Iran 1999-2000 Vent de liberté ? Pour la première fois depuis la Révolution khomeyniste (1979), le régime a été ébranlé...
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Iran 1999-2000
Vent de liberté ?
Pour la première fois depuis la Révolution khomeyniste (1979), le régime a été
ébranlé par la contestation politique.
L'interdiction, le 7 juillet 2000, du
journal de gauche Salam a provoqué la mobilisation des étudiants de Téhéran.
Dans la nuit du 8 au 9, l'une des cités universitaires a été dévastée par les
forces de l'ordre et par des hommes de main.
Les manifestations se sont alors
étendues au centre-ville et dans plusieurs universités de province, notamment à
Tabriz et à Ispahan.
Le 12 juillet, le nom du Guide de la Révolution, Ali
Khamenei, était conspué.
Néanmoins, le mouvement de protestation - en partie
manipulé par des agents provocateurs - est resté circonscrit.
La population dans
son ensemble ne s'y est pas associée.
Le 14 juillet, une imposante
contre-manifestation de soutien au Guide de la Révolution a mis un terme à la
mobilisation étudiante, déjà affaiblie par de nombreuses arrestations et par ses
divisions internes.
Cependant, le président Mohammad Khatami, un moment mis en difficulté par les
événements, a réaffirmé ses objectifs réformistes, dès le 29 juillet, lors d'une
visite à Hamadan.
Son alliance avec le Guide de la Révolution s'est trouvée
paradoxalement renforcée.
Quant à la droite, dont certains éléments ultras semblent avoir joué un rôle
dans le déclenchement de la crise, elle en a vite subi le contrecoup.
La
responsabilité des milices d'Ansar-e Hezbollah (Compagnons du parti de Dieu)
dans la violence politique a été clairement dénoncée.
Des responsables de la
police ont été sanctionnés à la suite du saccage de la cité universitaire.
La
vingtaine d'officiers des Gardiens de la Révolution qui avaient adressé une mise
en garde à l'encontre du président Khatami en juillet ont été désavoués.
L'ayatollah Mohammad Yazdi, le chef du pouvoir judiciaire, a dû quitter ses
fonctions, ainsi que Mohsen Rafighdoust, le président de la Fondation des
déshérités, une holding parapublique proche de la droite.
La présidence de la
Société du clergé combattant (droite conservatrice) est revenue à l'ayatollah
Mahdavi Kani, un conservateur modéré.
Campagne d'intimidation orchestrée par la droite
En septembre, la droite a tenté de remettre sous pression le président Khatami
en accusant de blasphème un journal étudiant de Téhéran, Modj, mais le Guide de
la Révolution a immédiatement calmé le jeu.
C'est dans le domaine de la presse
que la lutte entre conservateurs et réformateurs a été la plus virulente.
Le 27
novembre, Mashallah Shamsolvaezin, le rédacteur en chef du quotidien Neshat, et
Abdollah Nouri, l'ancien ministre de l'Intérieur destitué par le Parlement en
juin 1998, devenu rédacteur en chef du quotidien Khordad, ont été condamnés
respectivement à trois et cinq ans de prison.
Mais ces deux procès ont eux aussi
tourné au désavantage de la droite.
En particulier, A.
Nouri a vigoureusement
mis en cause la cohérence de certains des aspects de la politique du régime.
En
dépit du harcèlement judiciaire dont elle est l'objet, la presse est restée un
lieu de débats vifs et contradictoires.
Son rôle a été décisif au cours de la
campagne législative.
Le premier tour des élections, le 18 février 2000, a donné au président Khatami
une victoire parlementaire plus ample et surtout plus rapide que prévue.
Sur 290
sièges 226 ont été immédiatement pourvus à la faveur d'une forte participation
(70 %).
Tendance confirmée lors du second tour, qui s'est tenu en mai suivant.
Bien qu'il soit difficile d'identifier les appartenances politiques des
candidats qui sont souvent parrainés par plusieurs organisations parfois
antagonistes, on peut estimer que les réformateurs ont obtenu la majorité des
sièges, malgré le filtrage des candidatures par le Conseil des gardiens de la
Constitution.
Le triomphe des réformateurs a été particulièrement net à Téhéran
- où l'ancien président de la République, Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, en qui
la droite s'était résignée à placer ses espoirs, a préféré se retirer, n'ayant
été élu que d'extrême justesse -, mais aussi à Ispahan et à Mashhad.
Pour
autant, la droite n'a pas rendu les armes, maintenant sa pression sur la presse
réformatrice dont elle est parvenue à faire interdire plusieurs nouveaux titres
depuis les élections.
Des journalistes et des intellectuels - dont Ezzatollah
Sahabi, rédacteur en chef du mensuel Iran-e farda - ont été arrêtés pour avoir
participé en avril 2000, à Berlin, à une conférence organisée par l'Institut
Heinrich Böll.
La consultation a également accentué le retrait des clercs de la scène
parlementaire :....
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