Éthiopie 1998-1999 La guerre comme ressource politique La guerre est sans doute redevenue l'une des ressources politiques les plus efficaces...
Extrait du document
«
Éthiopie 1998-1999
La guerre comme ressource politique
La guerre est sans doute redevenue l'une des ressources politiques les plus efficaces en Éthiopie.
Lorsque
le conflit avec l'Érythrée avait commencé en mai 1998, à la suite d'une escarmouche entre gardesfrontières, Addis-Abéba avait fait figure d'agressé et avait immédiatement accepté le plan des médiations
américano-rwandaise puis de l'OUA (Organisation de l'unité africaine).
Néanmoins, cette attitude était
contradictoire avec d'autres comportements qui n'ont cessé de se multiplier durant l'été et l'automne,
malgré le calme régnant sur la ligne de front.
D'une part, des dizaines de milliers d'Érythréens, travaillant
le plus souvent dans l'administration et les services, ont été expulsés dans des conditions iniques et leurs
biens ont été confisqués ou même vendus pour payer l'effort de guerre, si l'on en croit la rumeur
érythréenne.
D'autre part, une rhétorique de guerre a servi à mobiliser, tant à l'intérieur que dans la
diaspora, des secteurs de la population qui n'avaient que peu de sympathie pour un régime dominé par
les Tigréens, suspecté de gérer le pays au profit d'une minorité.
Des collectes ont été organisées après
des discours haineux, comme si l'unique point de convergence ne pouvait qu'être l'hostilité aux
Érythréens.
Enfin, le réarmement a été massif.
La reprise des hostilités sur une grande échelle, le 4 février 1999, n'était pas une surprise après l'échec
des tentatives américaines (quatre voyages d'Anthony Lake, l'ancien conseiller pour la Sécurité nationale
de Bill Clinton), d'une médiation de l'OUA et d'une ultime tentative de Mohamed Sahnoun, représentant
personnel du secrétaire général des Nations unies.
La reprise de la zone de Badmé, à l'origine du conflit,
le 25 février 1999 a conduit les Érythréens à accepter formellement le plan de l'OUA le 27 février, sans
qu'ils se retirent pour autant des autres portions de territoire éthiopien qu'ils avaient occupées, à l'instar
d'Addis-Abéba qui a crié victoire et voulu humilier davantage Asmara.
Le résultat a été la reprise des
combats de façon intermittente.
Ce conflit aura eu un coup humain hors de proportions.
Outre les déportations en grand nombre
effectuées de part et d'autre, les déplacés se sont comptés par centaines de milliers, et plusieurs dizaines
de milliers de soldats sont morts.
Surtout, la haine entre les deux régimes a atteint un tel niveau qu'il est
difficile d'imaginer comment ils pourront coexister dans deux pays qui ont la particularité d'être voisins.
Chaque belligérant a offert des facilités aux oppositions de son adversaire.
Le Front de libération oromo,
exclu ou auto-exclu du processus politique en Éthiopie depuis 1992, a refait surface militairement dans le
sud du pays.
Des armes ont été....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓