La Sécurité civile
Publié le 11/11/2018
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PRÉVENIR ET SECOURIR
La Sécurité civile regroupe au niveau national l'ensemble des dispositifs (lois, réglements, institutions...), des professionnels, des bénévoles ainsi que l'ensemble des moyens techniques permettant de prévenir et de gérer les risques collectifs de la vie quotidienne.
Depuis 1987, les missions de sécurité civile sont légalement définies autour de trois champs d'intervention complémentaires :
• la sauvegarde des populations (de l'accident domestique à la catastrophe de grande ampleur) ;
• la protection des biens matériels (de la protection d'habitations en cas d'incendie à la limitation des effets d'inondations) ;
• la protection de l'environnement (du feu de forêt à la lutte contre les pollutions de grande ampleur).
HISTOIRE
Au Moyen Âge, la peur de l’incendie et de sa propagation conduit les habitants des villes et des bourgs à s'organiser en milices municipales. Composées principalement d'artisans et de commerçants, ces milices populaires assuraient la sécurité des personnes, des habitations, mais surtout celle de leur outil de travail.
Il faut attendre la Révolution et la construction d’un État moderne pour voir progresser l'idée d'une organisation des secours à l'échelon national. La loi organique sur les municipalités (21 mai 1790) peut être considérée comme un texte fondateur : elle instaure la « responsabilité des maires en matière de sécurité publique ».
La Seconde Guerre mondiale est une période décisive pour la construction de la Sécurité civile contemporaine. Dès 1938, les mesures de « défense passive » visant à protéger les populations du conflit qui s'annonce constituent une ébauche de l'organisation de la Défense et de la Sécurité civiles qui se mettra en place dès l'issue de la guerre. Dans la seconde moitié du XXe siècle, révolution de la Sécurité civile est marquée par deux phénomènes : une rationalisation des dispositifs (spécialisation des corps de sapeurs-pompiers, création des SAMU) et une utilisation croissante des nouvelles technologies (notamment les moyens aéronautiques : Canadair, pour la lutte contre les incendies, hélicoptère pour les opérations de secours...). L’histoire de la Sécurité civile est fortement marquée par l'expérience. Chaque risque nouveau, chaque accident majeur ou catastrophe de grande ampleur engagent les pouvoirs publics à prendre des mesures adaptées. La vague de chaleur qui s'est abattue sur la France au cours de l'été 2003 est le dernier exemple en date d'un processus entamé depuis plus d'un siècle. En moins d'un an, l'événement a donné lieu à l’élaboration d'un plan Canicule.
ACTEURS ET MISSIONS
En France, l'organisation globale de la Sécurité civile repose sur un découpage relativement complexe. Elle fait intervenir une multitude d’acteurs (sapeurs-pompiers, militaires, médecins, associations de Sécurité civile agréées...) rattachés à différents ministères (Intérieur, Défense, Santé...). L'extrême diversité des acteurs et des compétences, qui fait la richesse de la Sécurité civile, s'accompagne nécessairement d'une planification méthodique des moyens à chaque niveau d’intervention.
«
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MAIRE ET LE PRtfET
En fonction de la gravité des sinistres,
préfets et maires se partagent la
responsabilité de la prévention des
accidents et de l'organisation des
secours.
Lorsque la situation dépasse les
capacités de réponse des communes,
l'organisation des secours se reporte
immédiatement sur l'échelon
départemental (SOIS).
Lorsque survient un accident de grande
ampleur, le préfet peut déclencher un
plan ORSEC (ORganisation des
SECours).
Ce dispositif, en vigueur depuis 1952,
permet de mobiliser l'ensemble des
moyens publics (sapeurs-pompiers,
forces militaires, SAMU) présents dans
le département et de réquisitionner les
personnels (bénévoles et salariés)
d'associations de Sécurité civile telles
que la Croix-Rouge.
En cas d'accidents d'une gravité
exceptionnelle (catastrophes naturelles,
industrielles ...
), il arrive cependant que
les moyens disponibles au niveau du
département deviennent insuffisants.
Le cas échéant deux possibilités
existent:
• le déclenchement d'un plan ORSEC
interdépartemental (mobilisation des
départements limitrophes) ;
• le commandement des secours est
confié au ministère de l'Intérieur qui
dispose d'une cellule de crise
mobilisable à tout instant : le COGIC
(Centre Opérationnel de Gestion Interministérielle
des Crises).
Dans ce
cas, c'est le Premier ministre qui prend
le contrôle des opérations de secours.
UNE cc otpARTEMENTAUSAnoN »
CON FilM tE
Depuis les années 1950, avec la
création des plans ORSEC et des
services départementaux d'incendie
et de secours (SOIS), l'échelon
départemental s'impose comme le
cadre de référence pour la coordination
des missions de prévention et de
secours.
En matière de Sécurité civile, les lois de
décentralisation mises en œuvre depuis
1982 ne se sont pas traduites par un
transfert de compétences vers les
régions.
Le département reste
aujourd'hui l'échelon de référence,
ce qui semble confirmé par la loi de
réorganisation de la Sécurité civile
du 30 juillet 2004.
Des associations loi 1901 agréées par
l'État peuvent être amenées à renforcer
les dispositifs publics ou à remplir
certaines missions spécifiques.
ASSOCIATIONS ET BÉNÉVO LES
UN PARTAGE DE COMPtTENCES
Lorsqu'un plan d'intervention est mis
en place, les associations peuvent être
intégrées dans les équipes de secours,
en France comme à l'étranger.
Au cours
de ces interventions, les personnels
salariés et bénévoles sont placés sous
l'autorité qui régit le dispositif de
secours.
Les associations de Sécurité civile
peuvent être également mandatées par
les pouvoirs publics pour remplir des
missions déléguées.
La Croix-Rouge, la Fédération nationale
de la protection civile (FNPC)
et le Secours catholique français,
associations fortes de 200 000 membres
bénévoles chacune, remplissent deux
missions essentielles :
•la formation des secouristes ;
• l'organisation des dispositifs de premiers
secours à l'occasion de grands
rassemblements populaires
(événements sportifs, culturels ...
).
DES ASSOCIATIONS SPtCLAUStES
La SNSM (Société Nationale de
Sauvetage en Mer) est la gardienne des
marins professionnels, des plaisanciers
et des baigneurs.
Cette association, née en 1967 et
reconnue d'utilité publique dès 1970,
compte 232 stations de sauvetage
réparties sur le littoral de l'Hexagone et
des DOM-TOM et 4 500 sauveteurs
bénévoles.
Elle est le premier maillon
Les Vedettes 1" classe et les Canots
tous temps, embarcations de quinze
mètres insubmersibles et
autoredressables en cas de chavirage,
sont les seuls à pouvoir venir en aide
aux équipages des bâtiments en
détresse, quelles que soient les
conditions météorologiques et la zone
de sauvetage (récifs ...
).
Symboles du courage et de la solidarité
des gens de mer, 12 sauveteurs
bénévoles de la SNSM ont perdu la vie
en mission depuis 1985.
D'autres associations de Sécurité civile
agréées par l'État apportent un
concours ponctuel aux acteurs publics :
• l'Association nationale des équipes
cynophiles de recherche et de technologique,
notamment, a généré
des accidents multiples, aux
conséquences inconnues jusque-là :
• risques nucléaires ;
·accidents chimiques (explosion
de l'usine AZF à Toulouse en 2001) ;
• marées noires (Amoco Cadiz en 1978,
Erika en 1999, Prestige en 2002) ;
• !Intensification des
transports s'accompagne d'autant de
catastrophes potentielles : accidents
aériens, routiers, ferroviaires ...
D'autres fadeurs, de nature très
différente, peuvent également
contribuer à la multiplication des
risques: • la menace terroriste ;
• les risques liés au développement
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(ANECRS) peut collaborer
avec les équipes cynophiles des
sapeurs-pompiers ; des
loisirs et des activités de plein air
(le secours en mer et le secours en
montagne requièrent des moyens
techniques et humains très spécialisés).
Confrontés à une telle multiplication
des facteurs de risques au cours d'une
période aussi courte, responsables
politiques et acteurs de la Sécurité civile
sont tenus de rechercher en
permanence des réponses adaptées.
Cette évolution contemporaine de la
gestion des risques se traduit par deux
tendances importantes dans l'évolution
de la Sécurité civile :
W PLANS
lnNTEIIVENTION :
UNE HPoNSE ADAI"riE
À CHAQUE RISQUE
Dans la seconde moitié du xx< siècle,
la gamme des plans d'Intervention
s'est progressivement étoffée, pour
envisager la plupart des risques
potentiels_ Une douzaine de
protocoles a ainsi été élaborée :
plan ORSEC (ORganisation des
SECours), plan ORSECRAO (plan
ORSEC RADiations), plan ORSEGOX
(matières et produits TOXiques), plan
SATER (Sauvetage AéroTERrestre),
plan POLMAR (POLlution MARitime),
plan SAMAR (SAuvetage MARitime),
plan ACOFER (ACCidents de chemin
de FER), plan Police (circulation Bison
futé), plans spéciaux des sapeurs
pompiers (inondations, feux de forêt,
risques chimiques), plan Rouge (plan
de prévention en we de remédier
aux conséquences d'un événement
susceptible d'entrainer de
nombreuses victimes -déclenché en
1998, lors du Mondial de football).
Le plan Canicule, présenté en Conseil
des ministres le 10 mars 2004,
est une réponse aux effets
catastrophiques de la vague de
chaleur survenue pendant l'été 2003
(causant plus de 10 000 morts surnuméraires
au se in de la
p opul ation des plus de 65 ans).
Il prévoit un système de veille
météorologique et épidémiologique
ainsi qu'un volet préventif : les
établissements accueillant des
personnes 3gées ont une obligation
de dimatiser certains espaces.
Le plan Ytgipirate ne reléve pas à
proprement parler de la Direction
centrale de la Sécurité civile.
Il s'agit
d'un plan de prévention contre la
menace terroriste mis en œuvre par
le ministère de 11ntérieur.
Entré en
vigueur en 1978, ce plan a été
réactivé à plusieurs reprises au cours
des dernières années, notamment
aprés les attentats de l'été 1995 à
Paris (attentat à la station RER Saint
Michel) et aprés les attentats du
11 septembre 2001 contre les tours
du World Trade Center à New York.
•
la Fédération nationale des
radioamateurs de la Sécurité civile
(FNRASEC) et ses 2 000 radioamateurs
bénévoles interviennent principalement
lors d'accidents d'aéronefs (catastrophe
du mont Sainte-Odile, plans ORSEC) ;
• le Spéléo Secours Français est une
commission technique de la Fédération
française de spéléologie agréée par
le ministère de l'Intérieur pour prendre
en charge les missions de secours
souterraines.
Avec 2 400 sauveteurs bénévoles,
le SSF est habilité à toutes les
opérations de secours sous terre :
désobstruction à l'explosif,
plongée, pompage, installation
de radiotélécommunications entre
le sous-sol et la surface ...
Depuis
une vingtaine d'années, une conscience
accrue des risques entraîne une
diminution régulière des interventions
(plus de 60 sauvetages en 1982,
moins de 20 en 1998).
L'ÉMERGENCE D'UNE
cc CULTURE DU RISQUE n •
la recherche croissante de réponses
technologiques adaptées pour
améliorer les dispositifs de secours en
exploitant les enseignements des crises
antérieures ;
• une sensibilité accrue pour la
prévention, l'Information et
l'implication des citoyens.
VERS UNE SÉCURITÉ CIVILE
PRÉVENTIVE ?
L'articulation entre prévention et
secours se trouve au cœur même de
la définition de la Sécurité civile et tend
à se renforcer depuis une vingtaine
d'années.
De fait, l'action préventive,
longtemps restée en retrait par rapport
aux efforts consentis pour l'organisation
des urgences et des secours, s'est
progressivement imposée comme
une priorité.
La loi du 2 février 1995 relative
au renforcement de la protection
de l'environnement et le décret
du 5 octobre 1995 obligeant
les collectivités locales à élaborer
Le xx< siècle est marqué par l'apparition des plans de prévention des risques
régulière de risques nouveaux.
naturels prévisibles (PPR)
Le développement industriel et
marquent une avancée décisive L'HtUCOPTiRE
: UN OUnL
IRREMPLAÇABLE Depuis sa création en 1957, le
Groupement hélicoptm de la Sécurité
civile a effectué plus de 403 000 heures
de vol.
soit 270 000 missions de
secours, et secouru 183 875 personnes
(statistiques au 31/12/2002).
Basé à Nîmes, le GHSC dispose de
22 bases opérationnelles et comptera,
d'ici 2005, 42 appareils : 31 EC 145,
6 Alouette Ill et 5 Écureuil.
Les miss ions prioritaires sont le secours
aux personnes et le transport d'équipes
et de moyens spécialisés.
Mais la flotte
peut aussi être mobilisée pour d'autres
interventions : lutte contre les feux
de forêt, missions de police, missions
d'observation et de prévention pour
les collectivités locales ...
L'apparition de l'hélicoptére dans les
dispositifs de sécurité civile a entrainé
une véritable révolution dans
la pratique du secours : par ses
possibilités techniques (hélitreuillage,
vol stationnaire, transport
de secouristes sur des zones
inaccessibles ...
), l'hélicoptére est
devenu un outil irremplaçable,
qui a épargné bien des vies : pour
la seule année 2002, 9 375 sauvetages
ont impliqué un hélicoptère.
en matière de prévention, notamment
des inondations.
Cette tendance, observée dans
l 'ensemble des pays occidentaux,
semble largement confirmée par la loi
de réorganisation de la Sécurité civile
adoptée le 30 juillet 2004.
La notion de risque est devenue
le principe générateur des actions
préventives.
De l'accident domestique
à la menace terroriste, elle permet
d'anticiper les conséquences
d'accidents probables et les moyens
appropriés pour y faire face.
Avec des mesures telles que
l'introduction du secourisme
dans les programmes de
l'enseignement secondaire
et une obligation de débroussaillage
pour les personnes résidant à proximité
de zones forestières sensibles,
la Sécurité civile s'oriente de plus
en plus vers une politique de gestion
des risques.
De même, en codifiant
des normes de sécurité, des plans
d'évacuation, la formation
des personnels au secourisme,
en pratiquant des entraînements
en grandeur réelle associant le public,
la gestion des risques s'attache à faire
des citoyens des acteurs à part entière
de la Sécurité civile..
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