Dégagez fintérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée. . Les artistes ont un intérêt à ce...
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Dégagez fintérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée.
.
Les artistes ont un intérêt à ce qu'on croie aux intuitions soudaines, aux soi-disant
inspirations; comme ·si l'idée de I'œuvre d'an, des poèmes, la pensée fondamentale
d'une philosophie, tombait du ciel comme un rayon de la grâce.
En réalité,
l'imagination du bon 11rtiste ou penseur produit constamment du bon, du médiocre
et du mauvais.
mais son jugement extrêmement aiguisé, exercé, rejette, choisit.
combine: ainsi, l'on se rend compte aujourd'hui, d'après les carnets de Beethoven,
qu'il a composé peu à peu ses plus magnifiques mélodies et les a en quelque sorte
triées d'ébauches multiples.
Celui qui discerne moins sévèrement et s'abandonne
volontiers à la mémoire reproductrice pourra, dans certaines conditions, devenir un
grand improvisateur: mais l'improvisation artistique est à un niveau Jort bas en
comparaison des idées d'art choisies sérieusement et avec peine.
Tous les grands
hommes sont de grands travàil/eurs.
infatigables non seulement à inventer, mais
encore à rejeter.
passer au crible, modifier, arranger.
»
«
NIETZSCHE
(Groupement interacadémique IV.
B)
Introduction
Problème de l'importance du travail dans l'invention artistique ou intellectuelle.
Nietzsche prend ses distances à l'égard du thème de l'inspiration, pour montrer
que le grand artiste ne se contente pas d'improviser.
I.
Imagination et jugement
- L'invention intellectuelle (artistique, philosophique, etc.) n'est pas due à un
don du çiel : elle ne survient pas immédiatement, dans l'instantanéité, mais résulte
au contraire d'une élaboration obstinée à partir de ce qui a pu d'abord surgir.
- L'imagination produit des matériaux de qualité variable: à côté des éléments
prndtifs; beaucoup de choses seront à éliminer.
� Le trfà effectuer parmi ce qu'elle accorde ainsi sera le fait du jugement - ce
qui suppose réflexion, choix, articulation, essais et erreurs, tentatives ·plus ou
ï'! • Compléter l'exemple de Beethoven parce que p.eut nous apprendre l'étude
des brouillons d'un écrivain (Proust), des esquisses d'un peintre, des
croquis d'un architecte, des inédits d'un philosophe, etc.
- De très nombreux créateurs seraient du même avis:
• Valéry: le premier vers est «donné» mais il faut ensuite travailler pour
lui accorder le reste du poème;
• E.
Poe : analyse célèbre du Corbeau;
• les confidences sur la difficulté de l'invention dans les correspondances
(Flaubert).
- Se fier à la seule imagination et à la mémoire reproductrice (sans opérer le tri
nécessaire) ne peut mener qu'à de la« grande improvisation» ~ qui risque d'être
répétitive : reprise semi-automatique de schémas acquis.
Ce qui, pour Nietzsche,
n'est pas rien, mais reste très inférieur aux « idées d'art choisies» : il privilégie les
formes durables parce que travaillées et volontairement construites sur le
caractère éphémère de l'œuvre improvisée (cf.
Valéry : la poésie est l'art de
changer ce qui passe en ce qui demeure).
Plus il y a de travail, plus l'invention
sera authentique et importante.
II.
Le mythe de l'inspiration
- Pourquoi les artistes ont-ils « un intérêt» à ne pas révéler que leur œuvre
provient d'« un quart d'inspiration, trois quarts de transpiration»? Parce que
l'inspiration est valorisante : elle confère un statut quelque peu mystérieux et
supérieur à l'humanité« normale» (toujours attachée au travail, au sens le plus
pénible): il y aurait des «dons» de nature énigmatique ...
- Rappeler que la première théorie de l'inspiration se rencontre chez Platon, qui
lui assigne une origine divine : le- poète comme intermédiaire (ambigu) entre les
dieux et les hommes (du coup, il ne sait pas très bien ce qu'il dit-cf Ion- mais
sa....
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