La dramaturgie antique 1 - LES MYSTÈRES DES MOTS • «Dramaturgie» Le mot est forgé sur le grec drama, qui...
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La dramaturgie
antique
1 - LES MYSTÈRES DES MOTS
• «Dramaturgie»
Le mot est forgé sur le grec drama, qui signifie d'abord «action»,
puis «action théâtrale», enfin «pièce de théâtre».
C'est donc l'art de la composition dramatique.
Il y a un écrivain
de théâtre- le «dramaturge»-, des techniques d'écriture qui se
distinguent de celles du romancier et du poète.
Il y aussi les
conditions matérielles de la représentation: la salle, la scène, la
mise en scène, le jeu des acteurs, la place des spectateurs et
la façon dont ils participent au spectacle, tout cela doit être pris
en compte à côté du strict point de vue littéraire.
L'écriture dramatique et l'organisation du spectacle, l'une ne pou
vant aller sans l'autre, ont toujours fait l'objet de réflexions, de
débats, de théories de la part des auteurs et des critiques (un
Aristote chez les Grecs, les «doctes» en France au XVII' siècle).
Les dramaturgies élaborées, les systèmes esthétiques- ou «poé
tiques» - prônés, pratiqués, seront divers au fil des époques; on
ne peut confondre dramaturgie antique et dramaturgie clas
sique.
Le point de départ essentiel, pour toute considération
théorique, se situera toujours dans une définition célèbre:
«La tragédie est l'imitation d'une action de caractère élevé et
complète, d'une certaine étendue, dans un langage relevé
d'assaisonnements d'une espèce particulière suivant les
diverses parties, imitation qui est faite par des personnages en
action et non au moyen d'un récit, et qui, suscitant pitié et
crainte, opère la purgation propre à pareilles émotions.
»
Aristote, Poétique, IV' siècle av.
J.-C.
• « Mimêsis »
C'est le mot-clé employé par Aristote: en grec «imitation" - de
l'actio,:i humaine-, représentation du réel qui constitue le mode
fondamental de l'art et revêt diverses formes (poème, tragédie,
épopée).
Il ne s'agit pas de copier simplement le réel, mais de
le transposer et de le styliser.
L'originalité de la tragédie est
d'être une imitation en action, animée, gestuelle, parlante, de
l'action humaine, alors que l'épopée, genre narratif, ne procède
que par le biais du récit (et tout aussi bien le roman).
• «Tragédie»
Étymologiquement, en grec, le mot signifie « chant du bouc"·
L'hypothèse la plus répandue rapproche ce •bouc" des satyres,
divinités rustiques, aux pieds de bouc, associées au culte du
dieu Dionysos (voir « Un théatre de la cruauté" p.
66), ou bien
de la victime animale offerte en sacrifice à ce même dieu lors
de la cérémonie d'ouverture des représentations tragiques, ou
bien encore de la récompense - un bouc- attribuée au meilleur
dramaturge, vainqueur du concours auquel donnaient lieu les
spectacles dramatiques; «chant" parce qu'on chantait en
chœur des hymnes en l'honneur de Dionysos.
Quoi qu'il en soit, l'expression exprime l'origine religieuse du
genre, même si le passage est difficile à saisir entre des rites
primitifs et des œuvres littéraires.
Sorties du culte, comme nos
«mystères" au Moyen Âge, les tragédies grecques n'étaient pas
des divertissements profanes et mondains, mais bien au
contraire de véritables cérémonies, à la fois religieuses et
civiques.
Tout le peuple de la cité y assistait gratuitement.
Les
auteurs "écrivaient en citoyens s'adressant à des citoyens"
(Jacqueline de Romilly, La Tragédie grecque).
Un jury départa
geait les trois dramaturges admis à concourir, et qui présen
taient chacun une trilogie, c'est-à-dire en ensemble de trois
tragédies, comme L'Orestie d' Eschyle; il y avait un prix pour le
Partie 1
Grandeur et décadence du genre
meilleur auteur et son chef de chœur, ainsi que pour le meilleur
acteur (en grec «protagoniste»).
2 - LE THÉATRE ANTIQUE
• Les lieux
Le théâtre grec était un théâtre en plein air, aménagé en hémi
cycle avec des gradins, sur une colline naturelle, tel le théâtre
de Dionysos à Athènes, édifié au flanc de !'Acropole, ou encore
le célèbre théâtre d'Épidaure.
Les spectateurs avaient devant
eux,....
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