Indonésie 1995-1996 Préparatifs électoraux En août 1995, l'Indonésie a célébré avec faste le cinquantenaire de son indépendance. Le vol du...

« Indonésie 1995-1996 Préparatifs électoraux En août 1995, l'Indonésie a célébré avec faste le cinquantenaire de son indépendance.

Le vol du premier avion indonésien, le N 250, un moyen porteur à hélice, a été le symbole des progrès accomplis.

Loin d'être rentabilisé, ce succès technique est resté controversé, mais son promoteur, le ministre de la Recherche, Bacharuddin Jusuf Habibie, protégé du président Suharto, projetait déjà la construction d'un avion à réaction, le N 2130, pour 2 milliards de dollars. À la même occasion, le président Suharto a fait libérer trois prisonniers politiques en prison depuis trente ans, dont Subandrio, ancien ministre des Affaires étrangères du président Sukarno.

Il a également été décidé de supprimer sur les cartes d'identité le sigle "ET" qui signalait les anciens prisonniers politiques et, dans la foulée, l'obligation d'une autorisation pour toute réunion de plus de cinq personnes. La répression de toute contestation s'est poursuivie, tandis que se préparaient les élections générales de 1997.

Procès et peines de prison se sont multipliés pour les dissidents: condamnation de deux journalistes de l'Association des journalistes indépendants, créée en 1994, à trois ans d'incarcération pour "insulte à l'État"; condamnation à deux ans, en septembre 1995, d'un activiste étudiant pour "insulte au président"; enfin, condamnation à trente-quatre mois pour un ancien député ayant qualifié Suharto de dictateur dans une conférence prononcée en Allemagne en avril 1995, alors que le chef de l'État était pris à partie par des manifestants à Dresde. Un mage javanais, Permadi, qui avait fait des prédictions critiques pour le régime, a été condamné à sept mois de prison, mais...

pour blasphème envers le Prophète.

Certains ont peu apprécié cet usage de l'islam à des fins politiques. Simultanément, des manifestations ont eu lieu en septembre 1995 contre le ministre de l'Information et président-général du Golkar (parti gouvernemental), Harmoko, qui avait cité le Coran de manière erronée. En octobre suivant, le général Soeyono, chef d'état-major des forces armées, a dénoncé dans les activités des dissidents (notamment l'obtention du prix Magsaysay par le romancier Pramudya Ananta Toer, ancien prisonnier politique qui n'a d'ailleurs pu aller à Manille le recevoir) une résurgence dissimulée du communisme.

Certains ministres ont déploré l'utilisation de ce vieil épouvantail. Politique et affaires toujours aux mains des Suharto En décembre 1995, le gouvernement a été ébranlé par une fuite relative à un rapport secret accusant le ministre des Transports, Haryanto Danutirto, d'importants détournements de fonds publics.

Ce scandale a, une nouvelle fois, fait descendre les étudiants dans la rue.

Mais, après avoir invité son ministre à pratiquer l'"introspection", le président a déclaré l'affaire close faute de preuves.

Certains agissements des enfants de Suharto ont par ailleurs soulevé de vives réactions.

L'un de ses petits-fils, Ari (vingt-six ans), qui prélevait un impôt "anti-alcoolique" sur les canettes de bière, a dû y renoncer après avoir déclenché la colère des fabricants.

Parmi les fils de Suharto, le benjamin "Tommy" Suharto (trente-quatre ans) a été chargé, en février 1996, de fabriquer la "voiture nationale" (avec l'aide du groupe coréen KIA).

Le prix de la Timor devrait être d'autant plus bas qu'elle bénéficiera d'exemptions fiscales.

Les concurrents n'ont guère apprécié; parmi eux, le deuxième fils, Bambang Trihatmodjo (quarante-trois ans), a vu son groupe Bimantara, fondé en 1981 et considéré comme très professionnel, introduit en Bourse avec succès en juillet 1995. La poursuite du "boom" économique (datant de la fin des années quatre-vingt) a entraîné des troubles sociaux: émeutes de producteurs de tabac chassés de leur terre à Java-Est (en août 1995), soulèvements antichinois à Java-Centre en novembre, contre des "transmigrants" (migrants internes) musulmans à Timor et Flores, régions à majorité catholique, et contre la pollution à Java-Ouest.

Dans ce climat social, le président a invité par décret les grandes fortunes (selon l'impôt) à offrir 2 % de leur revenu à la Fondation de la prospérité autonome qu'il préside (son fils Bambang étant trésorier).

Ces fonds sont censés être répartis à 11,5 millions de familles vivant en dessous du seuil de pauvreté.

En 1990, un appel semblable n'avait guère été suivi d'effet. Le président a procédé à de nombreuses nominations militaires, renforçant son contrôle des postes clés.

Le fidèle général madurais Hartono a été maintenu à la tête de l'armée de terre, et le général Prabowo, gendre du président, est devenu commandant des parachutistes.

Le premier a déclenché une polémique en affirmant que tous les militaires devaient soutenir le Golkar.

Les divisions de l'armée se sont révélées lorsque le ministre de la Défense Edi Sudradjat et d'autres généraux ont au contraire opté pour l'impartialité en politique.

La relative marginalisation politique des forces armées a été confirmée par la réduction de leur représentation parlementaire en mai 1995: 75 députés (nommés) au lieu de 100. A la veille des élections générales La présidente du Parti démocratique indonésien (PDI, "opposition"), Megawati Sukarnoputri (fille de l'ancien président Sukarno), a été évincée, le 20 juin 1996, par Surjadi, son rival encouragé par le pouvoir, ce qui a provoqué d'importantes manifestations et de graves émeutes fin juillet.

Tandis que le parti gouvernemental commençait sa course aux voix en vue des élections générales de 1997, le rapprochement de Megawati et d'Aburrahman Wahid, chef du Nahdatul Ulama ("Renaissance des oulémas", 30 millions de membres), avait inquiété le pouvoir.

A la fin de 1995 s'est créée une série d'organisations, soit héritières de formations des années cinquante (Nouvelle union nationale indonésienne - PNI, sukarniste -, le Nouveau Masjumi, musulman), soit réagissant à la montée de l'islam incarnée par la puissante Association des.... »