Jaspers : penser l'existence Né en Allemagne, Karl Jaspers (1883-1969) est profondément marqué dès son plus jeune âge par l'expérience...
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Jaspers : penser l'existence
Né en Allemagne, Karl Jaspers (1883-1969) est profondément
marqué dès son plus jeune âge par l'expérience de la maladie et
par la lecture de Nietzsche.
Il suit une formation médicale et psychiatrique, enseigne la psychopathologie, puis se tourne vers la
philosophie.
Sa grande œuvre, Philosophie (3 vol., 1932), expose
une pensée centrée sur l'existence humaine et la liberté.
Son parcours de professeur d'université est brisé par l'histoire: l'administration nazie lui retire le droit d'enseigner à Heidelberg.
Après la
guerre, il enseignera longtemps à l'université de Bâle.
Grand ami
de Hannah Arendt, avec laquelle il entretiendra une longue correspondance, il se penchera après la guerre sur les problèmes de
son époque (La Culpabilité allemande, 1946, La Bombe atomique
et !'Avenir de l'humanité, 1958) : « Une philosophie montre ce
qu'elle est en se manifestant dans sa pensée politique » ( Origine et
sens de l'histoire, 1949).
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Les limites du savoir scientifique
L'analyse du savoir scientifique conduit à affirmer la primauté
de la philosophie nouvellement comprise.
En effet, la dualité
abstraite entre la nature et l'esprit et la spécialisation qui
émiette les connaissances scientifiques ne permettent pas de
penser l'unité de l'existence humaine :
« En philosophie, il y va d'une vérité qui, là où elle brille, atteint
l'homme plus profondément que n'importe quel savoir scientifique.
»
Jaspers, Introduction à la philosophie
Philosopher relève ainsi d'une exigence de vérité plus haute
que le savoir scientifique factuel et partiel.
Ce à quoi vise
l'effort philosophique, c'est à penser la profondeur de l'existence sans renoncer ni à la raison ni au dialogue avec
autrui.
La philosophie existentielle de Jaspers élargit son
approche jusqu'aux aspects les plus concrets de l'existence
et cherche à « saisir la signification de ce que d'ordinaire on
s'efforce de voiler ou d'ignorer».
La raison doit éclairer
l'existence.
■
L'existence, une exigence de sens et de liberté
L'impossibilité d'une connaissance scientifique absolue de
l'existence confère au dialogue avec autrui une importance
particulière.
Communiquer, c'est tout à la fois être en relation
avec l'autre et mettre en commun notre raison pour élucider
l'existence.
« L'être humain ne se trouve lui-même qu'avec l'autre être
humain, et jamais par le seul savoir.
Nous ne devenons nousmêmes que dans la mesure où l'autre devient lui-même, nous ne
devenons libres que dans la mesure où l'autre le devient aussi.
»
Jaspers, Philosophie
L'existence, dont la description prend chez Jaspers une tonalité tragique, s'identifie à une liberté engagée dans le monde,
une liberté située.
La situation réunit l'ensemble des circonstances dans lesquelles se trouve un individu existant.
Elle
n'est pas qu'un constat mais requiert aussi une interprétation qui confère un sens à la situation dans laquelle nous
sommes plongés et qui envisage une action possible pour la
modifier.
Exister, c'est une tâche qui engage la liberté et la
compréhension.
■
Les situations-limites, expériences fondamentales
Le concept de « situations-limites» (Grenzsituationen) possède
une importance particulière pour penser l'existence.
« L'homme ne prend conscience de son être que dans les situations-limites.
»
Jaspers, Autobiographie philosophique
On comprendra ce que Jaspers entend par ce concept en le laissant l'expliquer :
« Nous nous trouvons toujours dans des situations déterminées.
Les situations changent, les occasions se présentent.
Quand on les
manque, elles ne reviennent plus.....
»
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