler le sens de la vie, la vérité de la condition
humaine (➔ PROBLÉMATIQUE 1, p.
50).
1La gestuelle
Kafka portait une grande attention à l'art théâtral du geste, de la
posture apparemment anodine mais porteuse de significatiçn :
dans son Jaumal, il note avec intérêt la manière dont une comédienne se tourne ou claque des doigts.
Dans Le Procès, le motif
de la tête penchée, par son côté très visuel et spectaculaire,
semble directement issu de l'univers théâtral.
De fait, il décrit la
misère de la condition humaine dans toute sa vérité (➔ PROBLÉMATIQUE 9, p.
117).
Souvent, cette gestuelle est caricaturale, faisant
penser à des scènes de comédie, comme lors de l'interrogatoire :
«
Ah ! ah ! s'écria K.
en levant les bras au ciel, car cette subite
découverte avait besoin de quelque espace pour s'exprimer »
(p.
86).
Le commentaire ironique du narrateur accentue l'outrance
du geste.
Le registre comique du roman est donc souvent créé par
référence au burlesque théâtral.
ILa parole
Le roman accorde une grande importance à la parole.
Les
rencontres aveè· les personnages donnent lieu à de longs
dialogues intégralement reproduits : dialogue avec Mme Grubach
(chapitre Q, avec Mlle Montag (chapitre Il), etc.
Cette importance
est un indice fort de théâtralité.
De même, le film de Welles est
considéré comme un film
«
bavard
»
à cause
de l'abondance
des dialogues.
On peut dire du roman qu'il est
«
sonôre » :
Kafka indique toutes sortes de sons : cris, bruits ••• (en mimant
son arrestation, K.
«
cria lentement
»,
p.
55), qui rendent certains
moments analogues à des scènes de ce théâtre populaire où
Kafka voyait la vie représentée dans toute sa vérité et sa variété.
1Le décor et l'accessoire
Dans le roman, objets et meubles sont assimilables, par leurs
fonctions, à des accessoires de théâtre.
Comme dans l'univers
des Chaises de Ionesco, par exemple, les pièces sont pleines
d'objets.
Le salon de Mme Grubach est une pièce
PROBLÉMATIQUES
«
encombrée
ESSENTIELLES 125
de meubles, de dentelles, de porcelaines et de photographies
(p.
25).
Le débarras près du bureau de K.
est
«
»
tout encombré
d'imprimés inutilisables et de vieux encriers en terre cuite [renversés sur le sol et vidés de leur contenu]
»
f
}.
(p.
116).
L'objet, comme au théâtre, occupe une triple fonction.
Il a d'abord
une
fonction
informative,
fournissant
des
indications
sur le temps, le cadre, le milieu social.
Dans le salon de
Mme Grubach, les accessoires créent un décor conventionnel d'intérieur petit bourgeois, vieillot et modeste.
L'objet a aussi une fonction spatiale : occupant l'espace d'une certaine manière, il le structure.
Dans le débarras, il crée une impression de désordre, de
confusion.
Enfin, l'objet a une fonction symbolique : les imprimés
«
inutilisables
»
et les encriers
renversés
«
»
du bureau de K.
sont des métonymies d'un ordre bureaucratique énigmatique et
incohérent, voire d'une confusion mentale.
De même, le registre cou-
l
il
du juge, dont K.
s'empare lors de
î
son interrogatoire (p.
79), sert à la fois d'accessoire théâtral (K.
1
vert de
«
taches [...] jaunâtres
»
suscite les applaudissements de fa salle, comme un comédien) et
d'objet symbolique (il symbolise une procédure erronée et injuste).
1Le spectacle du procès
K.
est souvent observé, comme s'il était l'acteur d'un spectacle.
L'arrestation s'effectue sous le regard des voisins,
«
fameux spectateurs
»
(p.
37).
Se rendant au tribunal un
dimanche ijour de représentation théâtrale ?), des hommes et des
femmes l'observent de leurs fenêtres comme des spectateurs
assis aux balcons d'un....
»
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