Introduction • Comportement quotidien = manière au jour le jour de mener sa vie. • Pour FOURASTIE qui écrit en...
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Introduction
• Comportement quotidien = manière au jour le jour de mener sa vie.
• Pour FOURASTIE qui écrit en 1970, deux ans après les événements de 68, et dont la
phrase fait allusion d'ailleurs directement aux « adolescents [qui] sortent de nos écoles
», la thèse est que « l'imaginaire » prend le pas « sur le réel » dans notre conduite
courante de la vie.
• Or il est demandé d'abord d'apprécier la véracité d'une telle affirmation...
• ...
puis d'évaluer le poids et l'avantage éventuels qu'apporteraient à la vie une
démarche consistant à privilégier ou non l'imaginaire.
I.
Donnons-nous « le pas à l'imaginaire sur le réel » dans notre «
comportement quotidien » ?
• Si nous regardons vivre autour de nous ou si nous nous analysons nous-mêmes, nous
constatons vite que l'imaginaire est presque omniprésent.
• On comptera quelques types de personnes attachés de façon terre à terre aux détails
réels de leur journée (mère de famille, bonne ménagère...) ou si satisfaits de leur sort,
remplissant à plein la fonction qu'ils ont choisie et obtenue, qu'ils s'y épanouissent (pour
celui par exemple qui est parvenu au poste de premier ministre ou de président de la
République, reste-t-il beaucoup de place et de temps pour les plaisirs de l'onirisme ?).
• ...
et encore! Cette satisfaction même qu'ils éprouvent en leur charge n'est-elle pas soit
accord entre leurs rêves et cette réalisation, soit obtenue elle-même par une projection
hors du réel qui crée la satisfaction même.
• La mère de famille et maîtresse de maison qui se dit ravie de mener demeure et
enfants, se crée elle-même un univers parfait où elle domine et où le nettoyage par
exemple devient but rêvé et elle-même fée du logis (l'expression populaire est
significative).
• La plupart des hommes moyens accomplissent des métiers, ou qui sont des pis-aller,
ou qui ne répondent pas à l'idée qu'ils s'en étaient faite et à leurs ambitions.
• Rien que la constatation : « ils s'étaient fait une idée » de leur vie démontre un premier
rôle de l'imaginaire.
• Tels adolescents voulaient être par exemple vétérinaires.
Ils ne connaissaient pas
réellement les obligations et servitudes ou assujettissements du métier, mais ils « se
voyaient » (imaginaire) soignant les animaux, vivant avec eux, jouant le rôle d'une sorte
de bon samaritain du règne animal.
• Combien devront, comme le héron de la fable, rabattre de leurs prétentions et se
contenter de tout autre métier...
• Les voilà donc qui construisent sans cesse tels « châteaux en Espagne » à la place de
ce qu'ils sont en train de vivre.
Les uns n'existent que pour le mois de vacances, d'autres
pour mille fantasmes qui colorent d'un futur jamais — ou si rarement — réalisé un
présent qui ne satisfait guère.
• Le vieillard, lui, revivra son passé et se consolera ainsi de cette vie qui s'écoule trop
vite et trop lentement à la fois..., la personne esseulée ou déçue s'évade dans le rêve, les
lectures romanesques, les films, les feuilletons télévisés...
• Un bel exemple de « mémoire affective » c'est-à-dire de souvenir fortement entaché de
subjectivité est J.-J.
ROUSSEAU embellissant de son imagination ce qu'il appelle « le
court bonheur de sa vie », en réalité brouillant les dates, mais en toute sincérité, et
retrouvant un paradis tout à fait chimérique, mais qui le console, lui qui est vieux et
persécuté.
• On raconte à soi et à autrui bien des histoires, on fuit vers « le pays des chimères », on
compose des rôles qui provoqueront d'ailleurs des comportements différents chez une
même personne selon les groupes avec lesquels elle se trouve.
• BALZAC, observant les hommes de tous les jours, montre bien dans La Comédie
humaine ces variations de comportement d'un même individu et c'est ainsi que de
volume en volume, Bianchon, le médecin type, ou Rastignac, l'ambitieux fort qui
réussira, — s'ils font preuve d'une constante de caractère, — jouent des personnages
différents selon le milieu ambiant : Rastignac à la pension Vauquer n'est pas le même
que dans un hôtel particulier du Marais...
• Quand il s'agit — cas soulevé par FOURASTIE — d'un « intellectuel », n'est-ce pas
normal alors plus encore, que l'imaginaire tienne la première place? Car le chercheur ou
l'artiste sont des créateurs, donc par essence ils imaginent.
• C'est par exemple le « visionnaire » BALZAC — il l'est autant qu'observateur —,
projetant les créatures façonnées par son esprit avec un tel relief qu'elles peuplent une
véritable « planète Balzac », qui n'est pas vraiment le monde réel, qui est autre.
• Toute œuvre romanesque, poétique, artistique, toute recherche scientifique comportent
une démarche de l'imaginaire.
Tel BEETHOVEN, remodelant le réel qu'il n'entend plus
pour peupler sa propre réalité (musicale bien sûr), par exemple celle de la Sixième
symphonie avec la transposition de chants d'oiseaux, du tonnerre d'été, d'une vie
heureuse qui est un bonheur imaginaire, devenant pour lui véritable bonheur.
II.
Cette attitude est-elle un handicap dans l'approche de la vie?
• Certes elle en est loin lorsqu'il s'agit d'un créateur.
L'imaginaire doit être son domaine.
• Même les artistes qui font profession de faire du réel la base de leur œuvre (réalistes,
naturalistes par exemple) ne peuvent l'utiliser intégralement.
• La vérité de l'art est particulière.
Elle brasse les données du quotidien, les remanie, les
transpose.
• Toute créature romanesque est d'un autre monde.
• Le romancier qui veut faire vrai en effet ne fait ni vrai ni faux, sinon il est « chroniqueur
du présent » comme les GONCOURT.
• Le romancier à part entière « fait » une vérité romanesque où le travail de l'imaginaire
est essentiel.
• Ainsi FLAUBERT part d'un fait divers authentique pour Madame Bovary.
Mais Emma est
loin....
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