LA BRU YÈRE LES CARACTÈRES Chapitres Il (D" mérite person11el) ; - VI (Des biens ck fortune) ; - XIV...
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«
LA
BRU YÈRE
LES CARACTÈRES
Chapitres Il (D" mérite person11el) ; - VI (Des biens ck fortune) ; -
XIV (De
quelques
usages).
La véritable originalité de La Bruyère n'est ni dans 1:! pro
fondeur de sa philosophie, ni dans la pénétration de son analyse
psychologique ; elle est dans son tempérament d'observateur
et d'artiste (qu'on peut retrouver dans tous les chapitres) et
dans les audaces de sa critique sociale.
Nous étudierons pour
la faire comprendre trois des chapitres où cette critique tient
une large place.
La satire avant La Bruyère.
Les moralistes qui ont
analysé et jugé les mœurs sont innombrables avant le livre de
La Bruyère.
De 16.�o à 1688, on en pourrait énumérer des
centaines.
Mais ils suivent presque tous les routes bJnales
tracées par La Rochefoucauld ou la mode.
Il y a d'abord les
moralistes pratiques, ceux qui enseignent non pas à faire son
salut et à purifier son âme, mais à bien vivre.
On donne les
règles de la politesse, des bienséances, de l'art d'être « honnête
h:>mme ,>, c'est-à-dire de se pousser dans le monde ct à la cour.
Vingt traités, dont les plus connus sont ceux de Callières, Sorel,
Courtin, et la traduction de Balthasar Gracian, étudient cet
art des biensé-ances, u un des plus importants soins de la vie �.
Il y a les moralistes qui veulent enseigner non la morale mon
daine, mais la morale tout court.
On fait l'analyse des passions,
et l'on étudie les moyens de les modérer ou de les éteindre.
Balzac, Martin Cureau de la Chambre, Saint-Réal, M lle de
Scudéry, Méré, }:icques Esprit, cent autres discutent et con
seillent.
Il y a enfin les prêtres, prédicateurs ou directeurs des
consciences qui enseignent les vertus chrétiennes.
Tous ces moralistes se ressemblent par certains côtés.
Ils
s'en tiennent à des études abstraites.
Cc qui les intéresse, ce ne
sont pas les aspects pass:�gers ct pittoresques des mœurs ;
c'est l'homme éternel, ce sont les passion3 ct conflits de passions
-
qui se retrouvent n est romancier ou poète :
on veut plaire.
Nicole lui-mfme (Essais de morale, 1671) nous
expose les difficultés des livres méthodiques et la contradiction
entre la •• liaison des pensées » et l'agrément.
On renonce donc
gépéralement à la méthode et à la liaison des pensées.
On cherche,
com!lle le demande Je chevalierd.ç Méré, 11ce �ue l'art et l'étude
ont de plus ingénieux et çle plus sava11t >>.
Et 1 on réduit comme
lui son livre « partie en maximes.
partie en sentences et le reste
en réflexions >>.
La tradition est ancienne d'ailleurs.
Dans tous
les salons, chez Mme de Sablé, chc1..
Mme de Maure, tout le
monde était « sentencieux ».
On pourrait collectionner les por
traits par milliers' d:�ns les romans, traités, recueils, « carte de la
cour >•, .
Il y a « des âmes sales pétries de boue et d'ordure >>.
Idées et images sont d'ailleurs variées et alternées avec un
souci, parfois un peu trop savant, de surprendre : sentences et
maximes abstraites, qui tirent leur prix, comme celles de La
Rochefoucauld, de leur concision ou de leur tour ingénieux ;
anecdotes (« Deux marchands étaient voisins...
>> ; >.
Ce sont eux qm nous ont appris ce qu'est la >.
Ils n'ont plus dit comme les théologiens : « Voici
la vérité, car elle est dans les Livres saints, et vous devez les
croire ; " ni comme les philosophes scolastiques : • lisons des Janaé-
j
nistes et des Jésuites, aussi bien que Calvin ou les moines du
xvie siècle.
Les persécutions des dévots n'ont pas cessé ; la
u sévérité chrétienne "• �ui n'est qu'une perd la plus
grande pa•-tie par accidenl ou par la fourberie des hommes, puis arn'vll
à Bordeaux en compngnie d'm1 vieux savant philosoplre, Martin.
E11
Fra.nce, ils sont victimes des médcci·ns, d'tm abbé escroc, d'utte marquise
qui tent
i
tm salo11 de feu, d'wz exempt.
Ils passetu en Angleterre, puis à
Venise, où ils font visite au seigneur Pococuratzte, noble Véniten,
i fort
riche, dégoûté de tout ce qu'il possède, citez qui ils dînent en la compaguie
de six rois détr6nés.
Ils arrivent enfin à Comtantinople où Candide
f'ttrouve Pm1g/css, échappé pnr miracle d la potence, toujours optimiste,
puis Ctmégonde devemttlaide et qui11teuse.
Il est ruiné ; mais to11s {mis·
sent par vivre d psu pres heureux en cultivant une petite métairie, le11r
• jardin •·
Le roman est donc la condamnation par l'absurde de l'opti- ;
misme de Pangloss.
Voltaire y a accumulé toutes les misères '
humaines, la guerre et le massacre, la maladie, l'esclavage,....
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