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La philosophie (cours)

Publié le 10/08/2014

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philosophie

Par la philosophie, l'Esprit se retourne vers lui-même, prend conscience de sa valeur, tente de déterminer sa situation dans l'univers. Et il est des philosophies où l'Esprit désesp�re, et se croit issu de la mati�re, il est des philosophies où l'Esprit triomphe, et croit la nature issue de lui. Mais peut-être le dernier mot de l'esprit est-il de mettre chaque chose à sa place, de connaître à la fois ses limites et sa valeur. L'Esprit aperçoit alors que son infinité est moins infinité de fait .qu'infinité de droit. L'Esprit est la Valeur s'opposant à l'Être, et s'imposant à l'Être. Il n'est pas le Monde, il est l'ordre du Monde.

Au terme de ces leçons, tentons de rappeler leurs conclu­sions essentielles, et de définir plus exactement la nature et la tâche de la philosophie.

A. — Tâche de la philosophie

Dans les sciences, nous l'avons vu, l'esprit est tourné vers l'objet, tente de le connaître. Aussi se confond-il avec l'objet, et ne distingue-t-il pas ce qui vient des choses, ce qui vient de lui-même. Aussi se spécialise-t-il, et ne poss�de-t-il aucune vue d'ensemble de l'univers. La

 

science constituée apparaît en ce sens comme un ensemble de connaissances mortes : elle tend vers le repos de l'esprit. Mais l'esprit, pour demeurer Esprit, doit être toujours conscient et actif. Aussi la philosophie stimule-t-elle l'esprit, l'empêche-t-elle de s'enfoncer dans le dogmatisme. Elle l'oblige à critiquer ses propres résul­tats, à douter, à penser effectivement, et donc à s'affirmer en tant qu'esprit. Ici l'esprit se tourne vers soi, et essaie de déterminer sa place dans la nature.

En cette tâche, la philosophie nous paraît user de méthodes qui lui sont propres :

a) La méthode de la philosophie est avant tout cri­tique. Le philosophe ne saurait penser à l'aide de mots, et selon des habitudes, des jugements tout faits. Il doit penser vraiment, par un acte effectif et présent de son esprit. Il doit revenir sur ses propres démarches intellec­tuelles, examiner ses idées, se demander ce qu'elles contiennent, et si elles ne sont pas des illusions de pensée. Cette méthode critique, qui prend la pensée comme objet de pensée, est éternelle en philosophie. Déjà SOCRATE montrait à ses interlocuteurs qu'ils parlaient du Bien, de la Vertu sans savoir exactement ce qu'ils mettaient sous ces mots. DESCARTES nous demande de n'user que d'idées claires et distinctes, c'est-à-dire d'idées pré­sentes et réelles, de véritables idées. BERKELEY critique les idées abstraites qui, dit-il, ne tombent pas sous l'intui­tion de l'esprit. HUME montre que, sous la notion de cause, notre pensée ne saisit nulle raison d'être, nulle efficacité.

b)  Mais les négations de la critique deviennent affirma­tions d�s qu'elles sont rattachées à leur source et que, par elles, l'esprit aperçoit sa supériorité sur tout ce qu'il pense. Ici, la méthode de la philosophie est réflexive : l'es­prit se pose comme sujet nécessaire de toute connais­sance, et nous passons du point de vue de notre esprit particulier à celui de l'Esprit universel. Cela se voit, par exemple, chez DESCARTES, lorsqu'il découvre Dieu au sein du cogito, comme étant la source premi�re et la garantie de la valeur de ses pensées.

c)  Enfin, la philosophie peut user de synth�ses. Elle rapproche les résultats des sciences, essaie de parvenir à une vision d'ensemble de l'univers. Elle tend vers un sys­t�me cohérent de pensées. En effet, la pensée de la plu­part des hommes contient plusieurs syst�mes isolés, mal reliés, parfois contradictoires. Le philosophe ne veut lais­ser subsister en lui aucune contradiction. Il s'efforce d'ef­fectuer, à chaque instant, une synth�se cohérente de toutes ses idées. Ainsi ses connaissances, souvent issues de sciences diverses, s'éclairent mutuellement. De même, alors que beaucoup de gens admettent que telle chose est un bien et recherchent son contraire, la philosophe veut mettre ses actions d'accord avec ses préceptes et unifier sa conduite comme il a unifié sa pensée.

Nous-mêmes, en ces leçons, avons tenté d'user de semblables méthodes. Rappelons ici nos conclusions essentielles.

 

B. — Réalisme et idéalisme

En psychologie, nous nous sommes résolument placés au point de vue de la science. Sans doute peut-on prétendre que c'est là négliger l'esprit, l'esprit ne pouvant être connu scientifiquement, l'esprit étant sujet, et non objet de connaissance. Mais le psychisme n'en est pas moins, parmi tous les objets de la connaissance, celui où l'esprit se manifeste le plus directement. Aussi avons-nous sans cesse découvert sa marque. La conscience nous est apparue comme connaissance de la relation et faculté de synth�se, l'image comme signification, l'idée comme jugement ; l'association des idées elle-même, où certains croient voir triompher le mécanisme, ne nous a semblé trouver sa raison d'être que dans l'unité des synth�ses qu'elle construit. En un mot nul état, nulle opération psy­chique ne nous ont paru pouvoir être compris qu'à partir de cette unité qui est celle de l'esprit.

Sans doute avons-nous découvert au psychisme d'au­tres conditionnements : biologiques, physiologiques, sociaux. En ce sens, l'esprit pourrait paraître conditionné, et n'être lui-même qu'un instrument au service de fins qui le dépassent, en particulier, semble-t-il, de fins biolo­giques. Mais il importe de remarquer tout d'abord que ce point de vue résulte du postulat méthodologique de la psychologie scientifique : elle part de l'objet, et donc aperçoit le psychisme comme résultant de la nature. Si, au contraire, on part de l'esprit, on verra, avec KANT, la nature et son déterminisme en résulter.

En second lieu, il ne faut pas confondre conscience et

 

esprit. La science condamne à bon droit l'anthropomor­phisme et, plus généralement, la tendance qu'a l'homme à se considérer comme le centre de l'univers, à imaginer le réel sur le plan de ce qui lui est donné, et comme analogue à sa propre conscience. La conscience n'est apparue que fort tard dans la vie. Sans doute, ne pouvant concevoir une réalité quelconque que sur son propre type, se posa-t-elle aussitôt comme totalité, supposant que le réel tout entier était conscience et esprit. Mais on peut croire qu'il existe au monde une mati�re.

Enfin, l'esprit lui-même semble devoir se définir non par la conscience, mais par l'ordre, l'unité s'imposant à la multiplicité. D�s lors, la vie elle-même, pensée d'un point de vue métaphysique, apparaît comme partielle­ment spirituelle (il semble qu'en elle l'unité d'une fin s'impose au mécanisme). On peut donc à la fois expliquer la conscience par la vie, et maintenir le primat de l'esprit. Il n'en reste pas moins qu'en tout ceci demeure la dualité de l'esprit et de la mati�re, et, dans le plan de la connais­sance, celle de l'explication du psychisme par l'objet et de son explication par le sujet.

 

b) L'étude de la méthologie nous a révélé, elle aussi, le rôle de l'esprit. Les résultats de la science ne s'expli­quent que par lui, n'ont de sens que par lui. Pourtant, il nous a paru que l'esprit connaissant se heurtait à des résistances qui ne pouvaient avoir leur source dans sa propre activité, et il nous a semblé nécessaire d'admettre une mati�re.

philosophie

« LA PHILOSOPHIE 107 science constituée apparaît en ce sens comme un ensemble de connaissances mortes : elle tend vers le repos de l'esprit.

Mais l'esprit, pour demeurer Esprit, doit être toujours conscient et actif.

Aussi la philosophie stimule-t-elle l'esprit, l'empêche-t-elle de s'enfoncer dans le dogmatisme.

Elle l'oblige à critiquer ses propres résul­ tats, à douter, à penser effectivement, et donc à s'affirmer en tant qu'esprit.

Ici l'esprit se tourne vers soi, et essaie de déterminer sa place dans la nature.

En cette tâche, la philosophie nous paraît user de méthodes qui lui sont propres : a) La méthode de la philosophie est avant tout cri­ tique.

Le philosophe ne saurait penser à l'aide de mots, et selon des habitudes, des jugements tout faits.

Il doit penser vraiment, par un acte effectif et présent de son esprit.

Il doit revenir sur ses propres démarches intellec­ tuelles, examiner ses idées, se demander ce qu'elles contiennent, et si elles ne sont pas des illusions de pensée.

Cette méthode critique, qui prend la pensée comme objet de pensée, est éternelle en philosophie.

Déjà SOCRATE montrait à ses interlocuteurs qu'ils parlaient du Bien, de la Vertu sans savoir exactement ce qu'ils mettaient sous ces mots.

DESCARTES nous demande de n'user que d'idées claires et distinctes, c'est-à-dire d'idées pré­ sentes et réelles, de véritables idées.

BERKELEY critique les idées abstraites qui, dit-il, ne tombent pas sous l'intui­ tion de l'esprit.

HUME montre que, sous la notion de cause, notre pensée ne saisit nulle raison d'être, nulle efficacité.. »

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