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La dramaturgie classique 7 - ORGANISATION DES SPECTACLES • Les lieux Le renouveau de la tragédie s...

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« La dramaturgie classique 7 - ORGANISATION DES SPECTACLES • Les lieux Le renouveau de la tragédie sous le règne de Louis XIII s'expli­ que en partie par la création à Paris de salles permanentes: celle du Palais-Cardinal, futur Palais-Royal, celle de l'Hôtel-de­ Bourgogne, spécialisée dans les représentations tragiques, d'autres encore, jusqu'à ce que les différentes troupes fusion­ nent en 1680 pour donner naissance à la Comédie-Française. Ces salles, dites «à l'italienne», sont conçues de manière à ren­ forcer l'illusion dramatique.

Dans un espace clos les specta­ teurs regardent une scène qui se présente comme un tableau encadré, aux personnages animés; des panneaux peints en trompe-l'œil suivant les lois de la perspective accroissent l'effet de réel; tout se passe comme si, dissimulé derrière un qua­ trième mur invisible, celui qui séparerait la scène de la salle, le public, sorte de «voyeur», était convié à épier, à surprendre les faits et gestes des personnages, à se délecter d'un drame qu'il finit par croire vrai; on est loin des liturgies du théâtre grec. L'exiguïté de la scène, fréquente à l'époque, empêchait le déploiement de décors et de tableaux multiples et variés, ce qui obligea les auteurs à unifier, simplifier l'action, dans le cadre des « trois unités»; la scène montrait un « palais à volonté», autrement dit un unique vestibule où venaient dialoguer les per­ sonnages.

Duels, batailles, meurtres, ne pouvant être mis en scène, cédèrent alors la place à des récits qui les retraçaient, sortes de substituts textuels, qu'il fallait rendre particulière­ ment dramatiques et pathétiques. • Acteurs et publics Habillés de somptueux costumes contemporains, anachroniques mais propres à faciliter le processus d'identification aux héros, les acteurs s'avançaient au bord de la scène pour débiter leurs tirades, face au public.

Dans la salle, deux publics: installés dans les loges, les « honnêtes gens" (nobles, lettrés, femmes du monde), communiant dans les références à la mythologie et à !'Histoire comme dans la connaissance, plus ou moins approfon­ die, des règles de l'art dramatique, et au parterre, debout, le public populaire, avide d'émotions intenses, de coups de théâtre et de belles tirades.

Il fallait plaire aux deux! Corneille faisait s'étonner et admirer, Racine s'attendrir et pleurer. 2 - LA TRAGÉDIE« RÉGULIÈRE» • Aristote et les«doctes» Avoir l'air vrai et bouleverser, l'un n'allant pas sans l'autre, voilà les deux objectifs essentiels du divertissement à la mode.

Pour cela une «poétique", c'est-à-dire un ensemble de règles, de pré­ ceptes, d'ordre esthétique, dramatique, fut soigneusement éla­ borée par les «doctes", appliquée par les dramaturges.

Le second facteur, décisif pour l'épanouissement de la tragédie classique, fut une intense réflexion, un débat passionné autour des idées, des recommandations qu'Aristote avait formulées dans sa Poétique, sorte de bilan des genres littéraires, théorie entre autres du genre tragique, qu'on peut résumer à grands traits de cette manière: « La tragédie sur le patron antique se définit d'abord par le choix de ses personnages qui sont nécessairement des rois et des héros, autrement dit des hommes dont le rang instaure une dis­ tance avec le spectateur, renforcée par l'éloignement temporel. Les personnages illustres de la tragédie appellent la représenta- tion de situations extraordinaires où le destin des individus se confond avec celui de la cité et revêt une valeur d'exemplarité universelle.

Le cas d'exception mis en scène dans la tragédie offre un miroir de la condition de l'homme, créature fragile accablée par le destin et aux prises avec l'histoire.

» Dominique Bertrand, Lire le théâtre classique. La théorie aristotélicienne de la « mimêsis » et de la «catharsis» tragiques (voir « La cruauté tragique», p.

66) assigne au genre une « fonction de représentation du malheur des grands», les­ quels ne sont que les doubles, aux reliefs plus accentués, aux couleurs plus fascinantes, de tout être humain. Au début donc le culte d'Aristote, célébré dès le XVI' siècle par de savants traducteurs et commentateurs italiens, dont les exé­ gèses sont reprises, au XVII• siècle en France, par les «doctes» comme Chapelain et l'abbé d' Aubignac.

Ceux-ci vont forger le «classicisme» moderne et la tragédie «régulière» à l'aide d'un impressionnant corpus de textes théoriques, qui, à vrai dire, ne se contenteront pas de suivre le maître, mais, transposant, ajoutant, modifiant, innovant, créeront un outil dramatique tout à fait original et efficace. • Structures de la tragédie classique Pour ce qui est de la structure «externe», une tragédie clas­ sique est composée de cinq actes et contient de 1500 à 2 000 vers, ce qui lui donne une longueur, une durée raison­ nable et supportable.

Les actes, qui durent environ une demi­ heure chacun, sont séparés par des entractes pour permettre aux spectateurs de se détendre.

Les actes sont divisés en scènes.

Rien n'est laissé à l'arbitraire ou à la fantaisie, tout est commandé par un souci d'efficacité dramatique, dans le cadre des valeurs classiques, de cohérence, de clarté, d'équilibre et d'harmonie.

Ainsi l'acte ne sera pas une division gratuite mais une unité organique (à laquelle on pourrait donner un titre); le découpage des scènes correspond à l'entrée ou à la sortie d'un ou plusieurs personnages (deux actions qui doivent avoir un retentissement sur le déroulement de l'intrigue).

Des scènes secondaires ou de transition convergent vers les grandes scènes (une ou deux par acte), sommets dramatiques et pathé­ tiques; le nombre de scènes dans chaque acte varie de trois au moins à sept ou huit au maximum; plus les scènes sont nom­ breuses et courtes, plus l'action est vive; moins nombreuses et plus longues, elles ralentissent l'action, donnent libre cours aux grands débats d'idées, aux effusions ou déplorations lyriques. À l'intérieur d'une même pièce le dramaturge peut accélérer ou ralentir l'action grâce au découpage et à la diversité des scènes, ce qui fait de la tragédie, si l'on peut dire, une sorte... d'accordéon dramatique! Pour ce qui est de la structure Interne, l'organisation de l'action ou •intrigue» - au cinéma le scénario- repose sur la nécessité absolue d'une constante progression, d'un implacable cres­ cendo qui ne laisse aucun répit aux personnages et aux specta­ teurs.

De I' «exposition».... »

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