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LA JUSTICE (cours de philo)

Publié le 02/11/2016

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justice
1 — La justice peut être d'abord individuelle, légale ou sociale.
 
A — Individuelle, elle fait « le juste » qui est l'homme ou la femme à la vie personnelle unifiée et mettant en pratique un idéal moral sans équivoque ni faiblesse. Dès la plus haute Antiquité, le Juste se confond avec le Sage, c’est-à-dire avec l'homme qui a sacrifié toute recherche d'intérêt égocentrique, qui se détourne des vanités de ce monde, qui peut donc aimer ses semblables d’un amour désintéressé, et leur donner des conseils valables, fruits de son Savoir et de son authenticité. Proche du « Juste » est le » Saint ».
 
« Le Saint », écrit Max Scheler (dans “ Le Saint, le Génie, le Héros », 1916) « a une attitude fondamentale : celle d'être continuellement orienté, par l'amour et la contemplation, vers Dieu... et non pas, comme les autres, vers le monde... Il agit seulement par sa Présence. » Dans le langage courant, l’homme dit « juste » est sans passion, raisonnable et de bonne volonté (par surcroît disons qu’il doit être aussi intelligent et informé) et surtout décidé et constant.
 
B — Légale, elle est obéissance à la loi. L’application stricte de la loi, dans toute la rigueur de sa lettre, peut quelquefois être injuste en ce qu’elle ne tient pas compte de la situation humaine. En ce sens on peut dire « Summum jus, summa injuria » (L’application la plus grande (lu droit est la plus grande injustice) : par exemple, un commissaire d’aéroport laisse à terre, à une escale, deux jeunes bambins parce que la convoyeuse n’a pas les papiers strictement en règle et les petits sont perdus pendant trois jours dans une ville inconnue pendant que la mère les attend en vain à l’aérodrome d’arrivée situé à l’étranger (exemple authentique : le commissaire appliquait le droit le plus strict).
 
C — Sociale, elle est organisation du bien commun. La justice sociale se traduit par la création d’institutions qui réalisent une amélioration d’un des éléments du bien-être collectif. Elle est en particulier l’organisation de l'assistance de l’Etat aux faibles ou aux malades. Exemple : l’institution de la Sécurité Sociale, de la retraite aux vieux travailleurs, des allocations familiales, etc. sont des faits de justice sociale. Celle-ci crée à la fois de nouvelles obligations pour l’État et de nouveaux droits pour les ressortissants.
 
2 _ La justice peut être commutative, distributive ou
 
rectificative. Cette distinction était déjà faite au temps d'Arislote et fut reprise par la scholastique au Moyen Age, pour ce qui est des deux premières formes.
 
A — Commutative, elle préside aux contrats et échanges ; elle requiert l’égalité de principe entre les contractants et l’équivalence des choses échangées. Quand l’État emprunte aux particuliers à un moment où l’argent emprunté a un pouvoir d’achat donné, et qu’il rembourse dix ans après alors que le pouvoir d’achat a baissé de 50 %, il manque
LA JUSTICE
Nous voici devant une notion aussi lourde de sens que difficile à définir. Étymologiquement (de jus, juris, le Droit) la Justice est l’application du Droit, et en ce sens, le mot se confond avec la constatation de l'accord entre la règle (ou la loi) et l'action individuelle.
 
En tant qu'institution, la Justice (c’est-à-dire l’ensemble des tribunaux et de leurs annexes fonctionnelles) est l’appareil d’évaluation de la conformité ou de la non-conformité des conduites avec les règles du Droit positif, ainsi que l’appareil ordonnant les peines et sanctions en fonction de l'évaluation des infractions (ou non-conformité des actes par rapport au Code).
 
Cependant le sens commun distingue avec raison « le juste » (l’homme juste) du juriste ou même du juge. Quand Saint-Louis « rendait la justice » au pied de son arbre, il ne comparait pas des conduites individuelles avec un code, il réglait et résolvait des situations conflictuelles, écoutait des doléances et y portait remède, rectifiait les injustices résultant de l'application du droit coutumier ou de la Loi, et cela en se guidant sur un sentiment qui répondait chez ses interlocuteurs à une espérance. Il y a alors appel à quelque chose de plus haut que l’application d’une règle prescrite, appel à une Idée, à une Valeur, à un Idéal.
 
Platon a considéré la Justice comme un des visages du Bien (les autres visages étant le Vrai et le Beau), et après lui, toute la lignée des philosophies religieuses a pratiquement identifié la Justice à Dieu, confirmant par là que la Justice est une valeur absolue en même temps qu’une aspiration humaine universelle.
 
Il est cependant de l’essence de l'idéal de n'être jamais complètement réalisé ici-bas.
— / — Les différentes formes de la justice.
 
La Justice est le respect et la défense des Droits de l’Homme et des contrats passés librement entre les hommes, y compris le contrat social tacite par lequel une institution politique est reconnue et obéie dans la mesure où elle garantit, en échange, la satisfaction des Intérêts et aspirations de ses membres.
— III— Justice et charité.
 
Les rapports de la justice et de la charité peuvent être envisagés de deux manières limites qui ne s’excluent que dans un certain sens et à l’occasion d’un malentendu.
 
1 — La charité est l’âme do la justice. « La justice en elle-même n'aboutit jamais qu'à une paix armée sous laquelle veillent les haines, couvent l’inimitié et la discorde ; la paix de la justice résulte d’un équilibre mécanique qui s'établit entre plusieurs guerres civiles virtuelles, l’une par l’autre refoulées... La justice corrige les violations du droit, tandis que la charité supprime, avec la mauvaise volonté, la possibilité même de la violation... La justice est une thérapeutique discontinue qui doit se répéter indéfiniment ; là même où elle apparaît comme le régulateur systématique de l’inégalité, elle réduit la haine à l'impuissance sans en tarir la source... L’Amour est la volonté de la Charité ; aucun mécanisme social ne remplace cette bonne volonté, cette inspiration d’une bienveillance éloquente et ingénieuse qui est la seule raison suffisante du désintéressement, la seule garantie permanente de la paix... La justice ne fait pas de cadeaux, elle ne donne pas ce qu'elle ne doit pas, mais elle en donne à chacun pour son argent... L’approximative charité, qui fait plus que son dû, est l’oxygène de la justice. Elle ne proportionne plus son amour à la valeur aimable, comme la justice proportionne son estime au mérite de la personne ou au prix de la chose : mais elle aime sans mesure. » (V. Jankelevitch, « Traité des vertus », 1949).
 
il y a deux manières pour la charité de n’être plus que justice ;
 
A — Lorsqu'elle mesure el calcule l'amour. Chercher à donner aux pauvres en choisissant les « cas intéressants », les « méritants », e’est faire des distinctions juridiques, marchander l’amour ; c’est faire seulement acte de justice en se substituant soi-même à l’institution juridique trop lointaine.
 
B — Lorsqu'elle est amour abstrait de l’humanité. Il y a des êtres qui se sentent pleins d’un amour sans bornes pour l’humamté-en-général, qui se passionnent pour « les problèmes humains »en construisant pour leur compte une philosophie généreuse et philanthropique qui reste une philosophie. En même temps qu’ils se sentent très proches de cette humanité générale — et abstraite - ils s’éloignent de ceux qui les entourent et sont extrêmement critiques et méfiants à l’égard de leurs proches. Dans ce cas. leur « humanité » est lointaine, Pour eux, l’Humanité c'est « tout le monde et personne »... Mais la véritable charité est aussi concrète que la justice est abstraite. Elle voit dans le prochain (que ce soit le gueux qui passe, l’enfant qui vous regarde, votre collaborateur, votre subordonné, votre ennemi ou votre chef) le » toi » avec lequel un dialogue personnel est possible et pour qui vous pouvez faire infiniment plus que votre devoir.
 
2 _ « Nous n’avons pas besoin de votre charité, nous
 
voulons la justice ». Par cette phrase célèbre et cinglante. Proudhon

justice

« 1 - La justice peut êtro d'abord individuelle , lég ale ou sociale.

A - Jnliividue/l t, elle fail •le juste • qui est l 'homm e ou la femme à la vie personnelle unifléc ct me ttant en pratique un idéal mora l sans équivoque ni faiblesse.

Dès la plus h aute Antiquité, le J uste sc confond avec le Sage, c'est -ii-dire avec l'homme qui a sacrifié tout e recherche d'in térêt.

égo~.:cn trique, qu i se détourne des vanités de ce monde, qui peut donc a im er ses semb lable s d' un amour désin ­ tére ssé, ct leur donn er des con se ils valabl es, fruit s de ~on Savoir el de son a uthenticité .

Proche du • Just e • est le • Saint •· • Le Saint '• éerit lltaxSclle le r (dans • Le Sain t , le Gén i e, le H éros •.

1916) • a une attitude fondamen tale : ce lle d 'ètre c on tinuellement orient ,é, par l'amour el la contemplation, vers Dieu ...

et non pas, corn me les autres, vers le monde ...

Il agit s e u lem e nt par sa Présence.

• Dans le langage courant, l'h o mme dit • juste ,, es t sans passion.

rais o nnob le et de bonn e volout é (par surcroit dison~ qu'il doit être aussi int elligent et informé) et ~urtout décidé et constant.

B - Léga le, elle est obéissance à la loi.

L'appli calion stricte de la loi, dans toute la rigu e ur de sa lettre, peut qu e lqu efois Nre inju ste en ce qu'elle ne tient pas cornJ>le de la s ituation hum aine.

En ce sens on peul dire • Summum jus, sum ma injuria • (L 'aJ> plica tion la plu s grand e du droit est la plus grand e inju s tice ) :par exemple, un commis ­ saire d'aéroport lais se à terre, à une escale , d eux jeunes bambins par ce que la convoyeuse n'a pas les pap iers stricte m e nt en règle el les p etits sont perd us pendant trois jours dan s une ville in connue pendant que la mère les att end en vain à l'aé rodrome d'a rrivée situé 1:1 l'étrange r (e xemp le authentiqu e: le comm iss aire appliquai t le dro it l e plus strict).

C - Socia le, elle es/ organisa tion du bi en commun .

La justi. »

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