Japon (2000-2001): La fin d'une époque ? Le Japon règle difficilement ses comptes avec l'histoire. La défaite d'Hashimoto Ryutaro en...
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Japon (2000-2001): La fin d'une époque ?
Le Japon règle difficilement ses comptes avec l'histoire.
La défaite d'Hashimoto
Ryutaro en avril 2001, lors des primaires du Parti libéral-démocrate (PLD), a
pourtant marqué la fin d'une époque, "un changement de génération" comme l'a
affirmé le nouveau Premier ministre Koizumi Junichiro (élu en avril 2001), qui
soldait l'héritage de Tanaka Kakuei (Premier ministre de 1972 à 1974, qui avait
mis en place ce système qui lie le PLD, les grandes entreprises de construction
et l'administration, contribuant à normaliser la "politique de l'argent").
Celui-ci perdurait, des gouvernements de Takeshita Noboru (1987-1989) et de
Hashimoto Ryutaro (1996-1998) jusqu'à celui d'Obuchi Keizo (1998-2000).
Ironie
de l'histoire, au même moment débutait le procès de Shigenobu Fusako, fondatrice
de l'Armée rouge japonaise qui avait incarné l'opposition violente à ce système.
Arrêtée en novembre 2000, elle décrétait en avril 2001 la dissolution du
groupuscule terroriste auteur d'attentats sanglants dans les années 1970.
Quant au passé plus lointain, l'acceptation par le ministère de l'Éducation d'un
manuel rédigé par des professeurs révisionnistes, avec une vision "plus
positive" de l'histoire nippone, a provoqué de vives protestations de la Chine
et de la Corée du Sud.
Le nouveau chef de gouvernement a annoncé peu après son
élection qu'il comptait effectuer, lors de la fête des Morts, une visite
officielle au temple de Yasukuni, où sont enterrés les criminels de guerre...
La chute du gouvernement Mori
"Réformer le PLD pour changer le Japon !" L'élection-surprise de Koizumi
Junichiro à la tête du parti et du gouvernement a reflété le désir de changement
de l'opinion.
Le bilan du gouvernement Mori a, en effet, été catastrophique,
paralysé par le jeu des factions et la coalition avec le parti Komei (bouddhiste
lié à la grande organisation religieuse Soka Gakkai).
En novembre 2000, Mori
Yoshiro avait dû faire face à une fronde à l'intérieur même de son parti : Kato
Koichi et Yamazaki Taku menaçaient de le renverser, quitte à voter une motion de
censure de l'opposition.
L'homme fort du PLD, Nonaka Hiromu, avait réussi à
étouffer la rébellion dans l'œuf, mais les jours du Premier ministre à la tête
du pays étaient dès lors comptés.
Plus de 70 % des Japonais étaient favorables à
son départ.
À la mi-avril 2001, il a démissionné, ouvrant la voie à des
primaires.
Arrivé au pouvoir par la logique du jeu des factions, le Premier ministre Mori a
été incapable de répondre aux attentes du pays.
Dans ce contexte de "vide
politique", la reprise économique du premier semestre 2000 a tourné court, la
demande privée restant toujours atone.
Le ralentissement de l'économie
américaine au second semestre 2000 et l'effet des restructurations financières
en Asie ont eu des effets négatifs sur les industries exportatrices.
Au fur et à
mesur que l'impopularité du gouvernement Mori augmentait, l'indice Nikkei de la
Bourse de Tokyo dégringolait, passant en mars 2001 sous la barre symbolique des
13 000 points.
Alors que les élections générales de juillet 2000 avaient opposé l'électorat
urbain, favorable à l'opposition réformiste, à celui, conservateur, des régions,
la victoire du réformateur Koizumi est venue des provinces.
La base régionale
l'a fait élire contre les hiérarques, alors que la logique des factions faisait
de l'ancien Premier ministre Hashimoto le favori.
L'arrivée au pouvoir de
Koizumi a symbolisé l'ascension d'une génération nouvelle, jouant des médias, de
la pression de l'opinion publique et des forces vives de la société pour imposer
un nouvel agenda politique.
Celui qui passe pour un "faucon" au sein du PLD est
favorable à la révision de l'article 9 de la Constitution, afin que le Japon
puisse enfin se doter d'une armée, programme auquel le parti Komei est fermement
opposé.
L'élection de candidats indépendants lors d'élections partielles avait déjà
souligné ce désir de changement.
Celle de Tanaka Yasuo, écrivain emblématique de
la "génération de cristal" des années 1980, au poste de gouverneur de la
préfecture de Nagano en octobre 2000 avait été la plus médiatisée.
En mars 2001,
une candidate indépendante, Domoto Akiko, était élue à la tête de la préfecture
de Chiba (ouest de Tokyo).
Récession économique
La politique économique aura été au cœur des primaires.
D'un côté, les partisans
de réformes structurelles ont soutenu Koizumi Junichiro, Aso Taro et Hashimoto
Ryutaro.
De l'autre, les tenants d'une politique de relance de la demande
étaient représentés par Kamei Shizuka.
Mais les effets pervers d'une telle
politique, débouchant sur une "croissance négative" (Koizumi), sont devenus
manifestes.
L'explosion des déficits publics (130 % du PIB) et le soutien aux
industries les moins compétitives ont réduit la marge de manœuvre du pouvoir.
Le
gouvernement Mori s'était timidement lancé dans un programme de réduction des
travaux publics en septembre 2000 en annulant 230 projets pour un montant total
de 2 800 milliards de yens (22,77 milliards de dollars).
Mais en mars 2001, le
ministre des Finances, Miyazawa Kiichi, a qualifié de "catastrophique" l'état
des finances publiques.
En décembre 2000, la Diète avait adopté un budget
expansionniste dont les dépenses s'élevaient à 48 659 milliards de yens (395,7
milliards de dollars), chiffre le plus élevé de l'histoire japonaise.
La
dépréciation du yen et la baisse de la Bourse de Tokyo ont accentué la pression
sur les établissements financiers.
Après un premier semestre positif (+ 2,4 % de croissance au premier trimestre),
les autorités ont reconnu que l'économie japonaise était en récession depuis la
fin 2000.
Le "plan de renaissance du Japon" annoncé par le Premier ministre Mori
en avril 2000 avait tourné court.
Cet environnement a pesé sur la consommation
des ménages dont les anticipations sont restées négatives.
La poursuite des
réformes et des restructurations dans les services et les industries a engendré
des faillites et une augmentation du chômage (4,9 %).
Les dépôts de bilan de grands groupes de services ont marqué les esprits ; parmi
eux figuraient les grands magasins Sogo (juillet 2000), les assureurs Chiyoda
Life et Kyoei Life Insurance (octobre 2000), qui a été la plus grosse faillite
d'une compagnie d'assurance vie japonaise.
Le leader de la distribution, Daiei,
a annoncé en novembre suivant un plan de redressement drastique (suppression de
4 000 emplois).....
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