Définition des termes du sujet Ce sujet s’adresse directement à nous (« qu’attendez-vous ? ») en tant que lecteurs de...
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet
Ce sujet s’adresse directement à nous (« qu’attendez-vous ? ») en tant que lecteurs de
poésie.
Il s’agit donc de nous interroger sur nos expériences de lecture poétique et sur les
attentes que nous nourrissons à leur égard.
Mais il ne faudra pas limiter la réflexion à la
restitution d’une expérience de lecture : il faudra aussi réfléchir à ce qu’est la poésie, et se
demander notamment s’il est pertinent d’attendre de la poésie qu’elle « nous fasse
voyager, découvrir autre chose que l’univers qui nous entoure », ou si c’est manquer
l’essence de la poésie que de déclarer cela sans rien y ajouter.
Il convient dans un premier temps de définir les termes du sujet.
« Faire voyager » est
une expression ici employée d’une manière métaphorique et développée par l’expression
qui la suit : « découvrir autre chose que l’univers qui vous entoure au quotidien ».
Le type
de voyage évoqué ici se précise alors : il s’agit d’un voyage dans un « ailleurs », d’une
forme de divertissement peut-être, ou d’éducation à de nouvelles choses – le mot
« quotidien » peut être compris d’une manière peut-être assez péjorative, c’est ce que
nous voyons en effet tous les jours, cette idée peut contenir celle d’une certaine monotonie
ou d’une certaine fadeur.
La poésie aurait alors pour fonction de nous divertir, au sens
étymologique du terme, c’est-à-dire de nous détourner de notre vie quotidienne envisagée
comme morne peut-être.
Elle serait un moyen d’ouverture au monde, un moyen de
découvrir d’autres choses.
Cette idée d’une « découverte d’autre chose » est
problématique : c’est une notion extrêmement vague, qui, surtout, ne recoupe pas les
esthétiques poétiques proposées par les poètes eux-mêmes.
Ceux-ci, en effet, semblent
considérer la poésie avant tout comme un moyen d’expression d’eux-mêmes et du réel tel
qu’ils le perçoivent, pas du tout comme un moyen de divertir un public.
Les attentes du
lecteur et celles du poète seraient-elles alors en inadéquation, par exemple parce que le
lecteur aurait l’habitude d’attendre du roman, par exemple, un divertissement, ou faut-il
considérer que c’est ce que le lecteur attend de la poésie quand il déclare qu’il y cherche
le voyage ou la découverte de choses différentes de son quotidien qui est une conception
erronée de la poésie, et peut-être de la littérature ? Autrement dit, la définition implicite
de la poésie contenue dans le sujet n’est-elle pas particulièrement réductrice quant à
l’essence de la poésie elle-même ?
Eléments pour le développement
Voyage et découverte : une attente légitime à l’égard de la poésie
Une première partie pourra être consacrée à un argumentaire en faveur d’une réponse
positive au sujet proposé : on pourra d’abord considérer l’activité de lecture en elle-même :
on lit peut-être pour se détendre, pour se divertir, la lecture est une activité de plaisir ; la
poésie ne dérogerait donc pas à cette règle, on en attendrait un amusement.
L’exemple
des jeux poétiques des Salons précieux du XVIIè siècle, ne cherchant pas autre chose que
l’agrément, sera pertinent ici.
Le deuxième volet du sujet évoque une découverte d’autre chose que l’univers qui nous
entoure au quotidien.
On pourra poser, en effet, que la lecture de la poésie peut être
comprise comme une exploration imaginaire, comme une découverte de manières de
penser, de sentir, de voir le monde qui ne nous sont pas propres mais que nous avons
plaisir à voir à l’œuvre.
Lire les poèmes de Senghor, par exemple, c’est découvrir des
images de l’Afrique.
L’argumentation de cette première partie se trouve limitée par le fait qu’elle ne pose pas
la question de l’essence de la poésie : c’est cette question que la seconde partie va prendre
en charge.
Poésie, art du langage et expression de soi
Les poètes ne définissent jamais leur art comme un moyen de divertir ou de faire découvrir
aux lecteurs des choses dont ils ne sont....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓