FICHE DE LECTURE : « Histoire des forces politiques en France (1880-1940) » de Pierre Lévêque.
Publié le 04/03/2014
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ailleurs, dans les municipalités communistes, correspondant le plus souvent aux villes ouvrières rythmées par la vie d’usine, les réalisations sociales sont conséquentes et améliorent lequotidien des travailleurs : construction d’HBM, lutte contre le chômage, assistance médicale gratuite, dispensaire.
c) Un parti de travailleurs Le parti est essentiellement constitué detravailleurs manuels, ouvriers, mais aussi paysans (34% des communistes répertoriés en 1931-1936 appartiennent au monde agricole).
Les classes moyennes, parfois séduites par lesocialisme, sont en revanche effrayées par le collectivisme et le bolchevisme.
De même, par opposition à la SFIO, largement présidée par des intellectuels (Blum, par ex.) ou desprofessions libérales (entre autres avocats), le PC est principalement géré par des ouvriers (même s’il rallie aussi de nombreux intellectuels, comme Aragon ou Barbusse).
Ex.
: deuxcommunistes charismatiques, Thorez et Doriot (avant son exclusion en 1934) sont respectivement un ancien mineur et un ancien métallurgiste.
B) Le socialisme toujours vigoureux, maisdoublé dans son secteur de dilection a) Un socialisme en progression, mais une perte du monopole de la classe ouvrière La SFIO, affaiblie en 1921, ne tarde pas à reconstituer son socleélectoral et militant.
Elle garde des liens étroits avec la classe ouvrière, mais se trouve doublée par le communisme dans de grandes zones industrielles comme la région parisienne.
Lasection de Saint-Denis, ville ouvrière communiste,
est ainsi composée à 50% de petits fonctionnaires et d’employés, contre un tiers seulement d’ouvriers.
Le tissu militant est toujours aussi diversifié et la SFIO apparait surtout comme uneformation « interclassiste » où se rencontrent milieu populaire et petite bourgeoisie.
b) Le manque de relais vers le monde du travail La SFIO manque d’un véritable relai syndical vers lemonde du travail.
La CGT accueille tous les socialistes syndiqués et peut être considérée comme relativement proche de la SFIO, mais la grande centrale entend préserversoigneusement son indépendance idéologique et structurelle.
D’autre part, elle ne regroupe qu’une faible minorité de salariés et se révèle plus forte parmi les fonctionnaires et lesenseignants que dans la classe ouvrière proprement dite (à l’exception de certaines compagnies comme les mineurs).
IV-
Les droites nationalistes: le traditionalisme face aux nouvelles formes de l’économie et du travail
A) Idéologie nationaliste et mondes du travail Le capitalisme est violemment critiqué : il bouleverse le monde du travail traditionnel, vulnérabilise le pays (ouverture des frontières,dépendance de l’économie nationale), est assimilé au règne de l’étranger en France : au sommet d’abord, avec une identification du capitalisme et du judaïsme, qui nourritl’antisémitisme, souvent virulent, de l’extrême droite, à la base ensuite, avec l’afflux migratoire de la première moitié du XXe siècle, développant une xénophobie latente, aux expressionssporadiques.
Les nationalistes, avec des divergences selon les sensibilités et les chapelles, veulent mettre en place un protectionnisme, lutter contre le grand capital, établir des mesuresdiscriminatoires en faveur des ouvriers français (programme de Maurice Barrès, député lorrain, dans les années 1900), privilégier d’une façon générale la petite entreprise, l’artisanat et lecommerce.
Le PSF, premier parti de masse à droite (un million de membres probables en 1938), se présente ainsi comme le défenseur de la petite industrie face au communisme et augrand capital et reproche au radicalisme d’avoir « abandonné la défense des classes moyennes ».
B) Echec de l’implantation en milieu ouvrier : exemple de l’éphémère syndicalisme «jaune » Le nationalisme essaye de pénétrer dans le monde ouvrier, tâche que les progrès du socialisme rendent d’abord difficile, puis tout à fait vaine.
Les séductions, parfois fortes, ontbien une réalité, mais toujours circonstancielle et momentanée.
L’exemple le plus probant nous est sans doute fourni par le syndicalisme jaune.
Au début du XXe siècle, ce mouvementcherche à combattre la CGT, à concilier intérêts ouvriers et patronaux, prêche la collaboration de classe, l’accession de tous à la propriété, la lutte contre le collectivisme.
Il tient sonpremier congrès national en 1902 et compte environ 100 000 adhérents.
Pierre Bietry, ouvrier horloger de Belfort, en prend la tête.
Les « jaunes » sont subventionnés par certainspatrons, par le Prétendant et la duchesse d’Uzès, soutenus par les comités royalistes et bonapartistes, par l’Action française.
Mais la séduction n’est pas durable, la timidité des résultatsobtenus sans proportion avec l’ampleur des moyens déployés : ce syndicalisme disparait avec la dérobade de ses bailleurs de fonds au début de la décennie 1910.
C) Succès du nationalisme dans les classes moyennes de la petite industrie et du commerce Les artisans et boutiquiers, frappés par l’inflation au sortir de la guerre, le poids de lalégislation sur les assurances sociales, la hausse des salaires, et effrayés par le communisme, subissent l’attraction de la droite nationaliste, à la fois séduits par l’anticapitalisme souventpatent et sécurisés par l’attachement propriétaire et le goût de l’ordre de l’ordre social.
L’Action française recrute
abondamment parmi les boutiquiers, les petits commerçants et industriels, les employés de commerce.
Le PSF jette, nous l’avons vu, son dévolu sur le même milieu..
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