Égypte 1990-1991 L'année de tous les paradoxes En Égypte, comme ailleurs dans la région, la crise du Golfe a radicalement...
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Égypte 1990-1991
L'année de tous les paradoxes
En Égypte, comme ailleurs dans la région, la crise du Golfe a radicalement bouleversé les perspectives,
tant économiques que sociales, politiques et diplomatiques.
Au plan économique, 1990 s'annonçait particulièrement difficile: creusement du déficit du commerce
extérieur (2,8 millions de dollars d'exportations contre 10,5 milliards d'importations, dont 60% de produits
alimentaires); aggravation du déficit budgétaire (8,2 milliards en 1989, soit 13,8% de plus que l'année
précédente); gonflement de l'endettement et des arriérés de remboursement.
Le FMI a accentué ses
pressions, obligeant le gouvernement à des mesures impopulaires: hausses de 10% à 100% des prix de
produits alimentaires de première nécessité (riz, sucre, pâtes, huile), de l'électricité (+38%) et des
carburants (+40%) - cette dernière hausse provoquant, en mai, une grève des chauffeurs de taxis
collectifs -, alors que l'inflation atteint 35% et que plus de 20% de la population active est au chômage.
L'Égypte a également procédé, le 1er juillet 1990, à une dévaluation de près de 50% de la livre, ce qui a
considérablement alourdi les échéances de remboursement de la dette extérieure.
Enfin, des rumeurs,
appuyées par les déclarations du sénateur Robert Dole et du secrétaire d'État James Baker, faisaient état
d'une probable réduction, de l'ordre de 5% à 10%, de l'aide économique américaine (2,3 milliards de
dollars inscrits pour 1990, dont 1,3 d'aide militaire).
Une situation intérieure tendue
Au plan politique, la situation était également tendue: le remplacement du très controversé Zaki Badr par
Abd al-Halim Mousa au ministère de l'Intérieur, d'abord accueilli comme un signe d'apaisement, a marqué
au contraire une brusque aggravation de la confrontation avec le courant islamiste: heurts
intercommunautaires à Minya et Assiout (mars et avril); affrontements armés entre la police et un groupe
extrémiste au Fayyoum, le 1er mai 1990 (16 morts); assassinat de Rifat al-Mahjoub, président de
l'Assemblée du peuple (12 octobre)...
Dans un rapport de janvier 1991, Amnesty International a
stigmatisé les méthodes employées par le pouvoir dans la répression du courant islamiste.
Au plan institutionnel, la situation n'a pas été moins confuse: après que la Haute Cour constitutionnelle
eut autorisé, en avril, trois nouveaux partis politiques (Parti des Verts, Parti de la Jeune Égypte, Parti
démocratique unioniste) - mais reconduit l'interdiction d'un parti nassérien -, elle déclara, le 20 mai,
l'inconstitutionnalité du Parlement élu en octobre 1987, pour les mêmes raisons, liées au scrutin de liste,
qui avaient déjà conduit à l'annulation des élections de 1984.
Le Parlement a été dissous le 2 juin par le
chef de l'État, Hosni Moubarak.
Les élections du 29 novembre et du 6 décembre 1990, tenues en pleine
crise du Golfe et boycottées - à l'exception du Parti du rassemblement - par l'ensemble des partis
d'opposition et les Frères musulmans, qui contestaient les conditions de déroulement du scrutin, ont été
remportées sans surprise par le PND - Parti national démocratique avec 348 sièges sur 444 (79,6 9 des
voix) contre 83 sièges aux "indépendants" (19%), et 6 au Rassemblement progressiste unioniste (1,4%),
après une campagne qui aura illustré une fois de plus le profond désintérêt des Égyptiens pour la vie
politique officielle (taux de participation officiel de 44,9%, mais les électeurs inscrits représentent moins
de 50% du corps électoral).
Au plan diplomatique, la grande affaire du premier semestre 1990 aura été le resserrement des rangs
arabes et la réaffirmation du rôle "arabe" de l'Égypte.
Réconciliée avec la Libye et avec la Syrie, elle a
offert ses bons offices pour rapprocher cette dernière de l'Irak et de l'OLP (Organisation de libération de
la Palestine).
Lors d'une visite à Moscou, le 14 mai - la première à ce niveau depuis dix-huit ans - H.
Moubarak a pris la tête de la campagne arabe contre les implantations de juifs soviétiques dans les
territoires occupés par Israël.
Enfin, depuis mars 1990, le Conseil de la Ligue arabe a décidé à l'unanimité
de réinstaller son siège au Caire (il avait été déplacé à Tunis en 1979, après que l'Égypte eut signé les
accords de Camp David) et en mai, c'est le ministre égyptien des Affaires étrangères, Abdel Meguid, qui
en a été nommé nouveau secrétaire général.
C'est dans ce contexte que s'est produite l'invasion du Koweït par l'Irak, le 2 août, crise dans laquelle
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