Introduction On pourra, par exemple, proposer un bref rappel historique, ou évoquer les renseignements précieux que l'ethnologie nous fournit à...
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Introduction
On pourra, par exemple, proposer un bref rappel historique, ou évoquer les
renseignements précieux que l'ethnologie nous fournit à ce propos.
1 - Le sacré et la transcendance
a) L'attitude sacrée
Comme le fait remarquer Caillois, le sacré n'est pas un caractère qui appartient en propre
aux choses ; elles en sont investies, durablement ou de façon éphémère, mais elles
peuvent aussi bien en être dépossédées.
Le sacré n'en est pas moins puissant : les
objets qui en reçoivent la marque inspirent effroi et vénération.
En effet, le sacré
manifeste la présence de la divinité, de la transcendance dans le monde, il exprime une
force absolue qui s'impose aux hommes.
b) L'ordre sacré
Le sacré a pour fonction générale de donner un sens, d'organiser le monde et de
l'arracher au chaos, et à l'absurde.
Sera donc sacré tout ce qui manifeste cet ordre, cette
signification : dans les sociétés primitives ce seront les objets ou les êtres qui, d'une
manière ou d'une autre ont été touchés par la divinité.
Dans les sociétés antiques, il en
est de même.
L'exemple d'Oedipe est particulièrement intéressant à analyser.
Comme le
fait remarquer J.
P.
Vernant, l'historien, Oedipe est à la fois souillé par sa faute, et sacré,
parce qu'il porte en lui la marque que les Dieux lui ont imprimée.
C'est pourquoi le
personnage apportera paix et prospérité à la Cité qui l'accueillera, après son
bannissement de Thèbes.
On le voit, le sacré s'accommode du voisinage immédiat de son
contraire, la souillure.
c) Le sacré et l'interdit
L'étymologie du mot lui-même évoque ce problème.
Tout ce qui est sacré est interdit :
on ne peut approcher le sacré que dans des conditions très précises, faute de quoi, la
profanation intervient, transgression des interdits du sacré.
Pour donner un exemple
contemporain, les objets religieux, les sépultures qui ont été approchées sans
précautions sont souvent déclarées profanées.
2 - Vers une disparition du sacré ?
a) Une opinion qui se répand : la disparition du sacré
Le sacré est communément rapproché des mentalités archaïques.
Notre époque serait
celle de la désacralisation, parce qu'elle aurait perdu croyance en une transcendance, si
l'on excepte les religions que chacun s'accorde à reconnaître en régression, et moins
attachées que par le passé à l'observation de lourds interdits.
La réponse à notre
question risquerait donc de devenir totalement négative.
b) La perte du sens
II est vrai que les philosophies modernes, depuis Nietzsche, ou Marx, se présentent
comme dénuées de toute référence au sacré.
Celui-ci fascine quand on le regarde au
travers des recherches ethnologiques, mais à la manière d'un objet étranger, presque
exotique.
C'est son altérité qui nous le rend passionnant.
De Jung à Camus, de M.
Eliade
à Sartre, beaucoup de penseurs s'accordent sur cette perte du sens, liée à la disparition
du sacré, de la croyance à un ordre supérieur de l'univers.
c) Une société profane ?
On pourrait en conclure à l'existence d'une société profane, qui se dégagerait de tous les
interdits, progressivement, ceux qui subsistent n'étant que les résidus archaïques de
modes de pensée condamnés à disparaître.
Toutes les formes les plus variées, depuis la
réflexion philosophique, jusqu'à la croyance vague et mal définie, en un progrès continu
dans la raison de l'homme, existent aujourd'hui.
3 - Persistance du sacré
a) L'occultation du sacré....
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