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La production des grands hommes, Godelier

Publié le 07/02/2013

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Extrait : La Production des Grands Hommes. Pouvoir et domination masculine chez les Baruya de Nouvelle-Guinée Maurice Godelier Introduction : Maurice Godelier débute sa carrière comme philosophe mais considère qu'après l'agrégation, un philosophe doit savoir autre chose que la philosophie pour savoir philosopher. Il décide alors de recommencer des études et de se former en économie politique. Il entre ensuite à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes où il deviendra maître-assistant de Claude Levi-Strauss, alors titulaire de la chaire d'anthropologie au Collège de France. Fortement influencé par l'oeuvre de Marx, mais en même temps travaillant auprès de Lévi-Strauss, il s'efforce alors de faire apparaître les différences entre les approches de ces deux penseurs concernant l'analyse des structures sociales et de leur histoire. On rattache donc Maurice Godelier au domaine de l'anthropologie néo-marxiste. En 1975, il est nommé directeur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en sciences sociales et, en 1995, il crée à Marseille le CREDO (Centre de Recherches et de Documentation sur l'Océanie), laboratoire dédié aux sociétés du Pacifique. Le terrain sur lequel il réalise ses recherches fondatrices en anthropologie est l'actuelle Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il y étudie au cours de plusieurs voyages la tribu des Baruya. L'ouvrage dont cet extrait est issu, qui s'intitule La production des grands hommes, pouvoir et domination masculine chez les Baruya de Nouvelle-Guinée montre le fonctionnement de cette société telle qu'elle vivait avant l'influence coloniale australienne sur son territoire. C'est principalement la thématique de la domination masculine, selon les termes de l'auteur, qui nous est présenté dans cet extrait. Les Baruya sont environ 2000, ils vivent dans des zones forestières en altitude en Nouvelle-Guinée. Ils font partie de groupes de tribus en guerre perpétuelle, qui se chassent les unes les autres de leurs territoires. Les Baruya ont été chassés et se sont installés eux même à la place d'autres tribus. La tribu Baruya comporte une quinzaine de clans patrilinéaires, ils vivent principalement d'agriculture et d'élevage, ainsi que de la production de sel végétal. Il n'y a pas de lien entre pouvoir et richesse dans cette société sans Etat, mais pas sans inégalités. Toutes les activités font l'objet d'une division du travail selon âge et sexe. Certains individus peuvent se distinguer par leur talent, leur mérite, les femmes comme les hommes, mais les règles de la hiérarchie sociale Baruya sont telles que les femmes sont considérées globalement comme inférieures aux hommes, et que les femmes les plus « grandes « ne peuvent s'élever au niveau des « Grands Hommes «. 1ère partie de la ligne 1 à 35 : La place des femmes dans la société Baruya Maurice Godelier débute cette première partie par un paragraphe expliquant le fonctionnement du mariage dans la société Baruya. Il montre que les femmes appartenant à cette tribu sont échangées et circulent entre les clans afin de se marier. Les femmes sont donc un moyen d'échange et de lien entre les lignages. Pour aller plus loin, les mariages arra...

« Deux jeunes hommes échangent leurs sœurs.

Les jeunes filles peuvent refuser une fois le mari qu’on leur a promis et les mères peuvent empêcher, si nécessaire, le mariage de leurs filles.

Un homme sans sœurs peut se marier en rendant service au clan de sa femme et devra rendre une fille plus tard.

Les Baruya achètent parfois des femmes à d’autres tribus avec du sel mais ne vendent pas leurs femmes.

Ils n’accumulent pas et n’échangent pas des richesses contre des femmes ni l’inverse, contrairement à d’autres tribus.

Le mariage chez les Baruyas suit donc bon nombre de règles ; tous ces rapports impliquent une subordination certaine des femmes, du fait qu’elles soient considérées comme une ressource, un bien à échanger.

De plus, elles connaissent d’autres contraintes importantes dans le mariage : une femme ne peut quitter son mari, mais lui peut la répudier et la donner à ses frères ou cousins.

De même, quand un homme meurt, son épouse est donnée à ses frères ou cousins.

L’adultère est puni de mort et les femmes doivent toutes accepter de travailler dur et d’obéir aux hommes.

L’auteur poursuit sa première partie avec un second paragraphe traitant de la division sexuelle des tâches dans la tribu Baruya et encore une fois nous sommes témoins de la dévalorisation des femmes.

En effet, les hommes fabriquent les armes et les outils.

Les femmes, elles, n’ont pas le droit de fabriquer les outils, cela les rendrait dépendantes matériellement et socialement.

Dans la vie quotidienne, les hommes chassent, défrichent la forêt, coupent le bois, font le terrassement, construisent les maisons, font la guerre et le commerce avec les autres tribus.

Ils produisent également le sel utile au commerce intertribal, le sel étant la monnaie locale.

Les femmes cueillent, tuent des rats, souris, du poisson, pêchent les grenouilles et têtards.

Elles désherbent, plantent et récoltent les jardins, cultivent des joncs pour faire des pagnes, récoltent le chaume pour les toits, élèvent les porcs qui constituent la seconde ressource nourricière de la tribu, les enfants et préparent la nourriture.

Les tâches dévolues aux femmes sont donc plus nombreuses, ingrates et monotones, moins physiques et plus solitaires et elles n’ont pas le droit d’effectuer les tâches réservées aux hommes.

Pour cela, les hommes les jugent inférieures et indignent d’eux (bien qu’indispensables).

Maurice Godelier évoque ensuite une notion très importante pour le peuple Baruya : la notion d’ « initiation » lignes 17-18.

L’initiation est en effet un processus d’éducation qui concerne aussi bien les hommes que les femmes.

Les initiations masculines sont longues (une dizaine d’années) et dures : les jeunes hommes sont séparés de leur mère et même des femmes et sont battus, endurcis.

Ils sont amenés dans la grande maison cérémonielle, symbole de l’union des Baruya contre les autres tribus et de la solidarité des hommes contre les femmes.

Ils apprennent ensuite qu’ils devront être responsables, travailleurs, et prêts à se sacrifier pour la tribu.

Avant le mariage, ils doivent collecter les matériaux pour construire une maison.

Lors de la cérémonie, les mariés apprennent la conduite à respecter.

Ils vont ensuite dans leur maison, doivent attendre que la suie ait noirci le chaume pour faire l’amour.

Avant, l’homme donne son sperme à boire à la femme sensé la renforcer.

Le statut de l’homme augmente à chaque enfant.

Les femmes, quant à elles, ont des initiations courtes de quelques jours au moment de leurs premières règles.

Elles y apprennent les règles à suivre pour une femme, entre autres, elles ne doivent pas refuser de boire le sperme de leur mari.

Elles doivent se refuser à leur mari aux moments et endroits interdits.

Les femmes initiées sont battues.

L’initiation des hommes est plus longue et intense que celle des femmes.

La femme quitte sa famille pour celle de son mari, mais l’initiation féminine ne constitue pas une rupture dans leur quotidien fait de tâches ménagères contrairement aux hommes qui changent d’univers.. »

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