IUFM de Reims Français - Mathématiques Connaissances générales - Annales corrigées
Publié le 17/08/2014
Extrait du document
Qui en saigne ?
Interrogez un grand homme de science, il vous dit que
pour apprendre les mathématiques, la chimie ou la physique
... , il faut commencer au plus tôt : dès l'école élémentaire.
Certes ; faisons-le donc. De même, seul le jeune âge
s'adapte vraiment aux langues étrangères. Au travail, de
nouveau . Ainsi, pour l'histoire, le sport, les Jeux
Olympiques. En groupes de pression, les experts, écoutés
des politiques, poussent en amont la formation. Dès lors,
descendent comme la foudre sur la tête de l'enfant - et de
l' instituteur -les exigences des savants, plus les ignorances
parallèles des adultes impuissants. Le voilà obligé d'apprendre
au plus vite tout ce dont ses parents rêvent, tout ce
dont la société a besoin, tout ce que chacun abandonna et
regrette. Fini le vert paradis-
Or comme chacun diffère de tout autre : la blonde, le
grand, le maigre, la surdouée, le cas social ... , la classe met
du temps à trouver l'unité favorable à l'exercice en commun.
Admirez alors comment une société qui n'a plus
aucun projet (ni politique, ni social, ni culturel, sauf le
calcul mortel d'enrichir de rares personnes pour mieux affamer
l'humanité entière et, pour commémorer ou condamner
son passé, l'ouverture quotidienne de musées funèbres),
qui ne sait plus donc dans quel but d'avenir éduquer ses
enfants, oblige les plus jeunes d'entre eux à concevoir, à leur
âge et pour eux-mêmes, leur propre dessein de formation,
avec l'aide souple de l'instituteur, acculant ce dernier à
concevoir, dans sa classe, autant de classes différentes que
d'enfants. L'abandon de l'éducation par les parents, la
famille, le quartier, la ville et toute autre communauté
rejaillit aujourd'hui sur l'école, où tout, désormais, doit se
faire, où tout donc, par saturation, devient irréalisable.
Parce qu'une telle contradiction organise aujourd'hui les
discours où le pennissif seul paraît politiquement correct, la
1
guerre dans les classes fait rage entre une majorité, pauvre
et relativement calme, qui veut étudier pour chercher un travail
introuvable, et une minorité, riche ou misérable, décidée
à transformer ce collectif en chaos. Comme le football,
l'école a ses hooligans ; comme l'économie, la classe a ses
exclus ; comme la ville, l'enseignement a ses banlieues :
plaies qui expriment le collectif, ses lois, ses usages, bref, la
volonté expresse des adultes.
Que les politiques, les parents, les administrateurs, les
théoriciens de 1' éducation, les médecins, les psychologues
et les savants de haut vol, tous donneurs de leçons, se présentent
donc, en chair et en os, dans les classes, non plus
pour dicter de loin ce qu'il faut y faire, mais pour y
apprendre des élèves à quel point ce chaos ne s'y maîtrise
plus. Les maires dominent-ils celui des cités, les financiers
celui de la monnaie, les décideurs celui du chômage et les
États les mafias ? Plongés là, ils mesureront à vif l'inanité
de leurs conseils et les catastrophes du transfert de leurs responsabilités
; ils y verront surtout les citoyens du futur, de
qui demain nos sociétés seront faites, car tout enseignant
voit devant lui les années à venir. Quand il n'y a plus de projet,
d'enseignement ou autre, restent les groupes de pression
divers qui sollicitent le pouvoir et orientent ses instructions.
Le chaos dans les classes mesure aussi l' intensité du conflit
entre ces groupes. La classe - le mot, soudain, change de
sens- dont la société agraire avait le plus juste besoin, donc
nombreuse et défavorisée, fut jadis celle des esclaves ou des
serfs ; la société industrielle exploitait de même la classe
ouvrière; notre société d'information, devenue pédagogique,
accable ainsi celle des enseignants, missionnaires de ses
démissions. Quand leur révolte grondera-t-elle ? Mimerontils
le chaos qui reflète la société d'aujourd'hui et dont ils
sont, au moins, les témoins et, au plus, les victimes ?
(Michel Serres, Le Monde de l'éducation,
septembre 1998.
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Certaines questions appellent plusieurs réponses.
Chaque question est notée 0 pour toute réponse erronée ou non-réponse.
Le nombre de points attribués figure au début de chaque énoncé.
«
1 - (1 point) Laquelle de ces idées ne se trou
ve
pas dans le texte ?
A : Les conseillers ne sont pas les
payeur s.
B : Tout apprentissage doit commencer
tôt , dit-on .
C : Notre société ne sait plus où elle va.
D : L'école doit pallier les carences de la
société.
E : Les programmes scolaires doivent
être allégés.
2 - (2 points) Qui « en saigne » d'après ce
texte?
A : Les élèves.
B : Les enseignants.
C : Les parents.
D : Les savants.
E: Les décideurs.
3- (1 point) Les classes des écoles, évoquées
dans le texte, peuvent être qualifiées de :
A : ambiguës,
B : homogènes,
C : hétérogènes,
D : polyvalentes,
E : univoques.
4- (1 point) « Poussent en amont » signifie :
A : plus loin,
B : plus tard,
C : plus vite,
D : plus tôt,
E : plus haut.
5 - (1 point ) Dans le titre, « en » a pour fonc
tion:
A : complément circonstanciel de lieu,
B : complément circonstanciel de moyen,
C : complément circonstanciel de cause,
D : complément circonstanciel de consé
quence, E : complément d
'objet indirect.
6- (2 points) « Exigences ».
Quel est l'intrus
dans la liste ? A :
Résidence.
B : Négligence.
C : Évidence.
D : Révérence.
E : Différence.
7- (2 point s) «A ban donna » pourrait se rem
pl acer dans le contexte
et sans changer le sens
par:
A : abandonne,
B : avait abandonné,
C : eut abandonné,
D : abandonné,
E : a abandonné.
8- (1 point) « Le vert paradis » désigne :
A : la tranquillité,
B: le passé,
C : l'enfance,
D : la cohésion sociale,
E: le rêve.
9- (1 point)« Le vert paradis » ainsi employé
constitue:
A : une allusion,
B : une antithèse,
C : une métaphore,
D : une métonymie,
E : une allégorie.
10 - (2 points) « Comme chacun diffère de
tout autre
...
» exprime une circonstance de :
A: temp s,
B: cause,
C : opposition,
D: conséquence,
E: autre.
11 -(1 point) Quelle est la fonction de « une
socié té
» dans la phra se ?
A : Complément
d'objet direct de admi
rez.
B : Sujet de a.
C : Sujet de oblige.
D : Sujet de sait.
E : Complément circonstanciel de maniè
re de
admire z..
»
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