Inde 1995-1996 L'ère des coalitions L'Inde est entrée en 1995-1996 dans l'ère des gouvernements de coalition. Le déclin du parti...
Extrait du document
«
Inde 1995-1996
L'ère des coalitions
L'Inde est entrée en 1995-1996 dans l'ère des gouvernements de coalition.
Le
déclin du parti du Congrès-I ("I" pour Indira), au pouvoir depuis 1991, a marqué
les mois qui ont précédé les élections générales d'avril et mai 1996.
La
révélation, en janvier 1996, d'un des plus grands scandales de corruption de
l'Inde indépendante, connu sous le nom d'"affaire Hawala" - terme désignant des
opérations frauduleuses de change -, a entraîné la démission en série de
plusieurs ministres congressistes du gouvernement central en février 1996.
Peu
de personnalités politiques ont été épargnées: le scandale a aussi touché le
président du principal parti d'opposition, le Bharatiya Janata Party (BJP,
formation nationaliste hindoue de droite), Lal Krishna Advani, ainsi qu'Arjun
Singh, figure de proue de la faction dissidente du Congrès, le Congrès-T (pour
Tiwari).
Le Premier ministre Narasimha Rao lui-même a été accusé d'être impliqué
dans cette affaire en mars 1996.
Dans ce contexte de malaise politique, deux grandes tendances se sont dessinées:
la participation au pouvoir de nouveaux groupes sociaux à travers la
représentation politique des basses castes et une réaffirmation de l'enjeu de la
laïcité face à la montée des communautarismes qui se sont confirmés à l'occasion
du scrutin de 1996.
La scène politique s'est ainsi trouvée divisée pour la
première fois en trois camps, aucun d'entre eux ne pouvant prétendre au monopole
du pouvoir: 186 sièges sur 543 pour le BJP, 138 pour le Congrès-I et 133 pour le
Troisième front (ou Front uni).
Ce dernier a été constitué par le Janata Dal
(castéiste), les partis de gauche (le Parti communiste de l'Inde marxiste,
CPI-M, et le Parti communiste de l'Inde, CPI, d'avec lequel le CPI-M a fait
scission en 1964), le Samajwadi Party, et les partis régionaux (Telegu Desam
Party, Asom Gana Parishad, AGF-Front de gauche de l'Assam et Parti républicain
indien), rééditant la stratégie électorale de 1991.
Échec du BJP à constituer une majorité parlementaire
Le BJP est sorti vainqueur dans l'État septentrional de l'Uttar Pradesh, au
coeur de la ceinture hindiphone toujours sous régime d'administration directe du
Centre, dans l'État côtier du Gujarat et dans celui du Maharashtra - où
l'alliance du BJP et du Shiv Sena (formation nationaliste) a remporté la
majorité pour un nouveau mandat.
Au sein du Troisième front, le Janata Dal
domine.
Déjà au pouvoir dans l'État méridional du Karnataka, il a conservé toute
son emprise dans l'État du Bihar au coeur de la ceinture hindiphone où son
représentant Laloo Prasad Yadav a poursuivi avec succès sa politique de lutte
contre la domination des brahmanes sur le système politique.
Le Parti communiste
de l'Inde-marxiste (CPI-M) a, pour sa part, été une nouvelle fois porté au
pouvoir dans le Kerala et le Bengale occidental, derniers bastions du
communisme.
Dans les États du Sud, l'ascendant des partis dravidiens (mouvement régionaliste
politico-linguistique pour la défense des intérêts du Sud) a persisté en dépit
de rivalités de factions.
Ainsi, en Andhra Pradesh, dans la lutte pour
l'héritage du Telugu Desam Party de Nandamuri Taraka Rama Rao, décédé en janvier
1996, Chandrababu Naidu, l'a emporté.
Dans l'État du Tamil Nadu, l'AIADMK (All
India Anna Dravida Munetra Kazagham, formation nationaliste tamoul combattant
l'"ordre brahamanique" dans la politique et l'administration entretenu par le
parti du Congrès), en dépit d'une alliance "contre nature" avec le parti du
Congrès-I à la veille de la campagne électorale en avril 1996, a été défait par
son rival du Dravida Munedra Kazhagam, Muthuvel Karunanidhi, évincé en 1991 pour
ses sympathies supposées avec l'organisation séparatiste armée des LTTE (Tigres
de libération de l'Eelam tamoul, Sri Lanka).
Le factionnalisme au sein du
Congrès et la création du Tamil Manila Congress (né de la scission de la branche
régionale du Congrès) par Palaniappan Chindambaram à la veille des élections
générales ont aussi contribué à cette victoire.
Dans ce Lok Sabha ("arc-en-ciel"), le BJP qui, avec ses alliés (Shiv Sena, Akali
Dal, Samata Party et Haryana Vikas Party), constituait le groupe numériquement
le plus important au Parlement (195 sièges), a échoué à dégager une majorité
parlementaire.
Le gouvernement d'Atal Behari Vajpayee (BJP), formé mi-mai 1996,
n'aura duré que treize jours, record de brièveté de l'histoire de l'Inde
indépendante.
Face à l'hostilité du Congrès, le Premier ministre démissionnait
le 28 mai, cédant la place à H.D.
Deve Gowda du Janata Dal, dirigeant du groupe
parlementaire du Troisième front assuré du soutien du parti du Congrès.
Tensions régionalistes persistantes
Au Cachemire, aucune solution n'est apparue à la crise, où s'affrontent depuis
1990 partisans d'un "Azad Kashmir" (Cachemire libre), défenseurs d'un
rattachement au Pakistan et promoteurs du maintien dans l'Inde.
Le Premier
ministre Rao, dans son adresse symbolique de Ouagadougou, le 4 novembre 1995, a
annoncé que l'accord de 1975 entre Sheikh Abdullah et Indira Gandhi
reconnaissant au Cachemire le droit de revendiquer l'autonomie au sein de
l'Union indienne servirait de base aux délibérations entre le Centre et les
représentants des diverses formations cachemiries, mais devant les protestations
du BJP, il s'est rétracté en décembre suivant.
Un scrutin local a eu lieu au
Cachemire, en mai 1996, au terme des élections générales d'avril-mai.
Le taux de
participation de 40 %, dans le contexte d'un déploiement important de forces
paramilitaires, a été perçu comme un succès par le gouvernement central.
Le sort
des quatre otages occidentaux détenus par le groupe Al Faran depuis juillet 1995
est demeuré incertain.
Farooq Abdullah, dirigeant de la Conférence nationale
(partisane du maintien de l'intégration nationale), est resté le principal
interlocuteur du Congrès dans la recherche d'une solution à la crise.
Avec la disparition du chef du gouvernement Hiteshwar Saiskia, l'"homme de fer"
de l'Assam, le 22 avril 1996, le Congrès-I a perdu l'un de ses principaux appuis
dans la région troublée du Nord-Est et l'un des plus farouches adversaires au
parti régionaliste Asom Gana Parishad (AGP, en alliance avec le BJP pendant la
campagne électorale) qui avait été au pouvoir jusqu'aux élections générales de
1991.
Durant son mandat, il avait réussi à réprimer le mouvement insurrectionnel
de l'ULFA (Front de libération uni de l'Assam).
Au lendemain de la victoire
électorale de l'AGP, en mai 1996, l'Assam a été le théâtre d'une nouvelle
flambée de violence: à l'instigation du Front démocratique du peuple, des
extrémistes Bodos (revendiquant depuis le début des années quatre-vingt un
"Bodoland") ont attaqué les villages des santhals dans le Bas-Assam, entraînant
l'exode de quelque 200 000 personnes.
Dans l'État du Pendjab, la phase de transition après des années de lutte du
mouvement séparatiste s'est poursuivie avec le retour des modérés du parti
régional de l'Akali Dal (sous la direction de Prakash Singh Badal), vainqueurs
des élections générales (11 sièges sur 13).
Avec l'assassinat du chef du
gouvernement congressiste Beant Singh, en août 1995, et le limogeage en décembre
1995 de l'artisan de la répression antiterroriste, Kanwar Pal Singh Gill, ont....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓