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LA GRAMMAIRE --ou TEXTE Ce qu'il faut savoir ► Mots-clés Phrase, période, parataxe ; anacoluthe, asyndète, ellipse, chiasme, mise en...

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« LA GRAMMAIRE --ou TEXTE Ce qu'il faut savoir ► Mots-clés Phrase, période, parataxe ; anacoluthe, asyndète, ellipse, chiasme, mise en relief; voix, temps, aspects et modes verbaux. L'organisation grammaticale du discours obéit essentiellement aux règles de la syntaxe: règles d'accord, emploi des temps, ordre des mots, contraintes des modes.

L'écriture cependant peut jouer avec ces règles, par des choix ou des transgressions significatifs. L'étude stylistique de la grammaire du texte s'attachera à ce jeu sur la règle et ses variations et transgressions, toujours liées à une volonté expressive. 0 LA PHRASE ► Observer ►Ex.: Quand le lac agité ne me permettait pas la navigation, je passais mon après-midi à parcourir l'île, en herborisant à droite et à gauche, m'as­ seyant tantôt dans les réduits les plus riants et les plus solitaires pour y rêver à mon aise, tantôt sur les terrasses et les tertres, pour parcourir des yeux le superbe et ravissant coup d'œil du lac et de ses rivages, couron­ nés d'un côté par des montagnes prochaines, et de l'autre élargis en Étape 2 Analyser le texte et répondre aux questions d'observation riches et fertiles plaines, dans lesquelles la vue s'étendait jusqu'aux mon­ tagnes bleuâtres, plus éloignées, qui la bornaient. Rousseau, Rêveries du promeneur solitaire Une seule phrase, qui frappe à la fois par sa majesté et son équilibre. Plusieurs caractéristiques grammaticales concourent à cet effet : la lon­ gueur de la proposition principale, encadrée entre une subordonnée tem­ porelle et deux relatives; la combinaison des compléments en couples, par échos (tantôt dans...

pour y...

, tantôt sur...

pour y...) ou par chiasmes* (couronnés d'un côté et de l'autre élargis); la progression des segments par masses croissantes (du lac et de ses rivages), qui épouse la progres­ sion du regard, dans un champ constamment élargi, jusque dans la clôture de la phrase délimitée par le verbe« borner».

L'équilibre de cette période descriptive dessine un univers stable, rassurant, propice au bonheur que l'auteur veut évoquer. ► Retenir • La phrase est un énoncé où les mots se combinent selon des relations de sens et d'organisation grammaticale. - Elle lie un thème et un prédicat: Ces vieux/ ça n'a qu'une goutte de sang dans les veines (Daudet). - Elle a une mélodie, variable selon l'intonation, mais toujours caractéri­ sée par une phase montante, la protase* : Ces vieux, et une phase descen­ dante, l'apodose*: ça n'a qu'une goutte de sang dans les veines. - Elle se structure dans une ponctuation, dont il convient d'étudier les effets expressifs. • Les différents types de phrases - phrase simple (qui ne comporte qu'un verbe conjugué) / phrase com­ plexe (qui comporte plusieurs propositions) ; - phrase verbale (dont le noyau est un verbe)/ phrase nominale, dont les ressources expressives sont utilisées dans les exclamatives (Quel ennui!) ou dans les descriptions, auxquelles elles donnent le dépouillement de notations brutes (Dehors, le bruit des chants et des crosses de fusils, Malraux); - phrases déclarative/ interrogative/ exclamative/ impérative. • La période est une phrase complexe qui se développe en un vaste ensemble en multipliant les propositions selon des effets logiques et rythmiques. • La juxtaposition de phrases courtes et simples, au contraire, s'appelle parataxe. e ► LES JEUX SUR L.'ORDRE DES MOTS Observer ► Ex.

: J'essayai de lui parler au contremaître à l'oreille, il a grogné comme un cochon en réponse et par les gestes seulement il m'a montré, bien patient, la très simple manœuvre que je devais accomplir désormais pour toujours.

Mes minutes, mes heures, mon reste de temps comme ceux d'ici s'en iraient à passer des petites chevilles à l'aveugle d'à côté qui les calibrait, lui, depuis des années les chevilles, les mêmes.

Moi j'ai fait ça tout de suite très mal.

On ne me blâma point ... Céline, Voyage au bout de la nuit Deux caractéristiques grammaticales s'opposent ici - un désordre créé par la concurrence du passé simple et du passé com­ posé, par le déplacement de certains compléments (à l'oreille, par les gestes seulement), par l'incorrection d'une ellipse (comme ceux d'ici) et par le jeu des redondances (entre noms et pronoms : lui parler au contre­ maître, les chevilles, les mêmes) ; - la multiplicité des compléments de temps, renforcée par le triple sujet de la deuxième phrase (gradation : Mes minutes, mes heures, mon reste de temps). Ces deux traits se combinent pour exprimer simultanément le caractère tragiquement répétitif du travail à la chaîne et l'inadaptation du narrateur. ► Retenir a.

L'ordre des mots L'ordre usuel des mots dans la phrase obéit à des règles de logique (sujet­ verbe-complément), d'euphonie (progression par masses croissantes : un long discours, un discours interminable) ou de convention (de lourdes tresses, des tresses noires). La langue littéraire n'est pas seule à le modifier, elle le fait toujours à des fins expressives - l'antéposition d'un complément crée des effets d'attente ou de mimé­ tisme : Puis, à pas lents, musique en tête, sans fureur/ Tranquille, souriant à la mitraille anglaise/ La garde impériale entra dans la fournaise (Hugo) ; ou simplement de mise en relief : Jamais je ne m'ennuie (Molière); - l'inversion surprend et met ainsi en relief le mot déplacé : un intermi­ nable discours; tes tresses lourdes et noires (Baudelaire).

Elle peut être néanmoins imposée par une structure grammaticale: Vienne, vienne la mort! (André Chénier) ; Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes (Corneille) ; - la disjonction crée une coupure dans une suite attendue (sujet-verbe, verbe-COD): les insurgés avaient de distance en distance coupé les rails (Flaubert). b.

Les figures de syntaxe Elles jouent avec les normes de la grammaire - l'anacoluthe rompt la construction attendue d'une phrase : Et pleurés du vieillard, il grava sur leur tombe (La Fontaine) ; - l'asyndète supprime les mots de liaison entre deux propositions: Vous n'êtes point gentilhomme, vous n'aurez point ma fille (Molière); - le chiasme construit la phrase en miroir en inversant dans sa deuxième partie l'ordre des éléments de la première: Sans amitié pour l'un, et pour l'autre sans flamme (Corneille); - l'ellipse supprime certains éléments de la phrase: Soleil coupé (Apollinaire) ; - Je zeugma coordonne de façon inattendue deux compléments d'un même verbe pris dans deux sens différents: Il prit du ventre et beaucoup de pays (Prévert). 0 ► LES FORMES DU VERBE Observer ► Ex.

: On voulait que je fusse d'église, et l'on me fit étudier, mais je ne profitais guère.

J'aimais trop jouer à la paume, c'est ce qui m'a perdu. Quand nous jouons à la paume, nous autres Navarrais, nous oublions tout.

Un jour que j'avais gagné, un gars de ['Alava me chercha querelle. Mérimée, Carmen Dans ce récit au passé, on observe cinq temps verbaux - le passé simple marque les jalons essentiels du récit (on me fit étudier, me chercha querelle) ; - l'imparfait présente des circonstances (explication: On voulait, J'aimais) ou le développement d'un état (je ne profitais guère); - le plus-que-parfait indique une action accomplie à un moment crucial du récit ; - le passé composé indique que l'action passée rejaillit sur le présent (ce qui m'a perdu); - quant au présent, il sort de la narration, pour noter une vérité atempo­ relle. La forme verbale se définit par la personne, la voix, le temps, le mode.

Si le plus souvent son emploi est régi par les lois grammaticales, le choix de ces instances ou leur densité ont une valeur stylistique. ► Retenir Les temps Le monde connaît trois temps (présent, passé, futur), la langue en connaît sept, et certains d'entre eux multiplient les valeurs d'emploi. a.

Le présent exprime un fait actuel, quelle que soit sa durée: Voilà plus de trente ans que je suis dans le désert à gémir toujours (Flaubert). - Il peut, par effet expressif, marquer l'imminence d'un fait à venir ou la proximité d'un fait passé: Mais hier il m'aborde, et me serrant la main «Ah! Monsieur, m'a-t-il dit, je vous attends demain » (Boileau). - Dans un texte au passé, l'emploi du présent signale: a.

soit une vérité générale, atemporelle (présent gnomique) : Là on trou­ vait un bois de ces arbres touffus qui portent des pommes d'or (Fénelon); b.

soit un effet de gros plan, qui rend plus présent un fait remarquable dans le récit (présent de narration) : Comme ils sortaient, un homme arrive, qui parle d'un tout autre ton (Michelet) ; c.

soit une intrusion de l'auteur dans son récit. b.

Les temps du passé - L'imparfait exprime une action qui se développe dans le passé (Deux coqs vivaient en paix ...

), ou qui s'y répète.

C'est le temps de la description. - Le passé simple s'oppose à l'imparfait ( ...

une poule survint) comme temps d'un fait ponctuel dans le passé, indépendamment de sa durée: Je naquis le 22 novembre 1869 (Gide). - Le passé composé s'oppose au passé simple, dans la mesure où il rat­ tache le fait passé à des conséquences présentes: Vingt jours avant moi, le 15 août 1769, naissait dans une autre île, l'homme qui a mis fin à l'an­ cienne société, Bonaparte (Chateaubriand). - Le conditionnel-temps marque une anticipation dans le passé : Dans la boîte où, vers minuit, piétineraient les couples, ronflait un ventilateur (Mauriac). Les aspects Les temps composés s'opposent aux temps simples correspondants, en présentant l'action sous un aspect achevé ou accompli: le train entre en gare/ le train est entré en gare. Ils peuvent donc marquer l'antériorité (à peine les eurent-ils élus qu'ils leur devinrent insupportables, Montesquieu) ou l'instantanéité (Et le drôle eut lappé le tout en un moment, La Fontaine). Les modes lis présentent les modalités de l'action, selon que l'esprit l'envisage comme réelle, possible, souhaitable, voulue, absolue ... • L'indicatif, mode du réel, du certain, du vécu, inscrit l'action dans le.... »

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