Égypte 1988-1989 Fin de l'embellie 1988 a été pour l'Égypte l'année d'une "rechute" au plan économique. Moins d'un an après...
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Égypte 1988-1989
Fin de l'embellie
1988 a été pour l'Égypte l'année d'une "rechute" au plan économique.
Moins d'un an après l'accord de
mai 1987 qui avait permis de rééchelonner la dette pour un montant de 7 milliards de dollars, le pays
s'est de nouveau trouvé en cessation virtuelle de paiement.
Avec un taux de croissance économique
négatif depuis 1987 (de -1 à -1,6% selon le FMI) plusieurs facteurs ont contribué à cette situation:
réduction de 500 millions de dollars des recettes pétrolières, renchérissement de la facture céréalière de
400 millions de dollars, forte réduction des transferts des émigrés.
Le tourisme, après le "boom" de 1987,
semble avoir atteint un plafond (2 milliards de recettes) de même que les revenus provenant des droits
de transit sur le canal de Suez (1,3 milliard de dollars).
Quelques augmentations de tarifs publics n'ont
pas suffi à réduire le déficit budgétaire évalué à 7,5 milliards de livres égyptiennes pour 1988-1989.
Contrairement aux engagements pris envers le FMI, les subventions à la consommation populaire n'ont
pas été sensiblement réduites (11% des dépenses courantes) et le gouvernement a été contraint
d'accorder des hausses de salaires d'environ 20% aux fonctionnaires pour compenser une inflation qui se
situe autour de 25% par an.
La balance des paiements, malgré les rééchelonnements de mai 1987, a
recommencé à se dégrader (-2,6 milliards de dollars pour 1988-1989), faisant craindre la nécessité d'un
nouveau recours au FMI.
En juin 1988, la dette extérieure a augmenté de 7% par rapport à juin 1987 et
son service équivalait à 2,6% des recettes courantes.
Quelques éléments positifs éclairent ce sombre tableau.
D'abord, de fortes pluies en Éthiopie ont fait
remonter les eaux derrière le haut-barrage au-dessus de la cote d'alerte, éloignant la menace d'un arrêt
des turbines de la centrale d'Assouan.
La production du blé a enregistré une légère hausse (4,3%), et les
exportations auraient progressé de 78,5% sur les six premiers mois de 1988, couvrant 24,7% de la valeur
des importations (20,4% en 1987).
Le secteur public industriel aurait permis de dégager 550 millions de
bénéfices (+8% par rapport à 1987).
Enfin, l'assistance américaine s'est maintenue à un niveau élevé:
2,3 milliards de dollars, dont 1,2 milliard pour l'aide militaire -60% de ces sommes étant, il est vrai,
destinés à soutenir la balance des paiements.
Les sociétés islamiques de placement
La grande affaire de 1988 a été celle des "sociétés islamiques de placement de fonds".
Apparues au
début de la décennie, ces sociétés financières ont réussi, en proposant une rémunération annuelle de 25
à 30% (10 à 12% dans les réseaux officiels), à attirer, en dehors de tout cadre légal et sans la moindre
garantie pour les intéressés, des dépôts dépassant 12 milliards de dollars fournis, pour une large part, par
les travailleurs migrants.
Escroquerie à grande échelle ou invention de canaux inédits de mobilisation de
l'épargne? Il ne fait pas de doute que la spéculation sur les marchés internationaux et les paiements des
dividendes des anciens adhérents avec le capital des nouveaux étaient à la base de ces redistributions,
beaucoup plus que des investissements effectifs.
Le succès de ces sociétés illustre en tout cas l'incapacité
des institutions officielles à drainer l'épargne disponible et la méfiance des petits épargnants vis-à-vis de
ces institutions.
Après la publication, en juin 1988, d'une loi régissant leurs activités, les procès intentés à
certaines de ces sociétés menaçaient de dévoiler les complaisances grassement rétribuées dont elles ont
bénéficié auprès de très nombreux responsables, tant au gouvernement que dans le secteur public ou la
presse.
Les accords de Camp David avec Israël dont le dixième anniversaire est passé totalement inaperçu en
Égypte ont cessé d'être un obstacle pour la diplomatie égyptienne: après la reprise des relations avec la
Tunisie (février 1988), le Yémen du Sud (septembre), l'Algérie (novembre), la réintégration de l'Égypte
dans la Ligue arabe a vu sa consécration lors du sommet extraordinaire qui s'est tenu à Casablanca le 23
mai 1989, malgré les réticences de la Syrie et surtout de la Libye.
Rôle en pointe au Proche-Orient
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1988 a....
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