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LA SOCIETE (cours complet)

Publié le 02/11/2016

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2 _ Confiance et contraintes. Si ces conditions d’efficacité
 
du groupe pour survivre ou pour atteindre ses objectifs sont générales et inévitables, il s’ensuit que toute vie sociale est source de contrainte. En effet dès le moment où le membre d’un groupe reçoit une tâche dans le cadre d’une organisation de la vie groupale, il est soumis à une obligation sociale, celle d’accomplir sa tâche ou sa part de travail, et cela d’une certaine façon, à un certain moment, dans un délai donné, avec des moyens et en coopération-coordination réglée. Cette obligation se trouve automatiquement assortie d’un risque de sanction, ne serait-ce que la désapprobation du groupe en cas de non-exécution, le rejet-exclusion, la réaction socio-affective plus ou moins clairement instituée dans des types de sanctions.
 
A la limite, un groupe révolutionnaire « exécutera » celui de ses membres qui a flanché et qui a ainsi compromis le succès du groupe, cette mise à mort violente représentant la puissance groupale elle-même comme autorité supérieure aux Individus composant le groupe.
 
Tout groupe, quel qu’il soit, pose nécessairement des limites à la liberté individuelle de faire ce qui plaît, des limites à la déviance des conduites par rapport aux conduites attendues. Le groupe en tant que tel exerce sur chacun une « pression de conformité ».
 
Cet aspect de la vie groupale organisée en vue d'une survie ou d'une action, justifie par conséquent les très anciennes réflexions comme celles de Spinoza, Hobbes et même Rousseau dans « Le Contrat Social » (où la majorité ayant décidé, tous doivent se conformer et obéir en vue de l’intérêt général défini par le vote majoritaire, seul critère), et les plus récentes comme celles de Freud. L’énorme erreur est cependant de considérer la Société uniquement comme une contrainte arbitraire et étouffante, comme un pur système de répression (Freud, Reich, Marcuse). Elle devient pure répression arbitraire et dévitalisante lorsque les membres du groupe ont perdu le sentiment d’appartenance, le désir de coopération, la solidarité et l’identité de vues sur les objectifs du groupe.
 
Autrement dit le sentiment de contrainte et l’idée que la Société (ou le groupe) est un pur pouvoir arbitraire de répression, de sanction et d’étouffement de la liberté individuelle de faire ce qui plaît au moment où on en a envie, ne peuvent naître que sur la scission entre l'idéologie individuelle et l’idéologie groupale, sur la désolidarisation et sur la perte de confiance dans le groupe.
 
Cela est facile à illustrer : imaginez que vous ayez adhéré à un groupe d’action politique orienté vers l'action violente, et que votre adhésion, expression de votre idéologie, soit sincère et absolue. Vous voilà prêt à accepter de sacrifier vos désirs et besoins égoïstes ou égocentriques, aux intérêts du groupe, et à adopter les comportements imposés par l’autorité du groupe, ceci même au prix de souffrance personnelle et de risque. La confiance a transformé la contrainte en discipline librement consentie, mais la contrainte et les sanctions sont là ; vous êtes même prêt à les imposer à d’autres membres du groupe que vous jugez traîtres ou « mous », en vous
LA SOCIÉTÉ
Toutes les sciences humaines abordent d’une manière ou d’une autre le problème des rapports entre individu et société parce que l’homme est à la fois conscience personnelle et « animal social », selon la fameuse définition d’Arislole.
— / — Individu et société.
 
L’individualité s’est progressivement dégagée de la participation sociale, unique mode primitif d’existence excluant le « Je » et toutes les formes de déviance ou de révolte.
 
Dans les sociétés archaïques, dont plusieurs formes survivent de nos jours dans les régions du globe peu développées et peu perméables à la civilisation, l’individu comme tel n’existe pas. Son mode d'existence est uniquement d’être membre du groupe et de participer à la vie collective. On peut penser que cette forme de conscience impersonnelle est la cause réelle de la survivance sans aucune évolution et sans changement, de structures sociales qui remontent à la nuit des temps. Les clans et les tribus totémiques, où les chefs incarnent le groupe, les esprits qui le protègent, l’âme des morts, les puissances divines et les animaux-totems (ces « incarnations » étant soit réunies en une seule personne, soit réparties entre le duo chef-sorcier)..., sont des sociétés « closes » (selon l’expression de Bergson), d’une solidarité totale, attachées à un système politico-juridico-religieux autant qu’à un territoire » dont la surface fait organiquement partie du groupe.
 
Dans ces sociétés, ce que nous appelons « le conformisme », qui est facteur de pérennisation de leur structure, ne tolère ni déviance ni rébellion. Les « irréguliers » (aussi bien les épileptiques par exemple, que les voleurs ou les opposants) sont considérés comme habités par des esprits malfaisants et subissent un « traitement » de dépossession, ou sont mis à mort rituellement.
 
Au cours de l’évolution de l'humanité, et probablement en des points différents du globe, la prise de conscience de soi comme


« individuali té a é té à l'origine non seulement de l'apparition du • Je • (entratnant le sentiment de responsab ili té personnelle el de liberté) , mals de l a • mise à distan ce • de la soc i été et de ces stmc tures imper­ son nell es, donc a été facteur de progrès et de révolte (de progr ès par la révo lte), d'initiative et de créallon.

La notion jur idique des • dro its de l'Individu • est ex trêmemen t tard ive, de même que l' id ée de dérnoc ..

atie q ui représente un chan­ geme nt complet non se ulemen t du systè me de gouve r nement mais aussi d'origine de la souve raineté.

L 'idée que la société est au service des individus, idée qui repré sente une véritable révolution copernicienne par rappo rt à l'idée primitive se lo n laqu elle les partic ipa nts so nt des fo n clions socia les, est néc es­ sairemen t tardive et postérieure à l'apparition de J'individua lisme.

Encore plus tardivement, l'i ndividuali sm e, exagéran t le primat de ses val eurs, engendr e l'anarchisme, qui est ln négation de toute société et de toute obligation sociale.

En même temps que l'ind iv idualis me faisait le ntement craq u e r l es structures soc iales d e partic ipation inté grale et aveugle (qui avaient ell~s-mêmes été des facteurs indi sp ensables de protection des individus contre les forces natur elle s el cont re les groupes ennemis), naissaient les idées d'égalité, et d' humanité co mme groupe universel (• ouverture • des groupes aux influ ences des aut res el bondissement de la notion de participation ainsi m éta morphos ée).

L 'individualisme s'est, de ce fait, réclamé de valeurs universelles et évite ainsi d 'ê tre taxé. »

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