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France 1997-1998 La mode au tricolore En 1998 ont été célébrés les quarante ans de la Ve République et de...

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« France 1997-1998 La mode au tricolore En 1998 ont été célébrés les quarante ans de la Ve République et de ses institutions.

Le général de Gaulle (1890-1970), pour lequel ces institutions avaient été " taillées sur mesure ", avait voulu qu'elles réservent au chef de l'État de très larges prérogatives.

De fait, ce régime, qui a pu être défini comme " semi-présidentiel ", accorde au président, lorsqu'il dispose d'une majorité parlementaire, un pouvoir qui peut être sans partage, réduisant ses partisans au rôle de " parti-godillot ".

Cependant, à partir de 1986, le jeu politique a été profondément transformé puisque, à trois reprises (1986-1988, 1993-1995, 1997), le pays a connu une période de " cohabitation ", avec une coalition au gouvernement opposée à celle soutenant le chef de l'État. En 1997, le président de la République Jacques Chirac (Rassemblement pour la République-RPR), constatant la très forte impopularité du gouvernement d'Alain Juppé (RPR lui aussi), avait tenté de retrouver une nouvelle légitimité en recourant à des élections législatives anticipées.

C'est en fait à une véritable autodissolution de la droite que cette tentative aura mené : la majorité est devenue minoritaire.

La droite n'a en effet obtenu que 38,6 % des suffrages exprimés au premier tour, tandis que l'alliance des gauches - Parti socialiste (PS), Parti communiste (PCF), Mouvement des citoyens (MDC), Parti radical de gauche (PRG) - et des écologistes (Les Verts) obtenait 44,3 %.

Au second tour, cette alliance emportait 319 sièges sur 577 et la droite s'effondrait à 257 (contre 484 dans la précédente assemblée).

A lui seul, le PS obtenait la majorité relative avec 245 sièges.

Le Front national (FN, extrême droite), avec 14,9 % au premier tour, n'obtenait finalement qu'un seul siège du fait du mode de scrutin majoritaire. " La droite ne fait même plus rire " Ces élections, aggravant les divisions de la droite, ont précipité ses différentes composantes dans la crise.

Alain Juppé, président du RPR, a dû démissionner.

Il a été remplacé par Philippe Séguin, lequel a montré qu'il nourrissait des ambitions pouvant contrarier l'avenir politique de J.

Chirac. Courants et clubs se sont davantage affirmés, illustrant de fortes tendances centrifuges, notamment quant aux questions européennes (traité d'Amsterdam, monnaie unique...).

L'autre composante de la droite parlementaire, théoriquement confédérée dans l'UDF (Union pour la démocratie française, fondée en 1978 par l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing), s'est proprement scindée.

L'une de ses principales forces, Démocratie libérale - DL, dirigée par Alain Madelin et héritière du Parti républicain (PR) -, a choisi de mener sa propre stratégie. Une tentative de liaison entre RPR, UDF et DL, baptisée " Alliance ", n'est pas parvenue à se rendre crédible, incapable qu'elle était de formuler des perspectives politiques.

Les rivalités entre courants conservateurs n'ont fait que redoubler, comme l'a illustré la conquête de la présidence du Sénat par un parlementaire RPR, Christian Poncelet, au détriment de René Monory (UDF), qui détenait ce poste.

La grave crise qu'a connue le Conseil de Paris, où les élus de droite se sont entre-déchirés publiquement, a elle aussi contribué à étaler les querelles d'ambitions personnelles et les règlements de comptes.

Début octobre, l'éditorialiste du Journal du dimanche dressait un constat clinique sans appel : " [De la droite], de ce qui lui arrive, de ce qu'elle fait, de la manière dont elle continue à se défaire...

on se moque.

La droite n'intéresse plus.

Elle ne fait même plus rire.

Or, en politique, l'indifférence [...] est le dernier symptôme avant la mort clinique.

" Les manœuvres de l'extrême droite C'est dans un contexte de crise de la représentation politique que se sont déroulées les élections pour le renouvellement des conseils régionaux, le 15 mars 1998.

Sur fond d'abstention (42 %), la " majorité plurielle " de gauche et écologiste a obtenu 38,8 % des suffrages exprimés, la droite traditionnelle 35,8 %, et l'extrême droite (FN) 15,3 %.

Pour sa part, l'extrême gauche a effectué une percée, avec 4,4 % des suffrages.

A la suite de ces élections, le Front national a proposé à la droite un " soutien sans participation " pour éviter l'élection de présidents de gauche dans les régions où ses scores rendait le calcul envisageable.

Cette tentative de " baiser de la mort ", intervenant dans une période de désorganisation et de doute de la droite, est apparue comme une tactique très efficace pour accroître les divisions de celle-ci.

Finalement, quatre membres de l'UDF, Charles Baur, Jacques Blanc, Jean-Pierre Soisson et Charles Millon - ministre de la Défense de 1995 à 1997 - auront été élus présidents de région grâce à des alliances avec le FN, respectivement en Picardie, Languedoc-Roussillon, Bourgogne et Rhône-Alpes.

Cette question des alliances n'allait pas finir d'empoisonner les partis conservateurs. En tout état de cause, l'ancrage accru du Front national dans le paysage politique a encore renforcé sa prétention à s'approprier les symboles de la nation, à commencer par le bleu-blanc-rouge du drapeau tricolore.

En réaction contre cette appropriation et contre la persistance du vote FN, les positionnements " patriotiques " (à droite comme à gauche), pour lesquels " la République " semble seule tenir lieu de projet politique, ont depuis quelques années recueilli un écho élargi.

D'autres postures politico-intellectuelles sont apparues à partir de 1995-1996, notamment dans le sillage du sociologue Pierre Bourdieu, figure souvent associée à la mouvance qui se définit comme " la gauche de la gauche ".

Celle-ci dénonce volontiers la " soumission aux marchés financiers " comme fauteuse d'exclusion sociale.

D'une manière générale, les cloisonnements entre sensibilités intellectuelles se sont accentués, de même que certaines dérives sectaires. " Rose, rouge, vert " La " majorité plurielle ", comme s'autodésigne l'alliance.... »

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