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LA CHINE AU XXe SIÈCLE Victime durant le xixe siècle, à partir des « guerres de l’Opium » (1840-1860), des...

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« LA CHINE AU XXe SIÈCLE Victime durant le xixe siècle, à partir des « guerres de l’Opium » (1840-1860), des agressions des puissances dominantes d’alors et menacé d’implosion par d’énormes soulèvements populaires (Taiping, 1851-1864), l’Empire mandchou se propose tardivement de rattraper son retard tout en préservant l’identité de la civilisation chinoise.

Cette quête longtemps infructueuse de la puissance et de la modernisation scande l’histoire du siècle, avec l’agonie de l’empire (1898-1916), les années tumultueuses de l’illusion urbaine (1915-1927), l’avortement de la révolution nationaliste (1928-1949) et l’impasse meurtrière du socialisme maoïste (1949-1978).

Peut-on envisager que la « réforme » lancée par Deng Xiaoping et continuée par ses successeurs ouvre enfin une « voie chinoise » de développement ? L’agonie de l’empire mandchou (1898-1916). Avec le « mouvement des choses étrangères » (yangwu), l’empire essaie durant le dernier quart du xixe siècle de s’approprier la technologie de l’Occident, surtout militaire, tout en préservant son essence néoconfucéenne.

En vain.

Devant ce premier échec, l’empereur Guangxu (1875-1908), conseillé par Kang Youwei (1858-1927) veut en 1898 imposer par le haut un « Meiji » - restauration modernisatrice au Japon (1868-1912) - à la chinoise.

En vain.

Dans le pays, entre 1898 et 1901, l’ampleur de la révolte millénariste des « boxeurs » (société secrète adepte des formes rituelles de combat se croyant hors d’atteinte des armes modernes) témoigne du rejet populaire de toutes les intrusions « barbares », du christianisme au télégraphe, des écoles modernes aux chemins de fer.

La formidable intervention militaire des huit grandes puissances d’alors (Royaume-Uni, France, Allemagne, Russie, États-Unis, Japon, Autriche-Hongrie et Italie) qui s’emparent de Pékin dans la seconde moitié de 1900, rappelle l’incapacité de la dynastie à défendre le pays.

La très conservatrice impératrice douairière Cixi (1835-1908) se résigne enfin, par l’édit de janvier 1901, à autoriser des réformes institutionnelles qui ébranlent encore davantage un édifice déjà miné à la base.

Les notables locaux consolident leur pouvoir entre 1909 et 1911 alors qu’un corps électoral représentant 1 % de la population élit des assemblées provinciales qu’ils dominent. Mais le 20 août 1905, un mouvement révolutionnaire avait été fondé, sous le nom de Ligue jurée, à Tokyo, parmi les étudiants chinois et avec les fonds des Chinois de la diaspora.

Cette Ligue se proposait de chasser les Mandchous et de proclamer une république qui sauverait la Chine du dépècement colonial et la moderniserait.

Le président de la Ligue, Sun Yat-sen (Sun Zhongshan), avait tenté sans succès divers soulèvements dans le sud de la Chine.

Toutefois celui qui réussit, le 10 octobre 1911 à Wuhan, a dans les premiers temps tous les traits d’un putsch et doit peu de chose aux révolutionnaires.

Enhardies par ce succès inespéré, diverses provinces de Chine centrale et méridionale se déclarent indépendantes de Pékin : les notables locaux confirment leur puissance nouvelle.

Menacés par la contre-offensive des armées mandchoues commandées par Yuan Shikai (1859-1916), notables et révolutionnaires s’accordent pour confier à Sun la présidence provisoire de la République qu’ils proclament à Nankin le 1er janvier 1912.

Mais dès le 12 février, celui-ci démissionne au profit de Yuan Shikai qui avait obtenu l’abdication de l’empereur enfant Puyi (1906-1967).

Les forces du changement ne pesaient pas assez face aux notables et à l’armée. Aussi la jeune république devient-elle dès 1913 une dictature militaire sous Yuan Shikai qui cherche à fonder à son profit une nouvelle dynastie.

Quand il meurt, les « gouverneurs militaires » qu’il a nommés dans les provinces commencent à se disputer le pouvoir : ce sont les « seigneurs de la guerre ». L’illusion urbaine (1915-1927). En fait, la Chine cherche un nouvel équilibre : l’empire est mort et nul ambitieux ne pourra plus le restaurer, mais la Chine de l’ancien régime domine encore dans les campagnes où vivent 90 % des 500 millions de Chinois.

Une Chine côtière urbaine et ouverte sur le monde s’est développée, mais son influence demeure marginale et ses bases sont fragiles.

La Première Guerre mondiale a entraîné l’effacement des entreprises étrangères qui dominaient le marché chinois, permettant la montée d’entrepreneurs chinois qui s’équipent : c’est l’« âge d’or de la bourgeoisie chinoise ».

Cette bourgeoisie pense toutefois au-dessus de ses moyens.

Elle rêve de libéralisme, en profitant paradoxalement de l’affaiblissement du pouvoir central.

Dès que la crise économique de l’après-guerre survient, elle désire cependant un État fort qui la protégerait de ses redoutables rivaux étrangers de retour sur le marché chinois.

Elle parle de démocratie et de liberté, mais il ne s’agit que de mots importés.

L’arbre de la liberté n’a pas de racines. file:///F/Lycée/angui/450367.txt[13/09/2020 01:05:05] Dans la Chine profonde sévissent les deux millions de soldats des 1 300 seigneurs de la guerre, qui animent 170 conflits locaux entre 1916 et 1928, ainsi que quelque vingt millions de bandits permanents ou saisonniers.

La famine y est quasi endémique et frappe des paysans dépourvus de réserves du fait du triple fardeau des impôts, de l’usure et de la rente foncière.

La Chine compte dix-huit millions d’opiomanes endurcis qui enrichissent les réseaux des Triades (sociétés secrètes mafieuses).

Dans la Chine côtière, au contraire, les idées nouvelles se répandent et on se passionne pêle-mêle pour le libéralisme anglo-saxon, l’anarchisme japonais ou russe, le socialisme de la révolution d’Octobre : est bon tout ce qui pourrait « sauver le pays ».

L’utopie sociale connaît de beaux jours, notamment dans la jeunesse des écoles.

Aussi, quand on apprend que les vainqueurs de la Première Guerre mondiale, par le traité de Versailles, ont attribué au Japon la province chinoise du Shandong que l’Allemagne avait contrôlée jusqu’en 1914, les étudiants et divers professeurs de la prestigieuse université de Pékin descendent dans la rue pour ce qui restera dans l’histoire comme le mouvement du 4 mai 1919.

Ils dénoncent l’impérialisme et le confucianisme, causes selon eux de la faiblesse chinoise.

Le mouvement fait tache d’huile dans les grandes villes et entraîne les forces nouvelles apparues depuis peu, la bourgeoisie, les professions libérales et le prolétariat industriel.

Le militantisme bruyant de ces nouveaux venus en politique masque leur faiblesse numérique. Deux partis politiques cherchent à canaliser cette force nouvelle.

Le Kuomintang (Guomindang), issu depuis août 1912 de la Ligue jurée, est dirigé par Sun Yat-sen qui est parvenu à établir une base territoriale dans la province de Canton.

Le Parti communiste chinois (PCC), né en juillet 1921 à Shanghai et dirigé par un des professeurs qui avaient animé le mouvement du 4 mai 1919, Chen Duxiu (18791942), fonde des syndicats révolutionnaires parmi les rares ouvriers qualifiés.

Le 1er janvier 1924, le Guomindang admet dans ses rangs ces militants communistes : ils ne sont que quelques milliers et fournissent des cadres à cette première révolution nationaliste.

Ce front uni est dopé par le succès d’un mouvement de grève développé à partir du 30 mai 1925 à Shanghai, puis à Hong Kong, contre les brutalités impérialistes.

Dans ce contexte, le général Tchiang Kai-chek (Jiang Jieshi), qui succède à Sun Yat-sen décédé, commence l’expédition du Nord, en juillet 1926, qui place assez vite sous son contrôle toute la Chine au sud du Yangzi.

Cependant le dynamisme d’un mouvement qui donne de folles espérances aux ouvriers, aux paysans et aux intellectuels radicaux, entraîne la rupture du front uni entre les nationalistes modérés et les communistes.

Ceux-ci sont brutalement éliminés à partir du 12 avril 1927. Le 10 octobre 1928, la Chine est réunifiée sous la direction du Guomindang, dans lequel les forces de la Chine profonde reprennent le dessus dans le cadre de la dynamique de la répression. La révolution avortée du Guomindang (1927-1949). Le mandat implicite du nouveau régime était de fonder un État fort, susceptible de faire face aux agressions étrangères, d’unifier le pays et de relancer le processus modernisateur interrompu par la montée du chaos.

Vues sous cet angle, les deux décennies de la révolution nationaliste constituent un échec patent. De 1927 à 1937, l’État fort n’est qu’une superstructure autoritaire que se disputent les cliques politiciennes du Guomindang.

La République de Chine, qui a choisi Nankin comme capitale, prend très vite les traits d’un pouvoir policier et militaire utilisant les réseaux mafieux des sociétés secrètes pour contrôler la société urbaine et passant la main aux notables conservateurs dans les villages.

La bourgeoisie chinoise, minée à partir de 1931 par la Grande Crise, doit se soumettre à une bureaucratie prédatrice et renoncer à ses rêves. Cet État, d’ailleurs, ne contrôle vraiment que la Chine centrale axée sur le fleuve Yangzi, laissant les provinces périphériques aux mains de « seigneurs de la guerre » ralliés, sans parler d’une partie du Jiangxi et du Nord-Hubei où les communistes fondent une république soviétique en novembre 1931, placée sous la présidence de Mao Tsé-toung (Mao Zedong). Pis, les Japonais lui arrachent en septembre 1931 la riche Mandchourie et grignotent la Chine du Nord jusqu’en juillet 1937 où le mécontentement des populations urbaines oblige Tchiang Kai-chek à réagir, ce qui déclenche la guerre sino-japonaise.

De 1937 à 1945, les armées japonaises s’emparent de l’essentiel de la Chine côtière, où elles établissent des régimes.... »

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