Hitler - Staline : Lutte des races contre lutte des classes.
Publié le 03/03/2014
Extrait du document
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éclairantes et les différences également. L’URSS et l’Allemagne nazie pratiquent le culte du chef, le parti unique, la mise au pas des églises, l’exaltation de la force militaire, la surveillance des opinions, l’enfermement d’une partiede la population dans des camps, le déferlement d’une propagande mensongère sans contrepoids. Cependant, une différence abyssale rend ces ressemblances assez superficielles : la violence hitlérienne est tournée prioritairement vers l’extérieur (et vers les Juifs allemands,présumés étrangers), alors que Staline exerce la sienne avant tout envers ses compatriotes.
A cet égard le propos de Hannah Arendt, largement fondé sur la comparaison des universconcentrationnaires, est peu convaincant.
Le camp allemand avec sa "déshumanisation", c’est pour les Juifs et les étrangers.
Certes Dachau est ouvert depuis 1933.
Mais le campallemand, avant 1939, sert surtout à faire comprendre aux militants de gauche qui commande, désormais, et l’immense majorité sont relâchés après de courts séjours.
Même les Juifs,par exemple après la Nuit de Cristal.
A l’époque, la purification ethnique passe par l’émigration.
Le régime en tire d’immenses bénéfices politiques : d’une part, les Juifs qui s’y résolvent luiobéissent.
D’autre part, étant obligés par la loi d’abandonner leurs biens, ils s’en vont comme des voleurs, comme si leur patrimoine avait été pris indûment à la race supérieure.
Ainsi,dans tous les domaines, Hitler excelle à placer les gens devant des alternatives où, quels que soient leurs choix, il est gagnant. A côté de cet orfèvre, Staline est un automate.
Sa terreur mécanique est, en temps de paix, infiniment plus meurtrière que celle de Hitler.
Elle vise à engendrer chez tous la crainte dedisparaître brusquement dans un trou sans fond.
Tout est de bas étage ici, y compris la manipulation.
Si Hitler y a puisé des leçons, c’est sur ce qu’il ne faut pas faire. Le régime de Staline est certes parfois expansionniste, mais dans d’étroites limites.
Il borne ses ambitions à la sécurité de ses frontières pour pouvoir, précisément, traiter sescompatriotes comme bon lui semble.
Les seuls peuples qui aient à craindre sont ceux qui ont l’infortune d’habiter des couloirs d’invasion et alors, c’est vrai, ils sont rudement traités...mais rien, là non plus, ne diffère substantiellement du sort réservé aux Soviétiques.
Et il s’agit, dans la totalité des cas, de pays de second ordre, par la population et les ressources, alorsque la théorie de "l’espace vital" réserve par droit divin à la puissance qui la professe d’immenses espaces jusque là sous-exploités par des sous-hommes.
La mainmise soviétique surl’Europe centrale en 1945 résulte d’une opportunité -le rival le plus proche dans ce secteur, l’Allemagne, est à terre- et spécule sur la lassitude et le désintérêt des autres puissances.
Ceque Hitler veut, c’est la Russie soviétique elle-même (ici conquise, là vassalisée) et il ne peut l’obtenir que par la surprise d’un coup militaire écrasant, décourageant toute revanche, russeou non.
(ajout mai 2004) Reste le culte du chef.
Loin d’être un point commun, c’est le meilleur révélateur des différences.
Des plans quinquennaux à la "grande guerre patriotique", Staline exploite des succèsdiscontinus et relatifs.
Il ne crée, sauf chez les fanatiques, qu’un enthousiasme de commande.
Rien de tel dans le nazisme ! Les compétences sont partout valorisées et fières de l’être àl’exception, très minoritaire, de celles des Juifs, les grands problèmes nationaux, traité de Versailles, réparations, chômage, sont réglés à un rythme soutenu, des référendums et desrassemblements montrent une adhésion populaire croissante.
Le virage vers une nouvelle guerre est pris en douceur, son déclenchement provoque une déception vite effacée par dessuccès aussi éclatants que peu meurtriers...
Cela se gâte certes ensuite, mais Hitler a accumulé tant de prestige, de leviers de commande et d’autorité qu’il peut sans trop desoubresauts se maintenir à la barre : il s’est rendu irremplaçable.
Il parachève d’ailleurs sa mainmise par la Solution finale et le meurtre quotidien des Slaves, qui compromettent la grandemasse du peuple en le lui faisant, là encore, subtilement comprendre. Il faut enfin mettre l’accent sur une autre différence, des plus significatives : la stabilité exceptionnelle du haut personnel allemand, qu’il soit nazi ou non (à l’unique exception ducommandement de l’armée de terre), alors que Staline fait une grande consommation de cadres, y compris dans la répression. En somme, l’Allemagne et l’URSS sont toutes deux totalitaires, mais suivant des modalités bien différentes que l’usage d’un même concept mélange fâcheusement, sans rien clarifier.
Icile totalitarisme est subtil, là écrasant.
Hitler laisse à bien des groupes l’illusion d’une relative liberté, une chose que Staline veut justement éradiquer pour que chacun ait souci d’obéir.Mais s’il est plus écrasant, le stalinisme est moins dégradant.
On est moins atteint moralement, d’agir sous la contrainte en étant menacé dans sa vie ou au moins dans sa liberté, que demettre le doigt dans un processus qui insensiblement vous rend coauteur du pire.
Le XXe siècle, le plus meurtrier de l’histoire selon les historiens, aura été le théâtre de bien des tragédies humaines.
L’homme pousse la cruauté et l’horreur à des sommets encoreinégalés, entachant l’espèce humaine toute entière, détruisant toute dignité sur son passage.
Ironiquement, c’est dans ce siècle que l’on aura le plus lutter en faveur des droits humains,de la liberté et de la démocratie, ces valeurs nées d’un humanisme confiant dans le progrès de l’humanité et dans la grandeur de l’homme.
L’homme, dit-on, est capable de raison et librede son esprit.
Or, comment expliquer que des nations entières se soient laissées endoctrinées et se soient abaissées aux pires actes de barbarie?Si l’on a vivement critiqué le fascisme et le nazisme, aujourd’hui encore, on hésite à condamner le communisme, pourtant tout aussi meurtrier.
Serait-ce que ses objectifs sont si noblesque l’on accepte de détruire des vies humaines pour son accomplissement ? Et pourtant, nous le verrons, les dégâts qu’il a causés sont tout aussi lourds à porter que ceux du nazisme. Ainsi, dans ce texte, nous nous attarderons aux rapprochements que l’on peut établir entre les deux régimes, pour démontrer, dans une certaine mesure, que l’un ne vaut pas mieux quel’autre. Le totalitarisme Une comparaison efficace entre le communisme et le nazisme n’est possible que dans la mesure où nous réduisons le terme communisme à celui de stalinisme.
En effet, le termecommunisme englobe une série de régimes politiques qui ont lieu à différents moments de l’histoire, bien que rapprochés dans le temps, à différents endroits géographiques et dans lecadre de contextes socioculturels parfois bien différents.
Aussi, nous préférons limiter cette comparaison au stalinisme, sans toutefois exclure la possibilité d’établir des rapprochementsentre le communisme et le nazisme, voire même le fascisme. La comparaison que nous établirons entre ces deux régimes repose sur le concept de totalitarisme.
Souvent remis en question par différents historiens, nous utiliserons ce concept dansson sens large, global, désignant ainsi le système politique où l’emprise de l’État est totale, tant dans la sphère publique que privée, par opposition à l’État de droit. De plus, afin d’établir cette comparaison, nous nous appuierons sur quelques-unes des caractéristiques du totalitarisme énoncées par Carl Friedrich, soit la présence d’une idéologieproposant une société nouvelle, d’un parti unique à base de masse, d’un État policier et terroriste et d’un contrôle de l’économie. Le Stalinisme La période stalinienne s’étend de 1928, alors que Staline est reconnu comme chef incontesté du Parti et de l’URSS, à 1953, date de sa mort. Les régimes totalitaires s’appuient sur une idéologie orientée vers la perfection d’un état final de l’humanité et la création d’un «homme nouveau» à travers le rejet de la société actuelle.Le parti unique de masse, dirigé par un seul homme et organisé de façon hiérarchique, se veut l’instrument au service de cette idéologie, celui qui saura mener la population vers sadestinée. La doctrine communiste telle que vue et appliquée par Staline invite la population à construire une société parfaite qui appelle à la domination du monde à travers un refus radical de lasociété existante ; l’homme est capable d’établir progressivement une société juste et égalitaire où on en arrivera un jour à éliminer les classes sociales et l’État. Le parti unique compte peu de membres, mais ceux-ci sont animés d’un fanatisme envers l’idéologie du chef qui les dirige.
Si le nombre d’adhérents au parti communiste augmented’années en années, en revanche, le nombre de membres à la tête de ce parti reste restreint bien que ce soit lui qui possède le pouvoir réel.
En effet, Staline voit dans la massel’instabilité des émotions qui peut la pousser à tout moment à changer de direction.
À l’inverse, le parti est solide, constant ; il s’appuie sur une théorie claire, sur une conceptionrévolutionnaire.
Selon Staline, il faut un petit groupe de fervents communistes organisés pour mener les masses qui ne sont pas initiées à la politique. « Le parti doit constituer l’avant-garde de la classe ouvrière…Le parti doit absorber tous les meilleurs éléments de la classe ouvrière.
Le parti ne peut être un vrai parti…s’il n’est pascapable de triompher de l’inertie et de l’indifférence politique d’un mouvement élémentaire.
Le parti doit se tenir en tête de la classe ouvrière ». Si les effectifs du Parti augmentent d’année en année - depuis la mort de Lénine en 1924, où le parti comptait ses 24 000 compagnons, les effectifs ont plus que triplé pour atteindre lenombre de 1 535 362 en 19291- il n’en reste pas moins que ce sont toujours les mêmes dirigeants qui occupent les fonctions d’importance.
Dominé par un chef, le parti communiste estorganisé hiérarchiquement : après le chef, viennent, en importance, le Politbureau et le bureau administratif du Comité central.
C’est d’ailleurs ce chef charismatique, Staline, perçucomme un «sauveur», un demi-dieu, qui s’arroge tous les pouvoirs et autour duquel se développe un culte de la personnalité. Le totalitarisme nazi La doctrine nazie, quant à elle, est fondamentalement nationaliste, raciste, antidémocratique et anticapitaliste2.
Elle se base sur le respect de l’ordre établi, sur l’abandon de tout espritcritique et met en valeur les vertus de puissance, d’autorité, d’obéissance, de discipline et de force physique.
De même que Staline, Hitler croit en une direction élitaire, où la minoritégouverne la majorité.
« De par sa nature même, une organisation ne peut subsister qu’avec un haut commandement intelligent, servi par une masse que guide plutôt le sentiment.
Unecompagnie de deux cents hommes intelligents autant que capables deviendrait, à la longue, plus difficile à mener que si elle contenait cent quatre-vingt hommes moins bien doués et dixautres ayant une formation supérieure ». Le parti hitlérien compte peu de membres et est, lui aussi, organisé hiérarchiquement.
En bas de l’échelle du parti, on retrouve 500 000 chefs de blocs dirigés par les chefs de cellules quicommandent chacun de quatre à huit blocs en plus de contrôler les fonctionnaires de l’État.
En 1933, 32 chefs régionaux occupent d’importantes responsabilités au sein de l’État.
Ausommet de cette organisation, Hitler, est entouré de l’état-major du parti, près de vingt Reichsleiter ayant chacun une fonction définie.
Les principaux sont Rudolf Hess, dauphin d’Hitler,Heinrich Himmler, chef de la SS et de l’appareil répressif, Joseph Goebbels, responsable de la propagande, Hermann Göring, chef de la Luftwaffe, Alfred Rosenberg, théoricien duracisme, et Joachim von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères du Reich. Stalinisme et nazisme : la comparaison Plaçant «l’ennemi» au centre de leur vision du monde et s’appuyant sur la loi de l’Histoire dans un cas, et sur la loi de la Nature dans l’autre, autant le stalinisme que le nazisme procèdentdans le cadre d’un état policier et terroriste. En Union soviétique, la police politique (Tchéka (1917-1922), Guépéou (1922-1934), NKVD (1934-1946)), dont la mission consiste à éliminer les «ennemis du peuple», dispose d’unpouvoir très étendu.
À l’époque du premier plan quinquennal, elle participe à la révolution économique de Staline en organisant la liquidation des koulaks, des «saboteurs» et desmembres du clergé qu’elle envoie au goulag.
En outre, la multiplication des structures, tant dans le parti et le gouvernement que dans la police secrète, qui se superposent ets’entremêlent permet un étroit contrôle sur les membres du parti, sur la population et sur les membres du corps de police. « La multiplication ne devient évidente que dans la police secrète elle-même, avec son réseau d’agents extrêmement complexe et tentaculaire, dont un département est toujours chargéde surveiller et d’espionner l’autre.
Il n’est pas d’entreprise en Union soviétique qui n’ait son département spécial de la police secrète, lequel espionne les membres du parti aussi bien quele personnel ordinaire.
Parallèlement à ce département, il existe une autre division de la police du Parti lui-même, qui, à son tour, surveille tout le monde, y compris les agents duN.K.V.D., et dont les membres ne sont pas connus de ceux du corps rival ».3 Le régime de terreur qui s’instaure en Union soviétique sous Staline permet l’assise du pouvoir et «[érige] le crime de masse en véritable système de gouvernement».
Dès lors, il s’agitd’éliminer tout opposant, réel ou imaginaire, toute personne appartenant à certaines classes de la population (bourgeoisie, noblesse, clergé, etc.), pour des raisons de sécurité ou, toutsimplement, pour faciliter la restructuration de l’économie.
Bien que certaines catégories de personnes soient plus particulièrement visées par le régime de terreur, nul n’en est à l’abri.D’ailleurs, le système de dénonciation qui se met en place donne l’occasion à certains de régler leurs comptes… En Allemagne nazie, la violence politique est surtout le fait de la police secrète, de la Gestapo, et des milices du parti, les SS et les SA.
Chargées d’éliminer tout opposant au régimenational-socialiste et tout élément «impur» ou «inapte à vivre» (Juifs, Tsiganes, malades mentaux, etc.), elles procèdent à d’arbitraires arrestations et condamnations, à des tortures etdes assassinats dans les prisons et les camps de concentration.
Dès leur arrivée au pouvoir en 1933, les nazis créent des camps de concentration où la Gestapo impose la détention àde nombreuse catégories de personnes : communistes, socialistes, religieux catholiques ou protestants, Témoins de Jéhovah, Juifs, Tsiganes, etc.
Les SS administrent les camps et yfont régner leur discipline..
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