Cuba 1990-1991 "Gagner du temps" Confronté à d'énormes difficultés du fait de la diminution de l'aide soviétique, Cuba est entré...
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Cuba 1990-1991
"Gagner du temps"
Confronté à d'énormes difficultés du fait de la diminution de l'aide soviétique, Cuba est entré dans la
première étape de ce qui a été baptisé "période spéciale en temps de paix".
Depuis août 1990, les
économies d'énergie ont entraîné le rationnement des carburants, l'achat massif de bicyclettes, le recours
aux boeufs pour remplacer les tracteurs, mais aussi l'arrêt de l'usine de nickel, tandis que la construction
de la centrale nucléaire et de la raffinerie de Cienfuegos n'a cessé de prendre du retard.
La priorité
absolue à l'agriculture, aux produits d'exportation (biotechnologie, électronique) et au tourisme s'est
traduite par une désindustrialisation rapide.
Les travailleurs mobilisés et volontaires des villes ont été
envoyés dans les campagnes, les dépenses de santé et d'éducation ont été réduites, ainsi que la
construction de logements, faute de ciment.
La pénurie générale (même les rations de la libreta - livret
de rationnement - n'ont plus été régulièrement fournies) a entraîné le développement d'une économie
souterraine à laquelle les Cubains, désertant bien souvent les activités de production, ont consacré
l'essentiel de leur temps.
Certes, le mécontentement s'est accru, notamment chez les jeunes (60% sont nés depuis la révolution de
1959), mais il ne s'est pas traduit par des actions collectives du fait de l'absence d'opposition structurée.
Aucun leader de la diaspora de Floride n'a émergé et, à l'intérieur, le millier de dissidents - pro-américains
ou partisans d'une perestroïka, militants des droits de l'homme ou de la liberté religieuse - a continué à
craindre la répression.
La passivité de la population a tenu à la lassitude, à l'énergie dépensée dans la
quête de produits ou de services et, surtout, au réseau de surveillance très serré de la Sécurité d'État et
des CDR (comités de défense de la révolution) désormais dirigés par des généraux.
Ä la tête de ce pays quadrillé, le lider maximo, Fidel Castro, a conservé à 65 ans sa combativité et son
prestige de fondateur d'un "socialisme" autochtone qui a continué de s'alimenter des réflexes
nationalistes périodiquement réveillés par l'action de Washington.
Même si, à la mi-1991, le charisme du
caudillo vieillissant demeurait, il apparaissait parfois comme le seul véritable lien des Cubains avec un
régime qui serait donc très fragilisé s'il venait à disparaître.
D'autant qu'il n'existait ni successeur
incontesté ni structures institutionnalisant véritablement la révolution.
Quant à l'armée, ébranlée par
l'affaire Ochoa - général condamné pour trafic de drogue et fusillé en juillet 1989 -, probablement
traversée de courants divers, nombre d'observateurs estimaient que son intervention pourrait être
décisive, soit pour maintenir l'ordre par la force, soit pour renverser le régime.
Un isolement international croissant
Au plan international, La Havane a cherché à diversifier ses partenaires et à rompre un isolement
croissant: certains pays de l'Est ont à l'ONU voté contre Cuba sur la question des droits de l'homme, et la
Tchécoslovaquie a abandonné la représentation des intérêts cubains à Washington.
L'Amérique latine a,
quant à elle, adopté une attitude ambiguë face à ce régime, désormais unique depuis la défaite des
sandinistes, mais aussi seul mince contrepoids à l'hégémonie des États-Unis.
Si la Chine est devenue le
deuxième partenaire commercial de La Havane, le Japon ne s'est guère ouvert, du fait d'arriérés de dette,
et l'accès à l'Europe a été limité par le manque de devises disponibles pour les importations ou par
l'absence de conformité de certains produits aux normes de la CEE.
Alors que l'Espagne est restée son
principal partenaire touristique, les relations ont été au bord de la rupture lorsque, en juillet-août 1990,
44 Cubains ont cherché asile dans diverses ambassades européennes, dont l'espagnole.
Sur le plan
extérieur, en Angola, le retrait des troupes devait être achevé le 1er juillet 1991.
Pendant la crise du
Golfe, ouverte le 2 août 1990 par l'invasion du Koweït par l'Irak, Cuba, membre du Conseil de sécurité de
l'ONU, a voté contre la résolution condamnant l'invasion du Koweït, puis a affirmé respecter l'embargo,
mais a condamné la guerre "orchestrée par l'impérialisme des États-Unis".
L'affrontement avec
Washington s'est poursuivi et a semblé prendre la forme d'un "conflit de basse intensité" destiné à
favoriser l'effondrement du régime castriste.
Quant à l'Union soviétique, principal allié et partenaire (70% du commerce cubain), elle a accordé un
délai de....
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