Éthiopie 2003-2004 Ferments de crise La décision rendue par la Commission de démarcation de la frontière entre l’Érythrée et l’Éthiopie...
Extrait du document
«
Éthiopie 2003-2004
Ferments de crise
La décision rendue par la Commission de démarcation de la frontière entre l’Érythrée et l’Éthiopie
d’attribuer le village de Badme à l’Érythrée (avril 2002) restait inacceptable pour une très grande partie
de la classe politique éthiopienne.
Malgré les arrestations et les mises à pied qui avaient suivi la crise
ouverte au sein du parti dominant la coalition au pouvoir à Addis-Abéba, le Front populaire de libération
du Tigré (FPLT), au printemps 2001, le mécontentement sur la gestion politique de la guerre contre
l’Érythrée (mai 1998-juin 2000) et sur un compromis dicté moins par la situation militaire que par les
pressions occidentales demeurait très vif, au Tigré – où l’administration régionale multipliait les
déclarations guerrières – mais aussi dans certains cercles du pouvoir et dans l’armée.
Si le retour de la guerre apparaissait improbable, le respect des accords d’Alger signés en décembre 2000
semblait impossible.
La communauté internationale, désireuse de ne pas affaiblir un allié essentiel dans la
lutte contre le terrorisme dans la grande région, a tenté de transiger en nommant, le 29 décembre 2003,
un envoyé spécial des Nations unies, le Canadien Lloyd Axworthy, pour entreprendre une médiation entre
les deux capitales, tout en s’impatientant devant la poursuite d’une opération de maintien de la paix qui
coûtait 250 millions de dollars par an.
La crise de Badme et le sursaut nationaliste qu’elle a provoqué ont mis en évidence le resserrement de la
base politique du Premier ministre, Méles Zenawi, et d’un premier cercle de plus en plus réduit.
Alors que
des élections parlementaires devaient se tenir en 2005, des dissensions croissantes se manifestaient au
Parlement et dans les médias, incitant le pouvoir à resserrer son emprise sur l’expression publique, à
retarder le jugement des dissidents (inculpés pour «corruption»), à multiplier les décisions autoritaires.
Ce
durcissement était également perceptible dans les relations du FPLT avec les autres composantes de la
coalition au pouvoir.
Une loi permet depuis juillet 2003 au pouvoir central d’intervenir directement dans
l’administration d’un État de la fédération.
La composante Oromo (principal groupe ethnique de l’Éthiopie)
de la coalition au pouvoir faisait face à une véritable crise de légitimité en sus de ses habituels
affrontements factionnels : le projet de transfert de la capitale de l’État oromo d’Addis-Abéba à Nazareth
a provoqué des heurts violents avec les étudiants et une mobilisation des élites oromo contre le
gouvernement, renforçant ainsi la crédibilité des....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓