Irak 1994-1995 Poursuite du marchandage Cinq ans après le vote de sanctions internationales à l'ONU à la suite de l'invasion...
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Irak 1994-1995
Poursuite du marchandage
Cinq ans après le vote de sanctions internationales à l'ONU à la suite de
l'invasion du Koweït, en 1990, le régime de Saddam Hussein était toujours en
place, de même que l'embargo qui était censé faciliter sa chute.
Le grand
marchandage s'est poursuivi entre Bagdad et les États-Unis.
La levée progressive
de l'embargo ne dépendait, selon la résolution 687 du Conseil de sécurité des
Nations unies (3 avril 1991), que de la destruction des armes nucléaires,
chimiques et bactériologiques, ainsi que des missiles à longue portée.
Les
États-Unis y ont cependant rapidement ajouté la reconnaissance du Koweït,
insistant, par ailleurs, sur l'observation de l'ensemble des résolutions de
l'ONU: libération des Koweïtiens portés disparus, facilitation des efforts
humanitaires de l'ONU, respect des droits de l'homme.
Le système très complet et draconien de surveillance de l'industrie d'armement
irakien, dans le cadre de la résolution 715 du Conseil de sécurité (11 octobre
1991), acceptée par Bagdad le 26 novembre 1993, est devenu opérationnel le 8
octobre 1994.
Mais le gel du dossier irakien, illustré par la reconduction
régulière des sanctions au Conseil de sécurité sous la pression américaine, a
conduit Bagdad à se lancer dans une série de gesticulations militaires.
Le 6 octobre 1994, l'opposition irakienne basée dans la région autonome kurde,
au nord, affirmait que des mouvements de troupes irakiennes étaient en cours
près de la frontière du Koweït.
Le 9 octobre, des sources koweïtiennes
estimaient les forces irakiennes à "83 000 hommes, stationnés à 12 km de la
frontière".
La veille, les États-Unis avaient annoncé l'envoi de 1 000 hommes
dans le Golfe et, le 10 octobre, 500 soldats américains arrivaient au Koweït,
tandis que l'Irak annonçait son retrait.
Reconnaissance du Koweït
Bien que constaté par les États-Unis, le retrait irakien n'a pas mis un terme à
la dramatisation de la situation par Washington qui concédait seulement, le 13
octobre 1994, une éventuelle réduction du déploiement militaire américain de 40
000 à 30 000 soldats.
Ces événements ont précédé la reconnaissance officielle du Koweït par l'Irak.
Le
10 novembre 1994, le Conseil de commandement de la révolution a annoncé sa
décision de "reconnaître la souveraineté du Koweït, son intégrité territoriale
et son indépendance politique", ainsi que "ses frontières internationales,
conformément à la résolution 833 de l'ONU".
Le nouveau tracé de la frontière
irako-koweïtienne, fixé par l'ONU, a permis au Koweït de récupérer 600 mètres de
territoire, de prendre le contrôle entier du champ de pétrole de Rumayla et
d'une partie du port irakien d'Um Qasr.
Littéralement "accouchée" par la Russie, cette décision irakienne a simplement
été saluée par Washington comme un "progrès" et, le 14 novembre 1994, les
sanctions contre l'Irak ont été reconduites, malgré l'aggravation à ce sujet des
divergences au sein du Conseil de sécurité.
La résolution 988 (14 avril 1995),
autorisant l'Irak à commercialiser une quantité limitée de son pétrole pour des
besoins humanitaires sous le contrôle de l'ONU, a été rejetée par Bagdad, qui y
a vu un obstacle de plus à une levée rapide de l'embargo.
Pour des raisons politiques et commerciales, la France, la Russie et la Chine se
sont montrées favorables à la levée rapide des sanctions.
Paris s'est appuyé
pour cela sur une lecture "juridique" de la résolution 687 sur le désarmement de
l'Irak, à laquelle s'est soumis Bagdad.
Au cours de la crise d'octobre, tout en
assurant ses alliés de la solidarité de son pays face aux "menaces" irakiennes,
Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères français, a invité la
communauté internationale à ne pas "surréagir", et s'est dit opposé à la
création d'une zone d'exclusion terrestre dans le Sud.
Ce projet était soutenu
par les États-Unis et le Royaume-Uni, mais fut rapidement abandonné à cause de
la crainte de voir l'Iran en tirer profit.
Une section d'intérêt français a été
ouverte à Bagdad, le 6 janvier 1995, initiative dénoncée par Washington et
Londres.
Le gel du dossier irakien jusqu'à l'aboutissement du processus de paix au
Moyen-Orient a semblé être l'option retenue par les États-Unis, le maintien en
l'état des sanctions satisfaisant les alliés de Washington, notamment les pays
pétroliers.
La survie du régime de Bagdad est ainsi apparue servir de prétexte à
la mise en tutelle de l'Irak, où les conditions de vie ont....
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