LA « GRAND-PEUR DE L'AN DEUX MIL »
Publié le 03/12/2018
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LA « GRAND-PEUR
DE L'AN DEUX MIL »
Serait-cc l’approche de l’an deux mil ? Il semble, en tout cas, que, comme à la fin du premier millénaire, une « grand-peur » ait saisi l’Europe. Non pas pour des raisons religieuses, bien évidemment, mais pour des raisons économiques. La croissance piétine : 1,3 % en 1996, soit presque moitié moins que l’année précédente. L’emploi, de ce fait, stagne, et le chômage ne cesse de battre de tristes records : 19 millions de personnes sans emploi dans l’Union européenne, contre 12 millions au début de la décennie. La construction européenne est désormais perçue comme un boulet, alors qu’elle devait être un stimulant. L’Europe doute d’elle-même : ses citoyens sont de plus en plus nombreux à craindre que le « modèle européen », fait de solidarité et de croissance, ne soit en train de disparaître sous l’effet de la mondialisation. Il est vrai qu’en 1996 cette dernière s’est accélérée, stimulée par la libéralisation des échanges commerciaux et financiers. Les firmes « nomades » choisissent d’investir non plus où se trouvent leurs marchés, mais où le rapport qualité/coût leur paraît le meilleur. Les gestionnaires de fonds savent que la rentabilité de leurs placements ne dépend plus de la prospérité de leur pays, mais de leurs capacités à déplacer leurs capitaux dans le monde entier au gré des occasions rentables.
DE QUELQUES ILLUSIONS
SUR LA MONDIALISATION
La mondialisation met en concurrence des systèmes nationaux, et les plus rigides, ou les moins efficaces, en paient le prix. Tout cela est vrai. Mais il est intéressant de regarder quelque peu au-delà de nos frontières, au-delà de l’Europe, car, tandis que l’UE connaît des difficultés, les autres ensembles économiques voient leur situation s’améliorer. C’est le cas, bien entendu, de l’Asie du Sud-Est, qui continue
d’égrener des taux de croissance époustouflants : 6,2 % en 1996 pour l’ensemble des pays (Taiwan, Corée du Sud, Thaïlande, Singapour, Hongkong, Malaisie, Viêt-nam), 9,5 % pour la Chine. Mais c’est le cas aussi de l’Amérique latine, qui, après des années difficiles, semble renouer avec la croissance (2,7 % en 1996). C’est le cas, encore, de l’Afrique subsaharienne dans son ensemble, pour laquelle 1996 aura été la meilleure année depuis deux décennies, avec 3,8 % de croissance. C’est le cas, enfin, du Japon (3,6 %), qui a surmonté cette année trois années de crise financière, et des Etats-Unis (2,4 %), qui continuent sur leur lancée, et entament une sixième année consécutive de croissance soutenue. Tous ces ensembles sont, peu ou prou, immergés eux aussi dans le mouvement de mondialisation, qui semble les doper plutôt que les freiner. L’explication paraît simple : « les autres » ont gagne ce que « nous » avons perdu. Dans la compétition mondiale, l’Europe aurait été défavorisée par ses coûts salariaux élevés, son système de protection sociale qui freine ou diffère les nécessaires adaptations ; bref, par une rigidité excessive face à la flexibilité et au mordant des autres pays. Nous serions victimes d’une « mauvaise graisse », dans un monde où d’autres ont appris à courir plus vite que nous. Pour inverser la tendance, il importerait donc d’éliminer toutes ces rigidités, tous ces freins à la libre initiative qui, en taxant de façon excessive ceux qui prennent des risques, les empêchent de renouveler et de moderniser notre tissu productif.
Cette explication n’est pourtant pas totalement convaincante, car l’Union européenne est globalement excédentaire concernant son commerce extérieur, et ce, pour un montant qui n’est pas négligeable : 850 milliards de francs en 1996. Les emplois que les pays membres ont perdus du fait de l'augmentation des importations sont largement compensés par ceux que l’UE a gagnés en tant que première puissance exportatrice mondiale. En outre, les deux tiers de son commerce extérieur constituent des échanges intracommunautaires : c’est dire que nos principaux concurrents sont en fait les pays européens eux-mêmes.
L’idée que l’Union européenne se viderait de sa substance productive - donc de scs emplois - au profit des autres pays, selon un système de vases communicants, est très contestable. La réalité est différente : la croissance des autres doit peu à notre affaiblissement, et notre affaiblissement doit beaucoup à l’Europe elle-même. C’est donc un problème intérieur avant d'être un problème extérieur.
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im ple : « les autres » ont gag né ce que « nous »
avons perdu.
Dans la compétition mondiale ,
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par une rigidité excessive face
à la flexibilité et au mordant des autres pays.
Nous serio ns vic time s d'une « mauvaise
graisse », dans un monde où d'au tres ont appris
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Pour inverser la ten
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rigidités, tous ces freins à la libre in it ia ti v e qu i,
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moderniser notre tis su p rod uct if .
C ett e e xp lica tio n n'est pourtant pas totale
ment convaincante, car l'Union européenne est
globalement ex céd entai re concernant son com
merce extérieur, et ce, pour un montant qui n'est
pas négli ge able : 850 mill iar ds de francs en
1996.
Les em ploi s q ue les pays mem bre s on t
p erdus du fait de l'augmentation des importa
tions so n t largement compensés par ceux que
I'UE a gagnés en tant que première puiss an ce
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En outre, les deux tiers
de son commerce extérieur constituent des
échanges intracommunautaires : c'est dire que
no s princ ip au x concurrents sont en fait les pays
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L'idée que l'Union euro pé enne se viderait
de sa substance productive -donc de ses
e m plo is - au profit des autres pays, selon un
système de vases communicants, est très contes
table.
La réalité est différe nt e : la croiss an ce des
a u tr es doit peu à notre affaiblissement, et notre
affaiblissement doit bea uco up à l'Europe elle
même.
C'est donc un problème inté rieu r avant
d'être un problème extérieur.
TAUX D'INTÉRÊT
ET DÉFICITS
Quand treize des quinze États membres -la
Grèce et le Royaume-Uni étant les deux excep
tions- appuient simultanément sur le « frein »,
le « convoi eur o pée n » est bien contraint de
ralentir.
C'est à cela qu'aboutit forcément la
réduction des défi cits b ud gé ta ire s i mposé e par
�{,-.be/ah.
le
traité de Maastricht aux pays qui souhaite
raient participer à la monnaie unique.
En soi,
cette réduction des défici ts n'est, évidemment,
pas contestable : un Éta t ne peut éternellement
vivre à cré dit en confiant aux futurs contri
b u ab les le soin de rétablir des équilibres qu'il ne
parvient pas à instaurer.
En outre, les déficits
publics, financés par des emprunts à des taux
très élevés, ont tendance à s'entretenir d'eux
mêmes, par un mécanisme classique de « bo ule
de neige ».
Ainsi, en France, la charge des inté
rêts à verser au titre de la dette pub liq ue rep ré
sente, à elle seule, les qu atre cinquiè mes du défi
cit des comptes publics.
Les célèbres a été légère m ent diffé
rent, car le déficit public était très faible : les
autorités ont donc pu à la fois augmenter la
dépense publique et ré d uir e les taux .
Mais, en Europe, c'est une p olitiqu e op
posée qui a été su iv ie.
Le > mon éta ir e a
été serré en même temps- et aussi fort -qu e le
> budgétaire.
Certes, en 1996, on a com
mencé à desserrer le p rem ier, mais trop timide
ment pour inverser réellement la tendance ;
d'autant que, contrairement au dollar, le s mon
naies européennes se sont appréciées, et donc
les pro duits européens se sont vendus plus diffi
cilement à 1 'é tr an ger.
Or cette restriction moné- AU
SOMMET EUROPÉEN DE DUBLIN,
LES QUINZE PARVIENNENT À UN COMPROMIS
SUR LE>
DÉFENSEUR !�'TRANSIGEANT DE lA STABILITÉ
MONÉTAIRE, LE PR�IDENT
DE LA BUNDESBANK HANS TiETMEYER
(ICI LORS DE LA RÉUNION 01} 07 EN JANVIER
1996) SAIT IMPOSER SES VUES
AUX GOUVERNE.MEiNTS EUROPEENS.
FORTE OE SES RICHESSES NATUREL'-ES,
LA MAJ.AISIE, L'UN DES DRAGONS DE L'AsiE,
CONCILIE SANS DIFflCULTÉ APPARENTE
ISLAMISATION DE LA SOCIÉTÉ
ET D�VELOPPEMENT ÉCO 'OMIQUE -.
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