LA REDACTION Ce qu'il faut savoir L'étude littéraire et le commentaire composé ne sont pas des bilans de lecture réservés...
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LA REDACTION
Ce qu'il faut savoir
L'étude littéraire et le commentaire composé ne sont pas des bilans de lecture
réservés à un usage personnel, il sont destinés à être lus, évalués et notés.
Les critères d'évaluation se fondent non seulement sur la perception du
texte (voir la deuxième étape), mais aussi sur la clarté de l'analyse et sur
l'aisance de l'expression écrite.
0
LA CLARTt
Un devoir clair est d'abord un devoir lisible.
Une présentation aérée s'impose:
- les paragraphes sont nettement marqués par des alinéas
- des espaces blancs séparent le développement de l'introduction et de la
conclusion, ainsi que les parties du développement.
Mais la clarté du commentaire découle surtout de celle du plan (voir
p.
168 à 185) et de celle du style, car Ce que l'on conçoit bien s'énonce
clairement (Boileau, l'Art poétique).
e
t:°AISANCE DE L'EXPRESSION tCRITE
Il va de soi que, comme dans tout exercice de français, il en coûte cher de
négliger les règles de l'orthographe et de la syntaxe.
D'ailleurs, la finesse du
commentaire ne va jamais de pair avec une orthographe défaillante.
Astrei
gnez-vous en particulier à ne pas écorcher les expressions de l'auteur en les
recopiant: de telles fautes témoignent d'un regrettable manque d'attention.
Mais la simple correction représente le minimum exigible ! Il faut viser plus
haut et tendre à la précision et à l'élégance du style.
Méthode
COMMENT RÉDIGER
Ce qu'il faut faire
RÉDIGER LE DÉVELOPPEMENT
A.
Rechercher la cohérence
Le principal écueil du commentaire composé est l'éparpillement, indice
de l'incapacité d'organiser les notes de lecture en les soumettant à une
structure.
Les remarques se suivent alors sans s'enchaîner, les unes
gratuites, les autres redondantes.
a.
Veiller à rorganisation inteme de chaque partie
• Les phrases d'attaque
D'abord, chaque partie commence par une phrase énonçant la thèse
que l'on veut soutenir dans cette partie.
Exemple : La première page de ce roman doit son originalité (= la
thèse) à une ouverture in medias res, à la focalisation interne et à
une nouvelle forme d'écriture (= les trois arguments).
De même, chaque argument est clairement formulé au début d'un
paragraphe avant d'être développé ou illustré.
Exemple : Renonçant en outre (mots de liaison assurant la transition
entre deux arguments) aux privilèges du narrateur omniscient,
Malraux opte pour la focalisation interne (=deuxième argument).
L'action est racontée exclusivement à travers les perceptions, les
impressions et les sentiments de Tchen (= développement en trois
points de cet argument).
• Les mots de liaison
Pour éviter le décousu, on veillera à enchaîner les phrases par des mots
de liaison, des démonstratifs, des propositions relatives,
éventuellement à terminer un paragraphe important par une
conclusion provisoire.
Exemple : Madame de Sévigné réussit à imprimer à sa narration
un rythme endiablé.
D'abord, la relation de l'accident tient en
une seule phrase, fort ample, qui en rapproche les quatre phases
�---------------------• • ·
Étape 5 Rédiger
· • •------------------------,
dans des groupes de mots simplement séparés par des points
virgules.
Elle rythme ensuite les rebondissements de l'action par
la reprise de la conjonction de coordination et.
Elle souligne enfin,
systématiquement, le dernier élément de chaque groupe par un
adverbe (et si bien par-dessus, et l'Archevêque même).
b.
Allier les remarques sur le fond et sur la fonne
La critique littéraire s'intéresse autant au sens d'un texte qu'aux
procédés mis en œuvre pour produire ce sens.
Il va de soi qu'au
moment de la création, telle idée s'impose spontanément à l'esprit de
!'écrivain dans une forme déterminée.
Mais si la distinction entre le
fond et la forme paraît artificielle, elle n'en reste pas moins commode
pour la clarté de l'analyse.
Elle se justifie d'ailleurs par les corrections
des écrivains sur leurs manuscrits, qui témoignent du souci constant
d'une étroite adéquation entre une idée et son expression par les mots.
Il est facile de relever dans un texte littéraire des allitérations, des
métaphores, des changements de rythme, etc.
; encore faut-il arriver à
dire l'effet produit par telle allitération ou tel changement de rythme.
On s'astreindra donc à présenter chaque argument comme une
affirmation éclairant le sens du texte (le fond) par l'examen d'un
aspect formel (la structure du texte, les champs lexicaux, les modes de
narration, les rimes ...
).
Exemple: Dans l'incipit du Rivage des Syrtes (p.
73), c'est la
juxtaposition de phrases courtes (= étude de la forme) qui
communique le sentiment d'une attente indéfiniment prolongée,
une impression de stagnation (= affirmation portant sur le fond),
qui sera le thème dominant du roman.
c.
Savoir insérer des citations
Pour être probant, un argument doit être illustré d'exemples.
Dans le
commentaire littéraire, ce sont les citations qui remplissent cette
fonction : de courts fragments du texte mis entre guillemets sont insérés
dans le commentaire à l'appui du jugement sur le texte et analysés
brièvement.
Ce procédé demande le respect de quelques règles.
• l'.usage modéré de la citation : mettre des citations bout à bout n'est
qu'une façon déguisée de recopier le texte et un aveu d'impuissance.
Un petit nombre de citations pertinentes renforce au contraire
l'argumentation.
• La brièveté des citations : de même, il est inutile de citer des
�---------------------• • ·
Chap.
1 La rédaction
· • •------------------------,
fragments de plusieurs lignes : un membre de phrase, une figure de
style...
suffit amplement
• La fidélité au texte : pour des raisons d'honnêteté intellectuelle,
toute citation sera rigoureusement exacte et toute coupure indiquée
par le signe conventionnel [ ..
.].
• Les techniques d'insertion des citations :
- pour introduire une phrase entière il suffit de l'annoncer par un verbe
et deux points.
Si l'on se contente d'un groupe de mots, il devra
s'insérer dans le commentaire en respectant la syntaxe : il sera complé
ment d'objet d'un verbe, attribut du sujet, complément d'un nom, etc.
Exemple : Néron recoun à une périphrase pour embellir la vision
qu'il a eue de cette beauté qu'on vient d'arracher au sommeil (v.
390).
- il est licite, pour insérer une citation, de modifier la personne ou le
nombre d'un verbe ou d'un pronom (la première ou la deuxième
personne du texte devenant la troisième dans le commentaire) etc.,
mais mots ou lettres de remplacement seront toujours mis entre
crochets droits.
Exemple: Le capitaine Marino prédit au jeune Aldo qu'[il]
vieillir[a] comme [lui] dans l'attente aussi épuisante que vaine
d'événements singuliers.
• Cas particulier : la citation des vers.
Les conseils énoncés plus haut valent pour les vers et la prose.
Mais si
l'on cite un vers entier ou plusieurs, l'usage recommande d'aller
systématiquement à la ligne pour bien les détacher.
Exemple : Néron dévoile sa cruauté par cet aveu
J'aimais jusqu'à ses pleurs que je faisais couler (v.
402).
B.
S'imposer la précision
Outre les fautes d'orthographe, il faut éviter les impropriétés, d'où la
nécessité de maîtriser le vocabulaire de la critique littéraire.
La plupart
des termes utiles à connaître figurant dans notre lexique (p.
246 et
suivantes), nous nous contenterons de regrouper ici quelques
expressions usuelles par centres d'intérêt
Exemples:
a.
Le mouvement
Ce poème a une structure dramatique : la première partie, faite d'une
montée progressive de la tension jusqu'au paroxysme, est suivie
d'une chute brutale dans une deuxième partie, beaucoup plus brève.
�---------------------• • ·
�tape 5 Rédiger
· • •----------------------,
b.
Les temps verbaux
• Cette organisation tripartite est renforcée par le jeu des
déterminations de temps : ...
Le passé composé(...
) présente l'événement dans la perspective du
présenl
c.
Le lexique
• farine prolonge manches blanches et pâle blouse ; rampe rappelle
ver ; morsures du ver renforce hurler ; face exsangue correspond à
spectre ; nez pointu accentue le côté repoussant de deux grands trous.
• Ce qui relèverait normalement d'une description statique est
présenté en termes de mouvement.
• Dans le (...) paragraphe, les termes s'ordonnent autour des
notions de (...) et de (...).
d.
La valeur suggestive des sonorités
• La douceur des voyelles nasalisées (an) renforcée par l'abondance
des labiales(m, b) crée une impression d'harmonie.
• De l'alliance de consonnes f et I émane une sensation de fraicheur.
• Le retour des voyelles aiguës i et u, surtout à la rime, suggère une
douleur lancinante.
e.
L'évocation d'images mentales
C'est une réalité psychologique qu'évoque ce texte apparemment
narratif.
L'utilisation de réalités concrètes pour évoquer des états d'âme est
constante chez (...).
f.
Le sens du texte
• Une impression d'obscurité (ambiguë, complexe, étrange, qui
défie l'analyse) naît de la juxtaposition d'éléments disparates.
• Le sens du poème ne se dégage que progressivement.
• Le satiriste dénonce à la fois une tare sociale et un travers humain.
• Par l'amplification épique, !'écrivain exalte le courage du héros.
• Le symbole final contribue à donner au message une portée
universelle.
C.
Rechercher l'élégance
Rarement innée, l'élégance s'acquiert par la rigueur, par la
fréquentation des bons écrivains et par l'entraînement.
�---------------------· · ·
· • •---------------------�
a.
S'interdire le laisser-aller
D'abord, on polit son style en traquant avec soin négligences,
répétitions et approximations.
Pour y parvenir il faut :
- bannir les termes vagues (un certain, chose, quel que soit) : Ronsard
manifeste une certaine tendresse pour Cassandre ➔ la tendresse de
Ronsard pour Cassandre se décèle dès le premier mot de l'ode,
« Mignonne » ;
- éviter le nous par lequel de nombreux candidats croient impliquer
plus directement le lecteur : Colette nous retrace l'une de ses
découvertes linguistiques ➔ Colette retrace l'une de ses découvertes
linguistiques, le mot « presbytère » ;
- renoncer au verbiage : On peut constater que Raymond Queneau
n'hésite pas à recourir à l'écriture phonétique ➔ Raymond Queneau
n'hésite pas à recourir à l'écriture phonétique.
b.
Charpenter les phrases
• Souligner une idée par le détachement en tête de phrase.
Modèle : • Excité d'un désir curieux, Cette nuit je l'ai vue arriver
en ces lieux» (Racine).
Application : Observateur attentif mais impitoyable des
comportements humains, Albert Cohen s'inscrit dans la lignée de
Proust et de Saint-Simon (p.
205).
• Introduire un balancement (de même que ..., de même; non seul�
ment...
, mais encore) ou une opposition (au contraire; si..., en revanche).
Modèle : « Car s'il m'est arrivé au cours de ma déjà longue carrière
de réclamer des peines capitales, // jamais autant qu'aujourd'hui, je
n'ai senti ce pénible devoir compensé ...
» (Camus, p.
113).
Application: Ce «nous» n'est-il qu'un pluriel de modestie par
lequel Verlaine se désigne lui-même ? Est-il, au contraire, un véritable
pluriel représentant, sinon l'ensemble des hommes, du moins Les
Lecteurs auxquels le poète cherche à communiquer son angoisse ?
• Imprimer un rythme binaire ou ternaire à une phrase.
Modèle : « Chaque sourire cachait un bâillement d'ennui, chaque
joie une malédiction, tout plaisir son dégoût [ ...
].
» (Flaubert, p.
100).
Application : Ce sont là des traits caractéristiques de l'humour de
Giraudoux, qui s'appuie sur trois techniques: rapporter de petits
effets à de grandes causes ou vice versa, regarder volontairement les
choses par le petit bout de la lorgnette, refuser toute emphase (p.
186).
�---------------------• • ·
· ••---------------------�
• Soigner les clausules* en terminant une phrase par trois éléments de
longueur ou d'intensité croissante.
Ce procédé est recommandé pour
mettre en relief la conclusion du devoir ou d'une de ses parties.
Modèle:« [...) Pareil à une source lente et entêtée, qui à la longue
devait envahir la salle, se répandre sur les boulevards extérieurs,
inonder le trou immense de Paris » (Zola, p.
34).
Appllcation: Pierrot serait alors une incarnation de l'artiste: à
la peur de la vieillesse et de la décrépitude s'ajouterait le spectre de
la misère, de l'abandon, de la solitude au sein d'une foule
indifférente (p.
122).
RIËDIGER LES TRANSITIONS, L'INTRODUCTION
ET LA CONCLUSION
Les unes comme les autres seront rédigées intégralement au brouillon
avant d'être recopiées.
Dans le commentaire composé, l'introduction et
la conclusion forment chacune un petit paragraphe.
Dans l'étude
littéraire, une phrase suffira dans les deux cas, comme pour la transition.
A.
Les transitions
Plus les arguments s'enchaîneront avec naturel, plus facilement le
lecteur sera enclin à accepter la thèse défendue.
Il est donc
indispensable de ménager entre les grandes parties du commentaire
des phrases qui résument ce qui précède et qui annoncent ce qui suit,
les transitions.
Exemple : Les joutes oratoires de Jupiter et d'Alcmène font rire par
leur humour souriant (= résumé de la première partie).
Mais en
proclamant haut etfort la dignité de sa condition de mortelle, Alcmène
donne une leçon de sagesse (= annonce de la deuxième partie).
A l'intérieur d'une partie, des mots de liaison suffisent à regrouper les
arguments successifs : d'abord, ensuite, enfin; le premier, le
deuxième; d'une part, d'autre part; en outre; de plus ...
B.
L'introduction
Elle équivaut à la captatio benevolentiae* par laquelle l'orateur cherche
à attirer la faveur de l'auditoire.
Elle comprend trois éléments réunis en
un seul paragraphe :
a.
l'amorce du thème;
b.
la situation du texte (dans l'œuvre, dans l'histoire littéraire) ;
c.
l'annonce du plan du commentaire.
�---------------------•• ·
· • •---------------------�
Exemple d'introdudion au commentaire du sonnet de
Verlaine, (p.
122) : Depuis leur première apparition au xv1• siècle, les
personnages de la commedia dell'arte n'ont cessé de fasciner les
artistes.
Peintres (Watteau), musiciens (Schônberg), poètes (Verlaine et
Laforgue) et aujourd'hui cinéastes (Marcel Carné avec Les Enfants du
paradis) ont donné des visages très différents à Pierrot, le doux rêveur
lunaire.
Dans ses Fêtes galantes, Verlaine l'avait doté de sens pratique
et d'un solide appétit, mais quinze ans plus tard, dans un sonnet de
Jadis et Naguère, il projette sur ce personnage traditionnel toutes les
angoisses qui assaillent un homme de quarante ans.
C.
La conclusion
C'est elle qui laisse une dernière impression au lecteur : aussi faut-il la
rédiger avec soin.
Elle aussi comprend trois éléments :
a.
un résumé du commentaire ou un bilan ;
b.
une ouverture ou un élargissement ;
c.
éventuellement, un jugement personnel.
• Une seule phrase peut suffire à condenser le bilan de la lecture :
légèreté et sérieux, roman et poésie, poésie et vérité ...
• L'élargissement donne l'occasion d'exploiter sa culture en opérant
des rapprochements avec d'autres œuvres ou des thèmes voisins.
• Dans la conclusion personnelle, ni l'admiration de commande (ce
poème est d'une beauté incomparable), ni le dénigrement
systématique (ce poème est d'une grande platitude et n'énonce que
des lieux communs), ni la mise en vedette (moi, personnellement je
pense que...
) ne sont de mise.
Pour exprimer avec simplicité et
spontanéité sa réaction devant le texte, on se rappellera le mot célèbre
de Kafka : Un livre doit être la hache qui brise en nous la mer gelée.
!:auteur a-t-il su nous toucher par une confidence lyrique? nous
convaincre par la rigueur de son raisonnement ou la pertinence de ses
arguments? nous séduire par l'habileté de la présentation? susciter la
pitié? l'indignation? le rire? Il suffit de se poser de telles questions en
fonction du genre et du type de texte pour trouver la matière d'une
conclusion personnelle.
Elle sera rédigée à la troisième personne
comme le reste du commentaire.
Exemple de conclusion (Verlaine, p.
122) : la conclusion est axée
sur le pouvoir évocateur de la poésie.
A travers le personnage mythique de Pierrot, Verlaine exprime ici sa
hantise de la mort.
Renonçant à la chanson grise tout en nuances telle
�---------------------• • ·
· • •----------------------
qu'il l'avait définie dans son « Art poétique », aux demi-teintes et au
mode mineur, il s'abandonne aux fantasmes qui le terrorisent et les
traduit avec un réalisme macabre.
Cette succession d'images brutales,
parfois hallucinatoires, et ce personnage tout blanc qui s'agite dans les
ténèbres font naître malaise, inquiétude, angoisse.
Bien plus, ils
s'imposent à notre imagination et - tel est le pouvoir de la poésie - la
hantent à son tour.
Car comment oublier ou....
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