Dans la scène 2 de l'acte Ill de la pièce de Shakespeare, Hamiet, le héros, s'adressant à un comédien déclare...
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Dans la scène 2 de l'acte Ill de la pièce de Shakespeare, Hamiet, le
héros, s'adressant à un comédien déclare : « L'objet du théâtre a été dès
l'origine, et demeure encore, de présenter pour ainsi dire un miroir à la
nature et de montrer à la vertu son portrait, à la niaiserie son visage, et au
siècle même et à la société de ce temps quels sont leur aspect et leurs
caractères ».
Pensez-vous que cette affirmation rende totalement compte de la fonc
tion du théâtre? Justifiez votre réponse en analysant des exemples précis.
Corrigé
REMARQUE
On pensera à ce que dit Hugo, dans la préface de Cromwell: « le dran;ie
est un miroir où se réfléchit la nature ...
Mais si ce miroir est un miroir
ordinaire, il ne renverra des objets qu'une image terne et sans relief; il faut
donc que le drame soit un miroir de concentration, qui fasse d'une lueur
une lumière ...
»
PLAN DÉTAILLÉ
I.
Le théâtre est un « miroir où se réfléchit la nature».
1.
Miroir de l'âme humaine.
Les pièces de Molière peuvent paraître l'étude de défauts humains, l'ava
rice, la vanité, l'égoïsme, l'hypocrisie ...
Racine fait une peinture des pas
sions.
Dans Phèdre par exemple, il met en scène l'amour, le jalousie et la
faiblesse.
(On peut prendre de nombreux exemples à puiser dans la culture
théâtrale de chacun.)
2.
.Miroir d'une société.
Au dix-septième siècle, Molière se fait un peu le peintre de la bourgeois
sie; les tragédies témoignent de préoccupations du temps, noblesse, hon
neur, gloire, même si elles ne traitent pas directement de probièmes
contemporains.
De la même façon, le drame romantique se fait l'écho de
préoccupations du dix-neuvième siècle: ainsi la révolte de Lorenzaccio, le
malheur du poète Chatterton sont représentatifs des idées romantiques.
On
pourrait faire la même remarque au sujet du théâtre existentialiste.
3.
Les limites de ce théâtre « miroir».
A l'extrême de la conception du théâtre comme miroir de la société les
drames de Diderot ont pour but de peindre des conditions (professions ...
)
et des relations de famille, plutôt que des caractères et des passions comme
dans le théâtre classique.
Il veut, par la mise en scène et le jeu des acteurs,
reproduire fidèlement la réalité.
Ce système sera repris par le drame social
de Dumas fils par exemple.
Mais les pièces de ce dernier, comme celles de
Diderot, sont oubliées, et leur échec souligne !es limites d'un théâtre
« miroir» fidèle de la nature : à vouloir copier le réel, on risque de deverûr
ennuyeux, moralisateur, on est tenté de faire des pièces « à thèse >>.
En se
donnant pour un seul but la peinture de l'âme humaine ou de la société, on
risque d'écrire pour l'édifica.tion du public, en faisant de la scène·une tri
bune, et ce n'est pas l'objet premier du théâtre.
II.
Mais le théâtre est ua « miroir de concentration», axé sur des problè
mes essentiels.
L'affirmation de Hamlet est juste sans doute, mais la formule« présen
ter un miroir à la nature» n'insiste pas assez sur l'aspect spécifique du théâ
tre, fait de grossissement.
1.
Une stylisation du réel :
• l'éloignement dans le temps : l'action peut avoir lieu dans le passé, et être
réduite à ses grandes lignes.
Du fait de !'éloignement, la réalité est simpli
fiée.
• des événements hors du commun : le combat fratricide des Horaces et
des Curiaces, ou 1a tromperie énontée d'un Tartuffe ...
• des hommes hors du commun : un monde de rois et de reines, de héros
(Antigone, ou chez Corneille, Rodrigue ...}, ou d'hommes qui prennent
valeur de symbole (« Ruy Blas, c'est le peuple»).
• une écriture qui « simplifie» la réalité : la complexité....
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