Imre Kertész dit dans son discours du prix Nobel de 2002 : J'ai compris que l'espoir était un instrument du mal.
Publié le 03/03/2014
Extrait du document
«
ses mots, et il finit par céder lui-même au plaisir charnel homosexuel.
C’est une torture régulière qu’il inflige à Basini : « Il avait de fréquents rendez-vous secrets avec lui.
». Ces habitudes feront de Törless une victime de sa propre perversité.
« Il avait très souvent honte, maintenant.
Moins de la tentation à laquelle il avait cédé (ce qui, dans ces écoles,n’avait rien d’exceptionnel) que de ne pouvoir se défendre d’une espèce de tendresse pour Basini, alors qu’il éprouvait plus intensément que jamais à quel point ce garçon étaitméprisable et souillé ».
C’est à ce moment-là que son désarroi est le plus profond.
En effet, son désarroi est à la fois intellectuel, charnel, et moral.
Il est à la fois attiré et dégoûté par laprésence de Basini, être qu’il qualifie de « méprisable et souillé ».
« Le moindre geste de son ami l’emplissait de dégoût, les ombres confuses de ses rêves faisaient place à une lumièremate et glacée, son a^me semblait se ratatiner jusqu’à ce qu’il ne restât plus que le souvenir d’un désir qui lui apparaissait non moins compréhensible que répugnant.
Il semblait vouloirenfoncer son pied dans le sol et se recroqueviller pour se soustraire à cette honte torturante ».
Il parle de « honte torturante », on voit alors que la torture s’est retournée contre, ce n’estplus Basini qui est torturé mais c’est Törless dont les gestes pervers qu’il a eus le troublent profondément jusqu’à le torturer.
Après avoir découvert la perversion, ou du moins ce qui s’yapparente avec Reiting et Beineberg et après avoir participé aux sévices infligés à Basini, Törless prend la fuite.
C’est là qu’aboutit l’évolution de Törless et que s’achève le roman : « Et ilaspira le léger parfum qui s’exhalait du corsage de sa mère ».
Dans ce geste final de Törless, il faut pas voir une régression du personnage, mais plutôt une manière de s’exclure et de sedébarrasser de la perversion qui était insinuée dans le pensionnat ; un retour aux sources maternelles, pures et chastes. D’abord indifférent et passif à la perversité de ses camarades envers Basini, l’élève Törless devient ensuite lui-même le bourreau de Basini, ce qui finit par lui porter préjudice, lorsquecette perversité le rend victime de sa propre personne.
C’est à ce moment-là qu’il devient adulte et dépasse l’adolescence.
De la même manière, les deux romans proposent une vision de l’espoir dans la perversité qu’il engendre. Dans Etre sans destin, c’est d’abord un espoir innocent, presque enfantin, qui devient un espoir indifférent pour être totalement anéanti à la fin, autant qu’il a anéanti l’adolescent lui-même. Pour l’élève Törless, l’espoir est en premier lieu passif.
Puis il se transforme en un espoir cruel, tortionnaire sur Basini, qui finit par affecter l’adolescent Törless lui-même, avec sesnombreux désarrois. Ainsi, l’espoir, qui semble d’abord inoffensif, engendre le mal dans toute la perversité dont il est capable puisqu’il finit même par la destruction et l’anéantissement de la personne.
Lepassage d’un espoir inoffensif à un espoir destructeur est le passage de l’adolescence à l’âge adulte.
C’est ce que nous montrent les deux romans à travers la progression de la visiondes deux adolescents..
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