États-Unis 1985-1986 Le réalisme prévaut 1985 était la première année du second mandat de Ronald Reagan. Malgré les proclamations présidentielles...
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États-Unis 1985-1986
Le réalisme prévaut
1985 était la première année du second mandat de Ronald Reagan.
Malgré les proclamations
présidentielles annonçant une "seconde révolution américaine", le réalisme a finalement prévalu sur les
questions les plus importantes, qu'il s'agisse du budget, du sort du dollar ou des relations avec l'Union
soviétique.
Au début de 1986, la lutte contre le terrorisme a toutefois donné l'occasion au chef de la
Maison-Blanche de recourir de nouveau à une rhétorique vigoureuse et à l'usage de la force.
Confortablement réélu en novembre 1984, Ronald Reagan exaltait dans son discours sur l'état de l'Union,
le 6 février, une Amérique "forte et sûre d'elle-même".
Il laissait là libre cours à son optimisme naturel
que la réalité, notamment dans le domaine économique, aurait dû tempérer.
En effet, si,
conjoncturellement, l'année 1984 avait été satisfaisante tant pour la croissance (+6,8%) que pour
l'inflation (+4,5%) ou le chômage (7,5%), structurellement, l'existence de déficits importants de la
balance commerciale et des paiements et le déséquilibre budgétaire représentaient de graves sources de
préoccupations.
Moins euphorique que le chef de l'exécutif, Paul Volcker, président de la Réserve
fédérale, comparait le déficit budgétaire des États-Unis, de l'ordre de 200 milliards de dollars, à "un
pistolet chargé pointé sur le coeur de l'économie américaine".
Le dollar "sous contrôle"
Mais une chose est de connaître le mal, une autre de se donner les moyens de le combattre.
Par sa
politique monétaire anti-inflationniste, la Réserve fédérale a eu sa part de responsabilité dans la situation
dénoncée par son président.
Les taux d'intérêt élevés découlant de cette politique ont attiré une masse
de capitaux étrangers bien utiles pour financer le déficit budgétaire, puisque Ronald Reagan s'est refusé à
le combler, soit en diminuant l'énorme budget de la défense, soit en augmentant la pression fiscale, soit
encore en s'engageant simultanément dans ces deux directions.
Il ne faut pas aller chercher plus loin les
causes de la fantastique montée du dollar: le 26 février 1985, la monnaie américaine était cotée au taux
record de 10,61 francs français.
Toujours aussi confiant dans les vertus américaines, Ronald Reagan avait tendance à voir dans cette
hausse vertigineuse une conséquence de la faiblesse des économies européennes.
Il lui a fallu pourtant,
assez rapidement, regarder la réalité en face.
En accentuant la perte de compétitivité de l'industrie
américaine, le dollar cher rendait impossible le rétablissement rapide de l'équilibre de la balance des
échanges.
En outre, il mettait en péril l'économie internationale en alourdissant dans des proportions
intolérables la dette extérieure de nombreux pays du tiers monde.
Un mouvement à la baisse était donc inévitable, d'autant que les perspectives de croissance aux ÉtatsUnis se révélaient moins bonnes que prévu (+2,2% sur l'année 1985).
Le 20 mars, le dollar repassait
sous la barre des 10 francs et à la mi-juillet sous celle des 9 francs.
Mais l'événement majeur reste la
décision prise le 22 septembre à New York par les ministres des Finances de cinq pays (États-Unis,
Allemagne Fédérale, Grande-Bretagne, France, Japon).
Ces cinq grands argentiers se sont mis d'accord
pour procéder à des interventions concertées de leurs banques centrales afin de faire "fléchir" la devise
américaine.
Étonnant retournement de situation si l'on se rappelle le refus catégorique opposé
traditionnellement par Washington à toute action concertée des pays occidentaux sur le front monétaire
et en la croyance quasi mystique de Ronald Reagan dans les vertus du marché.
A la fin de décembre
1985, le dollar s'établissait autour de 7,50 francs pour se fixer, dans les semaines suivantes, sur le seuil
des 7 francs.
Batailles budgétaire et fiscale
C'est sur cet arrière-plan monétaire que s'est déroulée pendant toute la première moitié de l'année 1985
entre le président et le Congrès, une dure bataille budgétaire.
Après diverses escarmouches, Ronald
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Reagan a accepté, en mai, que l'augmentation des dépenses militaires soit limitée à l'inflation (environ
3%).
Cette concession - de taille - n'a pas mis fin pour autant à toutes les controverses, le Congrès
argumentant durement à propos des coupes dans le domaine social.
Le document budgétaire n'a
finalement été voté que le 1er août, à la veille du départ en vacances des congressistes.
Il prévoyait un
déficit de 170 milliards de dollars.
Il devrait, en réalité, être sensiblement plus élevé.
L'affrontement a repris avec la préparation du budget 1986-1987.
Entre-temps, l'obligation de réduire le
déficit est devenue plus contraignante, le Congrès ayant adopté le 11 décembre 1985 un dispositif
législatif (loi Gramm-Rudman), qui prévoit un retour progressif à l'équilibre des comptes publics en 1991.
La loi, dont la constitutionnalité était encore examinée en mai 1986 par la Cour suprême, indique qu'en
cas d'impasse parlementaire, les coupes indispensables pour maintenir le déficit en deçà du seuil toléré
seront effectuées automatiquement, de façon égale, dans les dépenses civiles et militaires.
Un tel
mécanisme met en danger certains programmes d'armements défendus par Ronald Reagan.
D'où les
pressions exercées sur le Congrès pour qu'il "sabre" encore plus largement qu'auparavant dans les
dépenses sociales.
Simultanément, le gouvernement, tout en rejetant les tendances protectionnistes les plus extrêmes, a été
amené à prendre certaines mesures restrictives dans l'espoir de réduire le déficit commercial.
L'embargo
a été mis sur l'importation de pâtes alimentaires, l'entrée des aciers européens a été plus sévèrement
réglementée, les achats de textiles en provenance de différents pays du tiers monde diminués.
Cela n'a
pas empêché les échanges d'enregistrer, à la fin de l'année, un solde négatif de 148 milliards de dollars.
L'entrée de l'Espagne et du Portugal dans la Communauté européenne, le 1er janvier 1986, en menaçant
notamment les exportations américaines de soja dans ces deux pays, a aigri les relations de Washington
avec Bruxelles et débouché sur une nouvelle guerre commerciale entre le Marché commun et les ÉtatsUnis.
L'oeuvre à laquelle le président Reagan souhaiterait toutefois attacher son nom reste son projet de
réforme fiscale.
Annoncé le 28 mai 1985 avec solennité - il s'agit de "donner une force et un sens
nouveaux aux mots de liberté, d'équité et d'espoir", déclarait Ronald Reagan -, ce projet vise à simplifier
un système fiscal rendu passablement compliqué par la multiplication des exemptions et des déductions.
Il propose de remplacer les quinze taux d'imposition existants par seulement trois, le taux le plus élevé
pour les personnes privées étant fixé à 35% au lieu de 50%.
L'impôt sur les sociétés passerait, lui, de
46% à 33%.
Enfin, les possibilités de déduction au titre des amortissements industriels seraient très
limitées, ce qui favoriserait les secteurs moins gourmands en capital au détriment des industries lourdes.
Après bien des péripéties, la Chambre des représentants a finalement donné son feu vert, le 17
décembre, à cette réforme.
Son adoption définitive devait cependant faire l'objet d'autres débats
parlementaires, le Sénat travaillant à sa propre version du projet.
Un accord du Congrès signifierait, en
tout cas pour Ronald Reagan un pas de plus dans l'accomplissement de sa révolution conservatrice.
Électoralement, un tel succès pourrait se révéler payant lors des élections intermédiaires de novembre
1986 (renouvellement de la Chambre des représentants et du tiers des sénateurs).
Mais il est clair que la
diminution de la pression fiscale n'est pas le meilleur moyen de contribuer à la réduction du déficit
budgétaire.
C'est ce genre de contradictions qui ont amené certains collaborateurs de Reagan, comme David
Stockman, le directeur du budget, à s'éloigner de lui (1er août 1985).
Remaniée à l'aube du deuxième
mandat, l'équipe présidentielle a connu d'autres tiraillements et des querelles de compétences favorisées
par le style de travail de Reagan et par ses ennuis médicaux passagers.
Dialogue très classique avec l'URSS
Ces frictions se sont manifestées particulièrement dans la conduite de la politique étrangère.
Bien que
contesté par les ultra-conservateurs, George Shultz, le secrétaire d'État, a consolidé son autorité,
imposant, en ce domaine aussi, un plus grand réalisme, notamment dans les rapports Est-Ouest.
L'égérie
des reaganiens....
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