Jules Vallès, L'Enfant, incipit, 1879 Question Comment Jules Vallès traite-t-il le thème de l'enfance martyre ? Dans l'incipit de L'Enfant,...
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Jules Vallès, L'Enfant, incipit, 1879
Question
Comment Jules Vallès traite-t-il le thème de l'enfance martyre ?
Dans l'incipit de L'Enfant, Jules Vallès joue sur différents registres pour
dénoncer la violence infligée à l'enfance martyre: sur l'ambiguïté du genre
littéraire, sur le contraste entre deux figures de mère et surtout sur les tona
lités.
À première vue, le narrateur utilise le je autobiographique pour retra
cer les souvenirs douloureux de sa propre enfance: jamais une caresse, des
fessées, les traces des coups, le fouet tous les matins.
Une autre marque de
l'autobiographie semble être la narration du premier souvenir, qui est l'un
des topoi* du genre.
L'auteur a retenu une fessée, symbole même des mau
vais traitements infligés réguljèrement.
Mais, en réalité, le narrateur,
Jacques Vingtras, n'est pas l'auteur, Jules Vallès.
L'identité des consonnes
initiales et finales de leurs prénoms et noms ne suffit pas, en effet, à établir
celle des personnes.
De plus, l'absence totale de manifestations d'amour ou
de simple affection de la part de la mère et la distribution quotidienne,
d'une régularité d'horloge, des coups de fouet paraissent peu vraisem
blables: l'auteur n'aurait-il pas noirci ses souvenirs pour les prêter à un
héros fictif, qui est certes son double, et néanmoins différent de lui ?
Un autre moyen d'évoquer l'enfance martyre est d'opposer à une
mauvaise mère une femme n'ayant pas mis d'enfant au monde, animée de
véritables sentiments maternels.
Incapable de douceur, a fortiori de gâte
ries, la mère naturelle a érigé le fouet en principe d'éducation, comme en
témoigne la répétition du verbe fouetter à différents temps : passé com
posé, présent, futur proche (Je vais te fouetter).
L'enfant ne tente d'ailleurs
pas de se dérober aux coups, mais la rancune contre sa mère apparaît dans
l'emploi en apparence inattendu que le narrateur adulte fait du verbe
mordre (quel que soit le sein que j'ai mordu).
Une autre femme prend l'enfant en pitié et lui donne la tendresse dont
il est sevré : elle panse ses plaies, lui donne des bonbons, imagine un stra
tagème pour soustraire le petit martyr à sa bourrelle.
Elle renonce à son
premier projet (ameuter les voisins pour dénoncer la mère indigne) et en
conçoit un autre, plus ingénieux et bien plus efficace : proposer à Mme
Vingtras de manier le fouet à sa place.
Ainsi, non seulement elle lui fait
croire qu'elle lui rend service, mais elle capte même la confiance de sa
voisine, qui voit en elle une alliée (Ma mère remercie sa remplaçante).
En opposant à la mère dénaturée une mère de remplacement, Vallès
cherche sans doute moins à peindre une vieille fille reportant sur son petit
voisin une tendresse qui....
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