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Extrait du document
«
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Dégagez l'intérêt philosophique du.
texte suivant à l'aide de son'
étude ordonnée :
_
·
« Nous disons que le plaisir est la fin de la vie,.
nous ne parlons·•
pas des plaisirs des hommes débauchés ni de ceux qui consistent
dans la jouis!!Snce, comme l'imaginent certaines gens,.
mais nous·
entendons le plaisir comme l'absenèe de douleur pour-le corps;'
l'absence de trouble pour l'âme.
Car ce ne sont ni dès beuveries,
et des festins· à n'en plus finir, ni la jouissance de jeunes garçons
ou de femmes, ni la dégustation de poissons et de tout� la bonne:
chère que comporte une table somptueuse,.
qui engendrent la vie;
heureuse, mais c'est un entendemènt sobrë
sage; qui sache
rechercher.les causes de tout choix et dè tbùte :aversion et'
chasser les opinions fausses, d'où provient pour la plus grande
part le trouble' qui saisit les âmes.
Or le principe de toüt cela, et
par conséquent le plus grand bien;- c:est la prudence.
Et voilà
pourquoi la· prudence est une chose plus précièuse que la:
philosophie elle-même; car c'est elle qui donne naissance à,
toutes les autrès vertus, en.
nous· en$eignant q·u'it esdmpossible
de vivre heureusement sans vivre -àvec prudènèe;, hcinnêteté et:
justice; comme il est impossible·de vivre avec prudence, honnê,..
teté 'Elt justice sans vivre par là même heureusemént.
»
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Extrait de, ÊPICl!RE, Lettre,_/} Ménécée•.
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I.
ANALYSE DU SUJET.
CONSEILS.
REMARQUES DE MÉTHODE
• Devant ce très beau texte, èlassique, mais d'une grande
difficulté derrière son apparente clarté, il faut procéder en
s'attachant aux concepts de la manière la plus précise, en
s'efforçant d'en_ délimiter le sens.
Cette tâche, pour un
candidat au baccalauréat, n'a rien d'aisé.
CF5 lignes sont, en
effet, extraites de la Lettre à Ménéçée, d'Epicure (341-270
av.
J.-C.), fondateur d'une célèbre Ecole - le Jardin - dont
les disciples ont été, bien souvènt, injustement décriés.
Le
texte est d'autant plus difficile qu'il fait appel à des
concepts «traditionnels,.
(la prudence,.
cppôvricm;...
etc.)
dont le ·candidat igno� généralement le sens historique
précis.
L'analyse notionnelle, malgré ces difficultés, doit
s'attacher aux termes: Plaisir (état affectif agréable);
douleur (état affectif pénible souvent corporel, encore
qu'existe également la notion de douleur· morale); trouble
(état psychologique pénible, fait d'angoisse et d'agitation et
d'une activité mentale excessive); entendement (ici: faculté
de comprendre); opinion (manière de penser, de juger; état
de l'esprit qui tient pour vraie une assertion); prudence
(discernement réfléchi, sagesse pratique); phi(osophie (sagesse spéculative).
• Devant la difficulté du texte et des notions de base,
l'esprit de finesse peut vous permettre de bien démêler le
sens des mots.
En particulier, ce qui pose problème pour
vous, ce sont les termes de prudence et de philosophie, mais
l'opposition même des mots doit vous guider.
Si philosophie
a une connotation théorique, prudence a une connotation
pratique.
• Une fois résolu le difficile travail conceptuel, il vous
reste à trouver l'organisation générale du texte.
Ici, la
tripartition s'impose assez facilement à votre interrogation
et à votre réflexion.
La pensée d'Épicure manifeste claire
ment son mouvement ( 1.
analyse du plaisir stable et « ata
raxique»; 2.
rôle du calcul raisonné, de l'entendement;
3.
analyse d� la sagesse et de la prudence).
1
Comn'iè on le voit, ce qui 'prime lei, comme: dans les
autres '.textes/c'est la réflexion notionnelle,.
Il.
BIBLIOGRAPHIE .
ÉPICURE et les Épicuriens
Tex,tes, choisis (P.U.f., _co!L Les grands textes).
PAUL NIZAN
Les matéfialistes de l�ntiquité (Maspéro).
m: COMMENTAIRE DE TEXTE
1° lntr.oduction
.,
Quelîé·dt l'idée générale du -t�xte? Épiture nous dessine
le noyaù' d'�ne
sagesse pratique fondée sur le plaisir, fin de
f
.
l'actioq ·e qè la vie.
Mais �on point 'dè' n'importe quel
plaisir, ,Ç�lu\ que conçoit ç,r_icurc est_ stable;, envisagé
comm� ·un,' repos, lié à un� 'prudenèe:''et a'1 un calcul
..
.
rationn'eL .
·• ·.
· .
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.
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Dans:rdmesureoù Épicurè,nous assure:d�ns·êê·texte qûe
la sagesse pratique est plus précieuse que'·Ja'philôsophie, on
.· peut difi iju� le problèr�epos� fou un des'problêmes posés)
, par ceg)ign·esest celui 'qe s?_voir s'il.) f'pri'niàuté de la
· réflexiôn,,ppép)llative mi.
�ç Il'!.
)l.lgcsse pr_âtiq ue1 :
Cé ,tê�te ;se divise én_troif'partiês :
Noüs disons...
troub[b:p,01)r.I'.âme; 2: è_ar, d/ncsont.:.'qui saihit les âmes;
3.
Odi(pdr:icipe._..
lle,�'i�qse�e).it .
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A) Première,partie : Nous disons.,.
pour: l'âme.
peut· êfr� ''\iéfjHP corhmé iiii ''ë.tat affectif
· i/ 1
agr§ab}.:�::,�igi)e qùe)atengan'së.se satiSf(!it', hé au besoin, il
est â'ofclrê sènsiblé \;t :.ipparàîr''coilimè !& ÏJhéhomèrie qui
�i4ùù ·.
vient parfaire la tendance lorsqu'elle atteint son objet.
J'ai
soif et je bois: ici se manifeste le plàisir, qui vient
parachever l'accomplis�ement de mon besoin.
On le -distin
gue traditionnellement de la joie, qui se donne dans le temps
alors qu'il esf, au cçmtraire, de l'ordre de l'instant.
Or, que nous dit Epicure, en ces lignes? Tout d'abord que
la satisfaction sensible est la fin, c'est-à-dire le but vers .
lequel tend notre éxistence, celui que cherche à réaliser la
morale.
Ainsi l'état affectif agréable finalise notre être dans
le monde et notre sagesse pratiqµe.
C'est généralement à
cette proposition que l'on réduit fout le contenu de l'épieu•
risme, comme si la satisfaction d'ordre sensible était l'uni
que matériau de la morale, d'Épicure (« le troupeau d'Épi
cure ! dit-on).
En fait, 'da�, ce premier paragraphe et dans
toute la suite du texte, Epicure souligne que le plaisir
véritable, celui qui s'intègre dans une sagesse, ce n'est point
n'importe quel plaisir mais bieJ!.
un type particulier de cet
état affectif.
Si la sagesse d'Epicure est philosophie du
plaisir (« un « hédonisme»), il n'en résulte pas que tout
plaisir soit souhaitable.
Les plaisirs des êtres débauchés.
c'est-à-dire détournés de 1a·sphère de la morale et voués à
l'inconduite, son� exclus, tout comme est répudiée la jouis- '
sance en tant que telle.
Il y a dans l'idée de jouissance une
idée de délice, de bien-être, de volupté.
Ainsi parle-t-on des
jouissances de l'âme ou de l'esprit, mais aussi des jouissances des sens.
Or, tout ceci - quoiqu'en, disent certains est
rigoureusement exclu de la morale d'Epicure.
L'expression
- même (comme l'imaginent certaines gens) tend à montrèr
que l'épicurisme fut l'objet d'attaques· et de critiques assez
vives dès l'1ntiquité.
Donc ce n'est qu'un certain modèle de
· plaisir qu'Epicure.
maintient dans l'éthique.
En œ qui
concerne le corps, c'est l'élimination de la souffrance
physique qui importe et, èn ce qui concerne l'âme, l'absence .
d'agitation.
Ainsi c'est une absence, c'est-à-dire le fait de ne
p� exister, qui donne son sens au vrai plaisir.
Le plaisir ·
d'Epicure est une suspension de la souffrance du corps·et de
ragitation de l'âme.
Quand le corps demande à être délivré
de la faim et dë la soif, al(?rs le besoin satisfait, Sê produit le
plaisir.
C'est un plaisir « pour ascètes», une abs�nce, une
suspension_de douleur ou d'inquiétude, une éliminatio� de
ce qui est pénible.
Ainsi le corps (l'organisme humain) ou
l'âme (le principe de la sensibilité ou de la pensée),
échappant à la souffrance, connaissent, non point la jouis
sance· (en ce qu'elle a de mobile.
de violent...
) mais le plaisir
immobile comme pure suspension de la douleur.
L'ataraxie,
/'absence de trouble, voilà le plaisir.
Mais ce plaisir/suspensio9 de la douleur, on ne conçoit
pas encore son principe.
Si �picure nous dit qu'il est la fin
de la vie, il faut bien ·voir en quel sens.
Dans ce premier
paragraphe, Épicure, expliquant la nature ·du plaisir vrai,
répond à ses adversaires.
Pour bien apporter réponse et
réplique à leur procès, il faut aller encore beaucoup plus loin
dans l'analyse.
B) Deuxième partie : Car ce ne -sont...
qui saisit les
âmes.
D'où vient le prin�ipe même de la morale? Nous ne le
savons pas encore.
Epicure nous a dit, dans le premier
· · paragraphe, que si le plaisir est la fin de la vie....
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