Iran 1995-1996 Transformation du paysage politique Les échéances électorales ont dominé le calendrier politique de l'année 1995-1996. Les deux tours...
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Iran 1995-1996
Transformation du paysage politique
Les échéances électorales ont dominé le calendrier politique de l'année
1995-1996.
Les deux tours des législatives, le 8 mars et le 18 avril 1996, ont
été en eux-mêmes importants, le Parlement n'étant pas dénué de pouvoir au vu de
la Constitution de 1979.
Surtout, l'issue du scrutin de mars-avril 1996 semblait
devoir conditionner largement l'élection présidentielle prévue pour mai-juin
1997.
Selon la Constitution, Ali Akbar Hachemi Rafsandjani ne peut solliciter un
nouveau mandat et, de notoriété publique, le président du Parlement, Ali Akbar
Nategh Nouri, l'un des principaux leaders de la droite conservatrice majoritaire
depuis 1992, envisage de lui succéder.
Or le déroulement de la campagne
électorale et les résultats du scrutin - difficiles à interpréter compte tenu de
ses modalités - ont montré que le paysage politique du pays s'était transformé,
laissant très ouverte l'issue de la présidentielle de 1997.
Certes, la droite conservatrice a semblé avoir obtenu le plus grand nombre de
sièges au Parlement grâce à la puissance de ses réseaux dans l'ensemble du pays
- comme il n'existe pas de partis politiques à proprement parler, mais des
factions très fluides, la répartition des élus par courants n'est pas précise.
Mais son expression politique, la Société du clergé combattant, a connu de
fortes tensions apparues au grand jour avec la démission de son président,
l'ayatollah Mahdavi Kani, en juillet 1995.
De plus, certains de ses responsables
- tels Abdollah Jasbi et Ahmad Tavakkoli, qui avaient recueilli respectivement
9,1 % et 23,8 % des voix lors des présidentielles de 1993 - se sont abstenus de
se présenter aux législatives, se plaçant vraisemblablement en réserve de la
République islamique.
D'autres n'ont pas été élus, comme les représentants les
plus éminents du groupe Motalefeh qui rassemble les grands dignitaires du bazar.
Ainsi, des secteurs importants traditionnellement acquis à la droite, à l'instar
des universités libres, de la Chambre de commerce ou des caisses de prêts sans
intérêt, se sont vues privées de représentation parlementaire.
Un Parlement panaché
Par ailleurs, les conservateurs allaient désormais devoir tenir compte de trois
courants en mesure de revendiquer au moins une partie de la victoire électorale.
Si l'Association des clercs combattants a renoncé à présenter ses propres
candidats en raison du rôle accordé au Conseil de surveillance de la
Constitution dans la présélection de ceux-ci, la gauche (islamique) a
globalement fait un retour remarqué dans l'Assemblée sous les couleurs de
l'Alliance de la ligne de l'imam.
Phénomène nouveau, nombre de députés se sont
fait élire en tant qu'indépendants, refusant explicitement de prendre parti dans
les querelles entre la droite et la gauche et arguant de leur notoriété locale
ou de leur compétence professionnelle.
Enfin, l'événement de la campagne aura
été l'irruption sur la scène politique des Serviteurs de la reconstruction:
seize personnalités, dont le dynamique maire de Téhéran, Gholam Hossein
Karbastchi, ont publié, à la mi-janvier 1996, une déclaration d'allégeance, au
chef de l'État après que la Société du clergé combattant a refusé de faire
figurer leurs protégés sur sa liste dans la capitale.
Même si la vigueur de la
contre-offensive de la droite entre les deux tours a privé d'une victoire
incontestable les partisans les plus décidés de la réforme de libéralisation
économique, incarnée par le président de la République, ces derniers ont en
grande partie imposé leur sensibilité grâce à l'efficacité de leur campagne,
notamment à Téhéran où leur candidate, Faezeh Hachemi, la propre fille d'Ali
Akbar Hachemi Rafsandjani, a été élue dès le premier tour.
En définitive, ils
sont parvenus à recomposer l'échiquier politique en évitant que l'Assemblée ne
devienne monocolore.
Les conservateurs ont emporté une centaine de sièges sur
270, les reconstructeurs environ 70, la gauche une quarantaine, près de trente
élus restant décidément inclassables et cinq sièges étant réservés aux minorités
religieuses.
Le 3 juin, Ali Akbar Nategh Nouri a été réélu président du
Parlement par 132 voix contre 105 à Abdollah Nouri.
Malgré ces modalités déroutantes et l'intervention parfois pesante des autorités
centrales dans le déroulement de la consultation, les législatives ont fait
l'objet d'une forte mobilisation (74 % de participation au premier tour, contre
65 % en 1992).
L'un des aspects les plus marquants de cette mobilisation a été
la....
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