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« Croissance et développement aux XIXe et xxe siècles L Les _conna�ssances indisp_en��(f?les . - 1.1.

Définitions 1.1.1.

La croissance : un phénomène récent Les deux définitions de la croissance les plus souvent citées sont celles de F.

Perroux et de S.

Kuznets. Pour F.

Perroux (1961), la croissance est «l'augmentation soutenue durant une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension, le produit global brut ou net en termes réels pour la nation». Pour S.

Kuznets (1971), la croissance : «peut être définie comme une hausse de long terme de sa capacité d'offrir à la population une gamme sans cesse élargie de biens économiques; cette capacité croissante est fondée sur le progrès technique et les comportements institutionnels et idéologiques qu'elle requiert». Le processus de croissance économique, ainsi décrit, est un phénomène relativement récent à l'échelle de l'histoire et à l'échelle du monde.

Depuis le début du xrxe siècle, le taux de croissance annuel moyen du PIB mondial a été de 2,2 %.

Compte tenu de la croissance de la population (1 %), le PIB par habitant a augmenté de 1,2 %.

Cette croissance n'a été uniforme ni dans le temps, ni dans l'espace. Tableau 1 - Phases de croissance par région, 1820-1992. Taux de croissance annuels moyens(%) PIB Europe occidentale Pays neufs (1) Europe du Sud Europe de l'Est Amérique latine Asie (2) Afrique Monde Population Europe occidentale Pays neufs (1) Europe du Sud Europe de l'Est Amérique latine Asie (2) Afrique Monde PIB par habitant Europe occidentale Pays neufs (1) Europe du Sud Europe de l'Est Amérique latine Asie (2) Afrique Monde 1820-1870 1870-1913 1913-1950 R1 f;'î,J., L3) 1,4 2,8 1,3 1,6 3,4 1,0 3,0 1,9 0,7 2,8 0,3 0,9 1,3 0,1 0,3 0,3 0,7 2,1 0,4 1,3 1,8 0,6 0,7 0,8 0,5 1,2 0,9 0,4 1,9 0,9 1,9 0,9 Q:~J /Y,3) 0,9 1,6 0,4 1,2 1,5 0,1 1,0 0,9 1,4 0,6 0,7 0,2 0,1 0,1 0,6 1973-1992 1820-1992 30G 3,9 1,5 2,4 3,3 1,1 1,1 2,1 4,3 1,0 1,6 1,5 0,2 0,4 1,0 1950-1973 '(8 1,1 1,0 1,5 0,6 0,4 1,3 ~ cg) 1,9 2,2 2,4 3,1 -0,4 2,8 5,1 2,8 3,0 2,2 3,6 2,1 2,0 3,0 1,9 1,9 2,2 0,8 1,5 1,4 1,2 2,7 2,1 2,4 1,9 0,3 1,0 1,4 0,7 2,3 1,9 2,9 1,8 0,6 1,9 0,8 0,9 1,8 0,9 1,3 1,0 1,8 1,4 1,7 -1,1 0,5 3,2 -0,1 1,2 1,5 1,7 1,4 1,1 1,1 1,0 0,6 1,2 4,7 5,3 ~ ' O_i,, 2,4 f~ 4!./ 3,5 2,,5~, G~) 2,0 2,9 (l) États-Unis, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande. (2) Y compris !"Océanie. Source: A.

Maddison, L'Économie mondiale, 1820-1992, OCDE, 1995. 1.1.2.

Un système économique : le capitalisme industriel de marché La croissance intervient dans des économies caractérisées par un système économique : le capitalisme industriel de marché.

Certes, historiquement, un autre système économique, le système d'économie planifiée, fondé sur la propriété étatique des moyens de production, pourrait répondre, en partie, aux deux définitions précédentes de la croissance.

Mais, ce système a implosé économiquement à la fin des années quatre-vingt, et il est difficile de soutenir que la croissance économique qu'il engendra était fondée sur le «progrès technique». Le système capitaliste a fait l'objet de nombreuses définitions.

Les économistes classiques ont bien mis en valeur le principe moteur de ce système, l'accumulation du capital, c'est-à-dire la ~onversion systématique des profits ên investissements matériels et humains.

L'accumulation du capital permet croissance.

Elle intervient dans le cadre d'une économie de marché caractérisée par la décentralisation des décisions économiques.

Le «marché» apparaît comme un système économique d'allocation efficace des ressources. La concurrence crée les conditions d'une sélection des investissements.

Les investissements sélectionnés sont alors ceux qui génèrent les «innovations». Comme l'écrit F.

Perroux : «Pour que l'accumulation du capital conserve sa fécondit~, il faut donc, dans le train accoutumé de la vie, qu'elle se combine à l'innovation.» Dans le cadre du système capitaliste, l'innovation «retenue» est celle qui génère un profit pour les firmes.

Toutes les analyses convergent donc pour faire du système capitaliste un système économique de mobilisation des ressources matérielles ·et humaines.

Mais ce processus de « destruction créatrice», selon l'expression devenue célèbre de J.

Schumpeter, donne lieu à des jugements normatifs différents ou opposés quant à ses finalités.

Ainsi le processus de concurrence indissociable de l'économie capitaliste de marché devient pour F.

Hayek: «le meilleur moyen de guider les efforts individuels». Mais il conduit, à terme, pour K.

Marx, à une dévalorisation des activités humaines puisque «la guerre de la concurrence se fait à coups de bas prix» et que la société risque d'être submergée par «les eaux ~lacées du calcul égoïste», Il en est de même pour le profit, régulateur permettant le calcul économique et/ ou expression de l'exploitation des travailleurs. L'accumulation du capital s'est, en grande partie, opérée depuis la Première Révolution industrielle dans l'industrie.

Cependant, la tertiarisation des économies et des sociétés développées introduit une nouvelle donne économique et sociale. ra· 1.1.3.

Croissance, développement et interventions de l'État Peut-on parvenir à maîtriser la dynamique du capitalisme de marché? La notion de «développement» est une première réponse à cette question.

La définition du développement par F.

Perroux comme «la combinaison· des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rendent apte à faire croître cumulativement et durablement, son produit réel global» exprime cette volonté d'imposer des finalités sociales aux forces économiques.

Par ailleurs, la distinction entre croissance et développement invite à s'interroger sur ce que peut signifier une croissance sans développement.

Cette réflexion, alimentée par les expériences sur un demi-siècle de «mal-développement» ·mais aussi de réel développement, débouche sur le «paradigme du développement humain», proposé par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement humain) en 1995.

Quatre priorités sont dégagées : la productivité, la justice sociale, la «durabilité» - le développement doit anticiper les effets de la croissance économique sur les générations futures et le fait que les individus doivent être les acteurs de leurs vies. Ces définitions démontrent l'importance du politique, et donc de l'État.

Le politique a pris la forme historique, au xrxe siècle, de l'État-nation avec l' avènement du capitalisme industriel en Europe.

Depuis cette période, les interventions des États dans les économies capitalistes de marché se sont beaucoup développées.

De nombreuses expressions ont tenté de définir cette nouvelle phase de l'évolution de ces économies: «économie mixte», «capitalisme monopoliste d'État», «État circonscrit», entre autres.

Il est en effet difficile de soutenir que le marché correspond au modèle idéal décrit par la théorie.

Les différents marchés sont structurés selon des rapports de forces qui nécessitent des arbitrages que l'on peut qualifier, de façon schématique, d'arbitrages poHtiques. 1.2.

Des indicateurs traditionnels à l'IDH Les indicateurs économiques privilégiés demeurent le Produit National Brut (PNB) et le Produit Intérieur Brut (PIB) et, plus particulièrement, le PNB par tête et le PIB par tête.

Ces indicateurs, bien que couramment utilisés, peuvent être critiqués.

Les moyennes masquent les écarts.

Certaines activités sont mal ou sous-évaluées.

Les dimensions sociales et environnementales de la croissance et du développement sont en grande partie occultées. C'est pour répondre à ces critiques que le PNUD élabore, au début des années quatre-vingt-dix, l'«indice de développement humain» (IDH).

Cet indice, qui est une moyenne pondérée du revenu par habitant, del' espérance de vie et du niveau de scolarisation, suscite lui aussi autant de questions qu'il apporte de réponses.

Certaines dimensions importantes du développement sont ignorées.

Les changements structurels, permettant une croissance et un développement auto-entretenus, ne sont pas pris en compte. Le critère de l'exportation de produits manufacturés est très souvent utilisé pour évaluer le niveau de développement économique d'un pays.

Il doit être toutefois associé à l'analyse de la diversification de l'appareil productif indispensable pour échapper à la situation de dépendance des «pays-ateliers». Il faut aussi tenir compte de l'émergence de classes moyennes, qui créent les conditions d'un marché intérieur, générateur d'économies d'échelle.

Elles sont les acteurs décisifs d'un processus d'accumulation sous la forme d'actifs physiques, financiers et «humains», ces derniers désignant le savoir et la compétence acquis par la formation. 1.3.

Les grandes tendances 1.3.1.

L'analyse de N.

Kaldor: six faits majeurs N.

Kaldor, dans The theory of Capital (1961), met en évidence six faits stylisés majeurs observables sur le long terme : - la production par tête croît de façon relativement régulière, le taux de croissance de la production demeure différent d'un pays à l'autre, le capital physique par tête augmente lui.aussi régulièrement, le taux de rendement du capital est stable en moyenne et sur le long terme, le coefficient de capital, rapport du capital à la production, est lui aussi relativement stable sur le long terme, il en est de même pour la répartition des revenus entre.... »

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